Proclamation du général Charles Leclerc après l'arrestation et la déportation du général Toussaint Louverture pour justifier ses actions


Au quartier-général du Cap, le 22 prairial an X (11 juin 1802).
Le général en chef, capitaine-général de la colonie de Saint-Domingue,
Aux habitans de Saint-Domingue.
Citoyens,

Toussaint conspirait ; vous en jugerez par une lettre ci-jointe adressée au citoyen Fontaine. Je n’ai pas dû compromettre la tranquillité de la colonie. Je l’ai fait arrêter, embarquer, et je l’envoie en France, où il rendra compte de sa conduite au gouvernement français. Dans une autre lettre adressée au citoyen Fontaine, il s’emporte en invectives contre le général Christophe, et il se plaint que le général Dessalines l’a abandonné.

Il avait défendu à Sylla de mettre bas les armes, et aux cultivateurs de ne travailler à d’autres plantations qu’à celles de leurs vivres.

Il avait envoyé un de ses complices au général Dessalines, pour l’engager à ne pas se soumettre de bonne foi : le général Dessalines me l’a déclaré.

Il comptait beaucoup, à Saint-Marc, sur Manisset : il est arrêté.

J’ai sévi contre ce grand coupable, et j’ordonne aux généraux de division de l’armée de faire rentrer de vive force, tous les cultivateurs qui sont encore en armes dans les campagnes.

Les cultivateurs ne sont pas les plus coupables : ce sont ceux qui les égarent. En conséquence, tout commandant de garde nationale, tout officier, tout gérant ou propriétaire qui sera trouvé dans un rassemblement armé, sera fusillé de suite.

Quant à la commune d’Ennery, j’ordonne qu’elle soit désarmée sur-le-champ, pour avoir été si longtemps à se soumettre.

Le général Brunet fera de suite exécuter cet ordre.

Le chef de l’état-major fera imprimer, publier et afficher le présent ordre avec la lettre du général Toussaint, et l’enverra de suite à toute l’armée et dans toute la colonie,

Leclerc.

Source : Études sur l'Histoire d'Haïti (Beaubrun Ardouin)

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