Arrêté du 28 janvier 1797 des autorités coloniales interdisant le Vodou en Haïti

Vèvè Papa Legba - Crédit : Wikipédia

Bulletin officiel de Saint-Domingue du 9 pluviôse (28 janvier 1797)

Extrait du registre des délibérations de la commission déléguée par le Gouvernement Français aux Isles sous le vent

La commission, informée que des rassemblements dangereux, connus sous le nom de Vaudou, continuent malgré les défenses qui avaient été faites par les autorités constituées ;

Considérant que cette danse semble avoir pour but de rappeler des idées dangereuses sous un gouvernement républicain ;

Considérant que des hommes perfides peuvent, sous prétexte d’un amusement innocent en apparence, abuser de la bonne foi des citoyens qui s’y livrent sans mauvaise intention ;

Considérant que la danse connue sous le nom de Vaudou est également contraire à la morale, aux institutions républicaines, à la décence et même à la santé des acteurs de ces scènes scandaleuses ; que des serments affreux, dont l’accomplissement peut compromettre la sureté publique, sont prêtés entre les mains de ceux qui président à ces orgies aussi effrayantes que ridicules, auxquelles des prostitutions succèdent toujours ; que ces infamies se passent sous les yeux des jeunes gens et même des enfants, qu’on a pas honte d’admettre à un spectacle aussi dégoutant que pernicieux pour leur éducation ;

La commission a arrêté et arrête ce qui suit :
Art. 1. Les rassemblements connus sous le nom de danse du Vaudou sont sévèrement défendus.
Art. 2. Tout citoyen qui sera surpris dans ces sortes de danses, sera arrêté et puni d’un mois de prison.
Art. 3. Les individus qui auront permis que leurs maisons servent à de semblables rassemblements, les chefs qui les présideront seront arrêtés, punis de trois mois de prison et de cent livres d’amende.
Art. 4. Les autorités civiles et militaires de la colonie sont chargées de tenir la main à l’exécution du présent arrêté, tant dans les villes que dans les campagnes.

Le présent arrêté sera imprimé, envoyé à toutes les autorités civiles et militaires, transcrit sur les registres des corps administratifs, affiché partout où besoin sera.
 
Fait au Cap, le 1er Frimaire, l’an cinquième de la République française une et indivisible.

Signé, au registre des procès-verbaux, Leblanc, président ; Sonthonax, Raimond, commissaires, Pascal, secrétaire général.

Source : Les Marrons de la Liberté de Jean Fouchard.
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