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LETTRE

AUX CITOYENS DE COULEUR
ET NÈGRES LIBRES
DE SAINT-DOMINGUE
ET DES AUTRES ISLES FRANÇOISES
DE L’AMÉRIQUE

Par M. GRÉGOIRE, Député à l’Assemblée Nationale, Évêque du Département de Loir et Cher.

AMIS,

Vous étiez hommes, vous êtes citoyens et réintégrés dans la plénitude de vos droits, vous participerez désormais à la souveraineté du peuple. Le décret que l’assemblée nationale vient de rendre à votre égard, sur cet objet, n’est point une grâce, car une grâce est un privilège, un privilège est une injustice ; et ces mots ne doivent plus souiller le code des François. En vous assurant l’exercice des droits politiques, nous avons acquitté une dette ; y manquer eût été un crime de notre part et une tache à la constitution. Les législateurs d’une nation libre pouvoient-ils faire moins pour vous que nos anciens despotes ?

Il y a plus d’un siècle que Louis XIV avoit solemnellement reconnu et proclamé vos droits ; mais ce patrimoine sacré avoit été envahi par l’orgueil et la cupidité qui, graduellement, agravoient votre joug et empoisonnoient votre existence. La résurrection de l’empire François ouvrit vos cœurs à l’espérance, et ce rayon consolateur adoucit l’amertume de vos maux. À peine les soupçonnoit-on en Europe ; les colons blancs, qui siégeoient parmi nous, se plaignoient très-vivement de la tyrannie ministérielle ; mais ils n’avoient garde de parler de la leur. Jamais ils n’articuloient les plaintes des malheureux sang-mêlés, qui toutefois sont leurs enfans ; et c’est nous qui, à deux mille lieues de distance, avons été contraints de défendre les enfans contre le mépris, l’acharnement, contre la cruauté de leurs pères. Mais vainement on a tenté d’étouffer vos réclamations ; vos soupirs, malgré l’étendue des mers qui nous séparent, vos maux ont retenti dans le cœur des François d’Europe, car ceux-ci ont un cœur.

Dieu, dans sa tendresse, embrasse tous les hommes ; son amour n’admet de différence que celle qui résulte de l’étendue de leurs vertus ; la loi qui doit être une émanation de l’éternelle justice, pourroit-elle consacrer une prédilection coupable, et la patrie, qui surveille tous les membres de la grande famille y pourroit-elle être la mère des uns, la marâtre des autres ?

Non, messieurs, vous ne pouviez échapper à la sollicitude de l’assemblée nationale. En déroulant aux yeux de l’univers la grande charte de la nature, elle y a retrouvé vos titres : on avoit tenté de les faire disparoitre ; heureusement les caractères en étoient ineffaçables, comme l’empreinte sacrée de la divinité gravée sur vos fronts.

Déjà le 28 mars 1790, dans son instruction pour les colonies, l’assemblée nationale avoit compris sous une dénomination commune et les blancs et les sangs-mêlés. Vos ennemis ont voulu faire mentir le papier, en imprimant le contraire ; mais il est incontestable que quand alors je demandai que nominativement vous y fussiez compris, une foule de députés, dont plusieurs planteurs, s’empressèrent de crier que l’article vous enveloppoit dans sa généralité ; et M. Barnave lui même, qui me l’avoit dit, cédant à mes interpellations multipliées, vient enfin d’en faire l’aveu à la face de l’assemblée. N’avois-je pas raison de craindre qu’une interprétation perverse ne travestit nos décrets ? Des vexations nouvelles, à votre égard, et vos maux portés à leur comble, n’ont que trop justifié mes appréhensions. Les lettres que j’ai reçues de vous à ce sujet ont fait couler mes larmes. La postérité s’étonnera, s’indignera peut-être que pendant cinq jours consécutifs on ait débattu votre cause, dont la justice est portée à l’évidence. Hélas ! quand l’humanité est réduite à lutter contre la vanité et le préjugé, son triomphe est une pénible conquête !

Depuis long-temps la société des amis des noirs s’occupoit des moyens d’adoucir votre sort et celui des esclaves ; il est difficile, impossible peut-être, de faire impunément le bien, et son zèle respectable lui a mérité bien des outrages, Des hommes vils se cachoient sous l’anonyme, pour lancer sur elle leur venin ; et dans d’impudens libelles, ils ne cessoient de répéter des objections et des calomnies cent fois pulvérisées. Que de fois, les pervers, ils nous ont accusés d’être vendus aux Anglois, soudoyés contre la France, par les Anglois, de vous avoir adressé des lettres incendiaires et envoyé des armes ! Vous le savez, mes amis, combien elles sont lâches et atroces, ces impostures, nous qui vous avons prêché sans cesse l’attachement à la mère-patrie, la résignation, la patience, en attendant le réveil de la justice. Rien n’a pu attiédir notre zèle ni celui de vos frères sang-mêlés qui sont à Paris. M. Raimond, sur-tout, s’est voué d’une manière héroïque à votre défense. Avec quel transport vous eussiez vu ce citoyen distingué, à la barre de l’assemblée nationale, dont il mérite d’être membre, présenter le tableau déchirant de vos malheurs, et réclamer énergiquement vos droits ! Si l’assemblée les eût sacrifiés, elle eût flétri sa gloire. Le devoir lui commandoit de décréter avec justice, de s’expliquer avec clarté, de faire exécuter avec fermeté, elle l’a fait ; et si (ce qu’à Dieu ne plaise) quelque événement caché dans le sein de l’avenir, nous arrachoit nos colonies, ne vaudroit-il pas mieux avoir une perte à déplorer, qu’une injustice à nous reprocher.

Citoyens, relevez vos fronts humiliés ; à la dignité d’hommes, associez le courage, la fierté d’un peuple libre : le 15 mai, jour où vous avez reconquis vos droits, doit être à jamais mémorable pour vous et vos enfans. Cette époque réveillera périodiquement en vous les sentimens de la gratitude envers l’Être suprême, et puissent alors vos accens frapper la voûte des Cieux vers lesquels s’éléveront vos mains reconnoissantes !

Enfin vous avez une patrie, désormais vous ne verrez au-dessus de vous que la loi ; l’avantage de concourir à sa création vous assurera le droit imprescriptible de tous les peuples, celui de n’obéir qu’à vous-mêmes.

Vous avez une patrie, et sans doute elle ne sera plus une terre d’exil, dans laquelle vous ne rencontriez que des maîtres et des compagnons de malheur ; ceux-là distribuant, ceux-ci recueillant le mépris et les outrages. Les sanglots de votre douleur étoient punis comme des cris de rébellion ; placés entre les poignards et la mort, ces contrées malheureuses furent souvent imbibées de vos larmes, quelquefois teintes de votre sang.

Vous avez une patrie, et sans doute le bonheur luira sur les lieux qui vous ont vu naître ; alors vous goûterez en paix les fruits des champs que vous aurez cultivés sans trouble ; alors sera comblé l’intervalle qui, plaçant à grande distance les uns des autres les enfans d’un même père, étouffoit la voix de la nature et brisoit les liens de la fraternité ; alors les chastes douceurs de l’union conjugale remplaceront les sales explosions de la débauche, qui insultoit à la majesté des mœurs.

Et par quel étrange renversement de raison étoit-il honteux à un blanc d’épouser une femme de couleur, tandis qu’il n’étoit pas déshonorant de vivre avec elle dans un libertinage grossier ? Plus l’homme est dénué de vertus, plus il cherche à s’entourer de distinctions frivoles ; et quelle absurdité, de vouloir fonder un mérite sur les nuances de la peau, sur les teintes plus ou moins rembrunies du visage ! L’homme qui pense rougit quelquefois d’être homme, quand il voit ses semblables aveuglés par un tel délire ; mais comme malheureusement l’orgueil est la passion la plus tenace, le règne du préjugé se prolonge ; car l’homme semble ne devoir atteindre la vérité qu’après avoir épuisé toutes les chances de l’erreur.

Il n’existe point dans nos colonies orientales, ce préjugé contre lequel elles ont réclamé par l’organe de MM. Monneron. Rien de plus touchant que l’éloge des gens de couleur, tel que l’ont consigné les habitans de cette partie du monde dans leurs instructions pour leurs députés à l’assemblée nationale. L’académie des sciences de Paris s’honore de compter au nombre de ses correspondans un mulâtre de l’Ile de France ; parmi nous, un nègre estimé est administrateur du district de Saint Hypolite, dans le département du Gard. Nous ne croyons pas que la différence de la peau puisse établir des droits différens entre les membres de la société politique ; aussi vous ne trouverez pas ces orgueilleuses petitesses dans nos braves gardes nationales, qui veulent aller en Amérique assurer l’exécution de nos décrets. Pénétrés des sentimens louables qu’a manifestés la ville de Bordeaux, ils vous diront avec elle, que le décret relatif aux gens de couleur, rédigé sous les auspices de la prudence et de la sagesse, est un hommage à la raison et à la justice ; que les députés des colonies ont calomnié vos intentions et celle du commerce. Elle est bien étrange, la conduite de ces mandataires, sollicitant ardemment à Versailles leur admission dans l’assemblée, jurant avec nous, au jeu de paume, de ne pas nous quitter que quand la constitution seroit achevée, et nous déclarant ensuite, après le décret du 15 mai dernier, qu’ils ne peuvent plus siéger parmi nous. Cette désertion est un abandon des principes et une brèche à la religion du serment.

Déjà les colons blancs qui sont dignes d’être François, s’empressent d’abjurer des préventions ridicules, pour ne voir en vous que des frères et des amis. Avec quelle douce émotion nous citons ces paroles des citoyens actifs de Jacmel : « Nous vouant à suivre sans restriction les décrets de l’assemblée nationale sur notre constitution présente et à venir, et nous conformer à ceux qui pourroient en changer la substance ». Les citoyens du Port-au-Prince disent à l’assemblée nationale les mêmes choses en d’autres termes : « Daignez, messieurs ; recevoir le serment que la municipalité prête entre vos mains, au nom de la commune du Port-au-Prince, de respecter et exécuter ponctuellement tous vos décrets, et de ne jamais s’en écarter, sous quelque prétexte que ce puisse être".

Ainsi la philosophie agrandit son horizon dans le Nouveau-Monde, et bientôt d’absurdes préjugés n’auront plus pour sectateurs que quelques tyrans subalternes, qui voudroient perpétuer en Amérique le règne du despotisme écrasé en France. Et qu’eussent-ils dit, si les gens de couleur avoient tenté d’arracher aux blancs la jouissance des avantages politiques ? Avec quelle force ils eussent réclamé contre cette vexation ! Ils écument de rage de voir qu’on vous ait révélé et rendu vos droits. Par l’espoir de consoler leur orgueil irrité, peut-être ils s’épuiseront en efforts pour faire échouer le succès de nos décrets ; ils tenteront une secousse qui, arrachant les colonies à la mère-patrie, leur facilite les moyens d’échapper à leurs créanciers. Ils n’ont cessé de semer la terreur, de dire qu’un acte de justice à votre égard ébranleroit Saint-Domingue. Dans cette assertion, nous n’avons vu que mensonge ; nous aimons à croire qu’au contraire le décret va serrer les nœuds qui vous unissent à la métropole. Le patriotisme éclairant votre intérêt et vos affections, c’est encore vers la métropole que vous dirigerez vos opérations commerciales, et les tributs mutuels de l’industrie établiront entre la France et ses colonies un échange constant de fortune et de sentimens fraternels. Si vous étiez infidèles à la France, vous seriez les plus vils et les plus méchans des hommes. Non, généreux citoyens, vous ne serez point traîtres à la patrie ; cette idée seule vous pénètre d’horreur ; ralliés avec tous les bons François sous les drapeaux de la liberté, vous défendrez notre sublime constitution, Un jour des députés de couleur franchiront l’Océan pour venir siéger dans la diète nationale, et jurer avec nous de vivre et de mourir sous nos lois. Un jour le soleil n’éclairera parmi vous que des hommes libres ; les rayons de l’astre qui répand la lumière ne tomberont plus sur des fers et des esclaves. L’assemblée nationale n’a point encore associé ces derniers à votre sort, parce que les droits des citoyens, concédés brusquement à ceux qui n’en connoissent pas les devoirs, seroient peut-être pour eux un présent funeste ; mais n’oubliez pas que, comme vous, ils naissent et demeurent libres et égaux. Il est dans la marche irrésistible des événemens, dans la progression des lumières que tous les peuples dépossédés du domaine de la liberté récupèrent enfin cette propriété inamissible.

On vous reproche, plus qu’aux blancs, de la dureté envers les nègres ; mais, hélas ! on a répandu tant d’impostures contre vous, que prudemment nous devons élever des doutes sur cette accusation : si cependant elle étoit fondée, agissez de manière qu’au plutôt une médisance devienne une calomnie.

Vos oppresseurs ont souvent repoussé loin des esclaves les lumières du christianisme, parce que la religion de la douceur, de l’égalité, de la liberté, ne convenoit point a la férocité de ces hommes de sang. Que votre conduite contraste entièrement avec la leur. Charité est le cri de l’évangile, vos pasteurs le feront retentir au milieu de vous ; ouvrez vos cœurs à cette morale divine dont ils sont les organes. Nous avons allégé vos peines, allégez celle de ces malheureuses victimes de l’avarice qui arrosent vos champs de leurs sueurs et souvent de leurs larmes ; que l’existence ne soit plus pour les esclaves un supplice ; par vos bienfaits à leur égard, expiez les crimes de l’Europe. En les amenant progressivement à la liberté, vous accomplirez un devoir, vous vous préparerez des souvenirs consolateurs, vous honorerez l’humanité, vous assurerez la prospérité des colonies. Telle sera votre conduite envers vos frères les nègres : mais que devez-vous faire à l’égard de vos pères les blancs ? Sans doute il vous sera permis de verser des pleurs sur les cendres de Ferrand de Baudière, de cet infortuné Ogé, légalement assassiné, et mourant sur la roue, pour avoir voulu être libre ; mais périsse celui d’entre vous qui oseroit concevoir contre vos persécuteurs des projets de vengeance. D’ailleurs, ne sont-ils pas livrés à leurs remords et couverts d’un éternel opprobre ? L’exécration contemporaine ne devancera-t-elle pas à leur égard l’exécration de la postérité ? Ensevelissez dans un oubli profond tous les ressentimens de la haine, goûtez le plaisir délicieux de faire du bien à vos oppresseurs, et même réprimez les élans trop marqués d’une joie qui, en rappelant leurs torts, aiguiseroit contre eux la pointe du repentir.

Religieusement soumis aux lois, inspirez-en l’amour à vos enfans ; qu’une éducation soignée développant leurs facultés morales, prépare à la génération qui vous succédera des citoyens vertueux, des hommes publics, des défenseurs de la patrie.

Comme leurs cœurs seront émus, quand les conduisant sur vos rivages, vous dirigerez leurs regards vers la France, en leur disant : Par-delà ces parages est la mère-patrie : c’est de là que sont arrivés chez nous la liberté, la justice et le bonheur ; là sont nos concitoyens, nos frères et nos amis ; nous leur avons juré une amitié éternelle. Héritiers de nos sentimens, de nos affections, que vos cœurs et vos bouches répètent nos sermens ; vivez pour les aimer, et s’il le faut, mourez pour les défendre.

                Signé GRÉGOIRE.

                Paris, ce 8 juin 1791

Source : Wikisource


AU PEUPLE ET A L'ARMÉE
Haïtiens,

À la faveur d'intrigues infâmes et de louches manœuvres, le gouvernement espagnol, trompé et séduit par le général Santana, qui dirige les destinées de nos frères de l'Est de l'île, a hissé son drapeau sur les murs de Santo-Domingo. Vous savez que ce drapeau autorise et protège l'esclavage des fils d'Afrique. À Cuba et à Porto-Rico croupissent, désespérés, sous la tyrannie d'un maître cruel, des millions de nos frères et de nos concitoyens que l'on considère plus vils et plus misérables que les bêtes des champs et que l'on maltraite sans pitié à l'ombre de ce pavillon avili qui, en flottant à Santo-Domingo, nous donne le présage de la fin de notre liberté.

Haïtiens !

Consentirez-vous que votre liberté se perde et que vous soyez réduits à l'esclavage ?

Aujourd'hui, en plein XIXe siècle, quand l'Italie, la Hongrie et la Pologne, peuples opprimés par un régime moins terrible encore que celui que l'Espagne impose à nos frères de ses colonies, luttent pour s'émanciper et conquérir leur indépendance, pourriez-vous consentir que s'enracine sur notre sol l'autorité d'un gouvernement étranger décidé à conspirer contre notre liberté et à la détruire par la violence et par l'astuce ?

Non ! vous ne souffrirez jamais une telle ignominie. La Patrie est en danger, notre nationalité menacée, notre liberté compromise.

Aux armes, Haïtiens ! Courons aux armes pour repousser les hordes envahisseuses. Que votre consigne soit cette phrase immortelle qui servit de devise aux fondateurs de notre République : La liberté ou la mort. Repoussons la force par la force !

N'hésitons devant aucun sacrifice, ne reculons devant aucun obstacle. Tous les moyens sont bons quand on s'applique à défendre la liberté. Même si nous arrivions à voir notre peuple réduit à des monceaux de ruines et le pays entier converti en un immense sépulcre, nous combattrons sans trêve ni quartier. Dieu fera triompher les Haïtiens.

Même si le dernier des nôtres avait exhalé son dernier soupir, l'Espagne ne parviendrait nullement à ses fins parce que ni l'Europe ni l'Amérique ne consentiront jamais que soit plantée sa bannière abhorrée sur le sol de notre chère patrie.

À la lutte ! Il faut que s'achève la domination de l'Espagne en Amérique. Nous l'expulserons de Santo-Domingo, et cette déroute sera le précurseur de son expulsion définitive du golfe du Mexique.

L'Espagne aspire à détruire notre nationalité et ne sait pas qu'elle creuse sa propre tombe. L'avenir justifiera cette prédiction.

Aux armes, Haïtiens ! Marchons aux combats et ne laissons tomber nos armes de nos mains jusqu'à ce que l'autorité espagnole disparaisse du territoire d'Haïti. Si le sort nous était défavorable, agissons de telle sorte que l'étendard espagnol ne flotte que sur nos cendres et nos cadavres.

L'Histoire et la postérité applaudiront à notre héroïsme. Les nations civilisées vengeront notre déroute et notre ruine.

       Donné au Palais National du Port-au-Prince, le 18 avril 1861. 

       Fabre GEFFRARD


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TRADUCCIÓN NO OFICIAL AL CASTELLANO

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AL PUEBLO Y AL EJÉRCITO

Haitianos,

Gracias a infames intrigas y turbias maniobras, el gobierno español, engañado y seducido por el general Santana, que dirige los destinos de nuestros hermanos del este de la isla, ha izado su bandera en los muros de Santo-Domingo. Ustedes saben que esa bandera autoriza y protege la esclavitud de los hijos de África. En Cuba y Puerto Rico, millones de nuestros hermanos y conciudadanos languidecen desesperados bajo la tiranía de un amo cruel, son considerados más viles y miserables que las bestias del campo y son maltratados sin piedad a la sombra de esta bandera envilecida que, mientras ondea en Santo Domingo, es un presagio del fin de nuestra libertad.

¡Haitianos!

¿Permitiréis que se pierda vuestra libertad y que os reduzcan a la esclavitud?

Hoy, en pleno siglo XIX, cuando Italia, Hungría y Polonia, pueblos oprimidos por un régimen aún menos terrible que el impuesto por España a nuestros hermanos de sus colonias, luchan por emanciparse y conquistar su independencia, ¿podríais consentir que se arraigue en nuestro suelo la autoridad de un gobierno extranjero, decidido a conspirar contra nuestra libertad y a destruirla mediante la violencia y la astucia?

No, jamás sufriréis semejante ignominia. Nuestro país está en peligro, nuestra nacionalidad amenazada, nuestra Libertad comprometida.

¡A las armas, haitianos! Corramos a las armas para repeler a las hordas invasoras. Que vuestro lema sea la frase inmortal que sirvió de divisa a los fundadores de nuestra República: Libertad o muerte. ¡Repelamos la fuerza con la fuerza!

No vacilemos ante ningún sacrificio, no nos acobardemos ante ningún obstáculo. Todos los medios son buenos cuando se trata de defender la libertad. Aunque veamos a nuestro pueblo reducido a montones de ruinas y a todo el país convertido en una inmensa tumba, lucharemos sin tregua ni cuartel. Dios hará triunfar a los haitianos.

Aunque el último de nuestro pueblo hubiera exhalado su último suspiro, España nunca triunfaría, porque ni Europa ni América permitirían jamás que su aborrecida bandera se plantara en el suelo de nuestra amada patria.

¡A la lucha! La dominación de España sobre América debe terminar. La expulsaremos de Santo Domingo, y esta derrota será precursora de su expulsión definitiva del Golfo de México.

España aspira a destruir nuestra nacionalidad y no sabe que está cavando su propia tumba. El futuro justificará esta predicción.

¡A las armas, haitianos! Marchemos a la batalla y no dejemos que nuestras armas caigan de nuestras manos hasta que el dominio español desaparezca del territorio haitiano. Si el destino nos juega una mala pasada, actuemos de tal manera que la bandera española ondee sólo sobre nuestras cenizas y nuestros cadáveres.

La historia y la posteridad aplaudirán nuestro heroísmo. Las naciones civilizadas vengarán nuestra derrota y nuestra ruina.

       Pronunciado en el Palacio Nacional de Puerto Príncipe, el 18 de abril de 1861. 


       Fabre GEFFRARD 

Fabre Geffrard, président d'Haïti - Crédit : hoy.com.do


Fabre Geffrard
Président d'Haïti

Le général Santana, consommant l'attentat qu'il a longtemps prémédité, a fait arborer le drapeau espagnol sur le territoire de l'Est d'Haïti. Des actes émanés de ce général, déclarant ce fait, et une note en date du 6 avril de cette année, du Consulat de S.M. Catholique en Haïti, l'a notifié au gouvernement haïtien.

Certes, le gouvernement d'Haïti ne pouvait s'attendre à ce dénouement.

Les relations amicales que la Cour de Madrid avait nouées avec lui depuis peu d'années en accréditant des Consuls auprès de lui, ne l'y préparaient pas, et si, sur les conseils des puissances médiatrices, il s'était empressé d'accorder aux Dominicains une trêve de cinq années, ce n'était pas sans doute pour que ce dénouement fut préparé à l'ombre de cette trêve et de la loyale médiation de la France et de l'Angleterre.

De quel droit l'Espagne prendrait-elle aujourd'hui possession de la partie de l'Est ? Cette province n'avait-elle pas cessé entièrement et, depuis de longues années, d'être sa colonie ? N'a-t-elle pas accepté en fait pendant près d'un quart de siècle l'incorporation volontaire de la partie de l'Est à la République d'Haïti ? En dernier lieu, n'a-t-elle pas reconnu l'indépendance de la République dominicaine et n'a-t-elle pas traité avec elle d'État à État ? L'Espagne n'a donc plus aujourd'hui aucun droit sur la partie orientale d'Haïti, elle n'a pas plus de droit sur ce territoire qu'en pourrait avoir la France ou l'Angleterre, et la prise de possession de l'Est par l'Espagne est un fait aussi énorme que si elle eut été effectuée par la France ou l'Angleterre. S'il fallait admettre que l'Espagne eut encore des droits sur la République dominicaine, il faudrait admettre qu'elle en a encore sur le Mexique, sur la Colombie, sur le Pérou, enfin sur toutes les Républiques indépendantes de l'Amérique qui sont d'origine espagnole.

Et de quel droit de leur côté le général Santana et sa faction, livrent-ils à l'Espagne le territoire dominicain ?

C'est la volonté des populations, disent-ils.

Affirmation mensongère.

Ces populations tremblantes sous le régime de terreur organisé par le général Santana ne peuvent manifester aucun vœu libre. Nombre de citoyens honorables, éclairés, de patriotes dévoués de la République dominicaine jetés hors de leur patrie par le général Santana protestent de toute leur énergie contre cette aliénation de cette patrie qu'ils qualifient de lâche trahison.

Nul ne contestera qu'Haïti n'ait un intérêt majeur à ce qu'aucune puissance étrangère ne s'établisse dans la partie de l'Est.

Du moment que deux peuples habitent une même île, leurs destinées, par rapport aux tentatives de l'étranger, sont nécessairement solidaires. L'existence de l'un est intimement liée à celle de l'autre et ils sont tenus de se garantir l'un à l'autre leur mutuelle sécurité.

Supposez qu'il fût possible que l'Écosse passât tout à coup, soit sous la domination russe, soit sous la domination française, dira-t-on que l'existence de l'Angleterre n'en serait pas sur-le-champ profondément compromise ?

Tels sont les liens nécessaires qui unissent les deux parties orientale et occidentale d'Haïti. Tels sont les puissants motifs pour lesquels toutes nos Constitutions depuis notre origine politique ont constamment déclaré que l'île entière d'Haïti ne formerait qu'un seul État. Et ce n'était point une ambition de conquête qui dictait cette déclaration, c'était uniquement ce sentiment profond de notre sûreté, car les fondateurs de notre jeune société déclaraient en même temps qu'Haïti s'interdisait toute entreprise qui pourrait troubler le régime intérieur des îles voisines.

Le gouvernement haïtien comprenant mieux les conditions de l'indépendance et de la sûreté des nations a donc voulu former avec la population dominicaine un État homogène. Pendant vingt-deux ans, cette grande vue s'est réalisée par la libre et propre volonté des populations de l'Est. Les deux peuples se sont mêlés, ont vécu de la même vie politique et sociale, n'ont formé qu'un seul et même État, et l'administration de cette moitié de la patrie coûta pendant vingt-deux ans de grands sacrifices pécuniaires au gouvernement haïtien.

Si le peuple de l'Est a opéré une scission en 1844, jamais son but ne fut autre que de revendiquer sa propre autonomie. Au gouvernement unitaire, il voulut substituer, par un sentiment ombrageux de sa liberté, deux gouvernements distincts, sans méconnaître d'ailleurs le lien intime et la communauté des intérêts des deux populations. La scission de l'Est n'a jamais été au fond qu'une querelle sur la forme du gouvernement. Jamais les populations si jalouses de leur liberté n'ont entendu se livrer à une domination étrangère, comme aussi le gouvernement haïtien ne consentira jamais qu'à cette autonomie, objet de leurs vœux ardents, afin de mieux sauvegarder les intérêts communs de l'indépendance commune des deux peuples.

Le gouvernement d'Haïti déclare donc protester solennellement et en face de l'Europe et de l'Amérique contre toute occupation par l'Espagne du territoire dominicain, il déclare que la faction Santana n'a aucun droit d'aliéner, à un titre quelconque, ce territoire, qu'il ne reconnaîtra jamais une telle cession, qu'il fait hautement toutes réserves à cet égard, comme il se réserve l'emploi de tous les moyens qui, selon les circonstances, pourraient être propres à sauvegarder et à garantir son plus précieux intérêt.
Fait au Palais national de Port-au-Prince, le 6 avril 1861, an 58e de l'Indépendance.

            (Signé) : GEFFRARD.

                        Par le président :

                        Le secrétaire d'État, président du Conseil J. Paul.

                        Le secrétaire d'État de la Guerre et de la Marine : T. Déjoie.

                        Le secrétaire d'État de la Justice et des Cultes : F. E. Dubois.

                        Le secrétaire d'État de l'Intérieur et de l'Agriculture : F. Jean Joseph.

                        Le secrétaire d'État des Finances, du Commerce et des Relations extérieures :

                        V. Plésance.

                        Le secrétaire d'État de la Police générale : Joseph Lamothe.


Source : Le Moniteur haïtien du 6 avril 1861 



Annonce de la création de l'Académie de Port-au-Prince, lointain ancêtre de l'Université d'État d'Haïti en 1823, dans le journal Le Télégraphe.

Désireux de travailler autant qu'il est en son pouvoir, au bonheur de la République, S. Ex. le président d’Haïti à donner les ordres nécessaires pour l'institution d'une académie dans la ville du Port-au-Prince.

Cette académie, sous la direction de M. Pescay et sous la surveillance simultanée de l'inspecteur en chef du service de santé de ladite ville. Elle embrassera l'étude de la médecine, du droit, de la littérature, des premiers éléments de l'astronomie, et cetera, etc. etc. ect. Les parens qui désireraient faire suivre à leur fils l'un de ces cours sont invités à communiquer leurs intentions à la commission d'instruction publique afin de prendre tels arrangements que de droit pour l'admission de leurs enfans. Le public est encore prévenu qu'il ne sera admis à la susdite académie au concours que douze jeunes gens aux frais de la République. L'établissement pourrait en recevoir douze autres aux frais de leurs parens.

Port-au-Prince, le 4 décembre 1823, an 20 de l’Indépendance.

Le Secrétaire-Général, Président de la Commission d’Instruction publique.


B. INGINAC


« Après ces deux lettres, quoique indisposé, je me rendis aux sollicitations de mes fils et d’autres personnes, et partis pendant la nuit même pour voir le général Brunet, accompagné de deux officiers seulement. À 8 heures du soir, j’arrivai chez ce général. Quand il m’eut introduit dans sa chambre, je lui dis que j’avais reçu sa lettre, ainsi que celle du général en chef qui m’invitait à me concerter avec lui, et que je venais pour cet objet ; que je n’avais pas pu emmener mon épouse, suivant ses désirs, parce qu’elle ne sortait jamais, ne voyant aucune société et ne s’occupant uniquement que de ses affaires domestiques ; que si, lorsqu’il serait en tournée, il voulait bien lui faire l’honneur de la visiter, elle le recevrait avec plaisir. 

Je lui observai qu’étant malade, je ne pouvais pas rester longtemps avec lui, que je le priais en conséquence de terminer le plus tôt possible nos affaires, afin de pouvoir m’en retourner. Je lui communiquai la lettre du général Leclerc. 

Après en avoir pris lecture, il me dit qu’il n’avait encore reçu aucun ordre de se concerter avec moi sur l’objet de cette lettre ; il me fit ensuite des excuses sur ce qu’il était obligé de sortir un instant ; il sortit en effet, après avoir appelé un officier pour me tenir compagnie. À peine était-il sorti, qu’un aide de camp du général Leclerc entra accompagné d’un très-grand nombre de grenadiers, qui m’environnèrent, s’emparèrent de moi, me garrottèrent comme un criminel, et me conduisirent abord de la frégate la Créole.

 

Je réclamai la parole du général Brunet et les promesses qu’il m’avait faites, mais inutilement ; je ne le revis plus. Il s’était probablement caché pour se soustraire aux reproches bien mérités que je pouvais lui faire. » 

Source : Extraits des mémoires du Général Toussaint Louverture

Nota : Retrouvez en PDF les mémoires de Toussaint Louverture, général de division et gouverneur général de Saint-Domingue (Haiti) 

Président Elie Lescot


Port-au-Prince, le 23 juin 1941

Nous, ÉLIE LESCOT, Président de la République, recommandons personnellement à la bienveillance des autorités Civiles et Militaires, de la République, le Révérend Père C. Ed. PETERS, Missionnaire de la Compagnie de Marie, et nous approuvons entièrement la mission que R. P. PETERS a entreprise pour combattre le fétichisme et la superstition par des sermons en créole et autres actes de son saint ministère.

Sans qu'aucune violence ne soit employée contre ceux qui exercent des pratiques fétichistes et superstitieuses, nous demandons aux autorités Civiles et Militaires d'apporter leurs concours le plus complet au Révérend Père C. Ed. PETERS

Source: Damien François, Le vodou haïtien persécuté, la campagne renos de 1941-1942, imprimerie Manoirante, 2010.


Louis XV, Roi de France et de Navarre

LETTRE DU ROI AUX ADMINISTRATEURS POUR ÉTABLIR AU PORT-AU-PRINCE LA CAPITALE DES ÎLES SOUS LE VENT


Du 26 novembre 1749


Mons. le Chevalier de Conflans et Mons. Maillart. Les représentations qui m'ont été faites sur les inconvénients qui se trouvent dans l'établissement du Fort Royal de Petit-Goave, surtout par rapport au mauvais air, m'ayant fait connoitre que ce poste ne peut pas convenir pour y placer la capitale de ma colonie ; j'ai pris la résolution de faire établir cette capitale au Port-au-Prince, où selon le compte qui m'en a été rendu, doivent se trouver réunis tous les avantages que l'on peut désirer pour un établissement de cette espèce ; tant pour la situation qui est au centre de la colonie, et à portée d'un commerce très considérable, que par la commodité du Port, la salubrité de l'air, la bonne qualité des eaux qui s'y trouvent et la facilité des fortifications du côté de la mer et de la terre ; mon intention est donc que conformément et en exécution des ordres particuliers et détaillés que je vous fais donner, vous travailliez aux dispositions nécessaires pour que ce projet d'établissement de la capitale au Port-au-Prince puisse être exécuté le plus promptement et le plus solidement qu'il sera possible ; et comme il se trouve des fortifications assez considérables déjà faites au Fort Royal du Petit-Goave, je veux qu'on les laisse subsister et qu'elles soient entretenues jusqu'à ce que le Port-au-Prince en ait de suffisantes, parce que, si contre mon attente et les mesures que mon amour pour la paix et pour mes peuples m'a fait prendre, la guerre survenoit auparavant, ces fortifications pourront toujours servir utilement, et je donnerai dans la suite mes ordres pour les réductions que je jugerai à propos d'y faire faire, lorsque le nouvel établissement aura été mis en état de défense.


Sur ce, je prie Dieu...


Source : Georges Corvington, Port-au-Prince au cours des ans. 


Proclamation d'Émancipation

1er janvier 1863

Attendu que, le vingt-deuxième jour de septembre de l'an de Notre-Seigneur mille huit cent soixante-deux, une proclamation, publiée par le président des États-Unis, contenait, entre autres dispositions, ce qui suit :

« Que le premier janvier de l'an de Notre-Seigneur mil huit cent soixante-trois, toutes personnes possédées comme esclaves, dans un État ou dans une partie désignée d'un État, dont la population se trouvera en rébellion contre les États-Unis, seront, à partir de ce moment, et pour toujours, libres ;

« Que le gouvernement exécutif des États-Unis, y compris les autorités de terre et de mer, devront reconnaître et protéger la liberté de ces personnes, et ne devront mettre obstacle, en aucune manière, aux efforts qu'elles pourraient faire, pour obtenir leur liberté effective ;

« Que ledit premier janvier, le pouvoir exécutif désignera, par une proclamation, les États ou partie d'États, s'il en est encore, dans lesquels la population sera en rébellion contre les États-Unis ; que le fait qu'un État ou sa population sera, ce jour-là, représenté de bonne foi au congrès des États-Unis par des membres choisis à des élections auxquelles aura participé la majorité des électeurs légaux, sera, à défaut de preuves puissantes établissant le contraire, considéré comme un témoignage concluant que cet État n'est pas en hostilité contre les États-Unis. »

En conséquence, moi, Abraham Lincoln, président des États-Unis, en vertu des pouvoirs dont je suis investi, de commandant en chef des armées de terre et de mer des États-Unis, et comme mesure de guerre convenable et nécessaire, pour la suppression de ladite rébellion, aujourd'hui premier jour de janvier de l'an de Notre Seigneur 1863, conformément à ce que je me suis proposé de faire après la période de cent jours pleinement écoulée depuis la date de l'ordre ci-dessus mentionné, je proclame publiquement et je désigne, comme États ou parties d'États dont les populations respectives sont aujourd'hui en rébellion contre les États-Unis, les suivants, savoir :

L'Arkansas, le Texas, la Louisiane, (excepté les paroisses de Saint-Bernard, Plaquemine, Jefferson, Saint-Jean-Baptiste, Saint-Charles, Saint-Jacques, Ascension, Assomption, Terre-Bonne, Lafourche, Sainte-Marie, Saint-Martin et Orléans, y compris la ville de la Nouvelle-Orléans) ; le Mississipi, l'Alabama, la Floride, la Georgie, la Caroline du Sud, la Caroline du Nord, la Virginie (excepté les quarante-huit comtés désignés sous le nom de Virginie-Occidentale, ainsi que les comtés de Berkeley, Accomac, Northampton, Élisabeth-City, York, Princesse-Anne et Norfolk, y compris les villes de Norfolk et de Portsmouth) ; les parties d'État exceptées resteront, pour le présent, comme si cette proclamation n'avait pas été publiée. Et, en vertu du pouvoir, et dans le but ci-dessus indiqué, j'ordonne et je déclare que toutes personnes retenues comme esclaves dans les États ou parties d'États désignés sont libres à partir de ce jour, et que le gouvernement exécutif de États-Unis, comprenant les autorités militaires et navales, reconnaissent et maintiennent la liberté des dites personnes.

J'enjoins aux personnes ainsi déclarées libres de s'abstenir de toute violence, excepté dans le cas de légitime défense, et je leur recommande de travailler loyalement, autant qu'elles le pourront, moyennant des salaires raisonnables.

Je déclare, de plus, et je fais connaître, que ces personnes, si elles sont dans les conditions convenables, seront acceptées dans le service de l'armée des États-Unis, pour former les garnisons des forts, pour garder les positions, les postes et autre places, ainsi que pour servir à bord des navires de guerre de toutes sortes.

En agissant ainsi, je crois sincèrement accomplir un acte de justice, rester dans les prescriptions de la Constitution, obéir aux nécessités militaires, et j'invoque le jugement réfléchi de l'humanité et la grâce favorable du Tout-Puissant.

En foi de quoi, je signe la présente de ma main, et j'y fais apposer le sceau des États-Unis.

Fait en la ville de Washington, le premier jour de janvier de l'an de Notre-Seigneur mil huit cent soixante-trois, et le quatre-vingt-septième de l'indépendance des États-Unis d'Amérique.

Par le président : ABRAHAM LINCOLN
WILLIAM H. SEWARD, Secrétaire d'Etat


Emancipation Proclamation 

January 1, 1863

Whereas, on the twenty-second day of September, in the year of our Lord one thousand eight hundred and sixty-two, a proclamation was issued by the President of the United States, containing, among other things, the following, to wit:

"That on the first day of January, in the year of our Lord one thousand eight hundred and sixty-three, all persons held as slaves within any State or designated part of a State, the people whereof shall then be in rebellion against the United States, shall be then, thenceforward, and forever free; and the Executive Government of the United States, including the military and naval authority thereof, will recognize and maintain the freedom of such persons, and will do no act or acts to repress such persons, or any of them, in any efforts they may make for their actual freedom.

"That the Executive will, on the first day of January aforesaid, by proclamation, designate the States and parts of States, if any, in which the people thereof, respectively, shall then be in rebellion against the United States; and the fact that any State, or the people thereof, shall on that day be, in good faith, represented in the Congress of the United States by members chosen thereto at elections wherein a majority of the qualified voters of such State shall have participated, shall, in the absence of strong countervailing testimony, be deemed conclusive evidence that such State, and the people thereof, are not then in rebellion against the United States."

Now, therefore I, Abraham Lincoln, President of the United States, by virtue of the power in me vested as Commander-in-Chief, of the Army and Navy of the United States in time of actual armed rebellion against the authority and government of the United States, and as a fit and necessary war measure for suppressing said rebellion, do, on this first day of January, in the year of our Lord one thousand eight hundred and sixty-three, and in accordance with my purpose so to do publicly proclaimed for the full period of one hundred days, from the day first above mentioned, order and designate as the States and parts of States wherein the people thereof respectively, are this day in rebellion against the United States, the following, to wit:

Arkansas, Texas, Louisiana, (except the Parishes of St. Bernard, Plaquemines, Jefferson, St. John, St. Charles, St. James Ascension, Assumption, Terrebonne, Lafourche, St. Mary, St. Martin, and Orleans, including the City of New Orleans) Mississippi, Alabama, Florida, Georgia, South Carolina, North Carolina, and Virginia, (except the forty-eight counties designated as West Virginia, and also the counties of Berkley, Accomac, Northampton, Elizabeth City, York, Princess Ann, and Norfolk, including the cities of Norfolk and Portsmouth[)], and which excepted parts, are for the present, left precisely as if this proclamation were not issued.

And by virtue of the power, and for the purpose aforesaid, I do order and declare that all persons held as slaves within said designated States, and parts of States, are, and henceforward shall be free; and that the Executive government of the United States, including the military and naval authorities thereof, will recognize and maintain the freedom of said persons.

And I hereby enjoin upon the people so declared to be free to abstain from all violence, unless in necessary self-defence; and I recommend to them that, in all cases when allowed, they labor faithfully for reasonable wages.

And I further declare and make known, that such persons of suitable condition, will be received into the armed service of the United States to garrison forts, positions, stations, and other places, and to man vessels of all sorts in said service.

And upon this act, sincerely believed to be an act of justice, warranted by the Constitution, upon military necessity, I invoke the considerate judgment of mankind, and the gracious favor of Almighty God.

In witness whereof, I have hereunto set my hand and caused the seal of the United States to be affixed.

Done at the City of Washington, this first day of January, in the year of our Lord one thousand eight hundred and sixty three, and of the Independence of the United States of America the eighty-seventh.

By the President: ABRAHAM LINCOLN
WILLIAM H. SEWARD, Secretary of State.

Source : Yale University et Bibliothèque numérique de l'Université de Perpignan

Lisez aussi "Loi abolissant l'esclavage au Brésil".

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Lettre de Jean-Jacques Dessalines au président Thomas Jefferson des Etats-Unis

Au quartier Général, Habitation de Frère, Plaine du Cul de Sac 23 Juin 1803 Jean Jacques Dessalines, Général en chef de l’Armée de Saint-Domingue à Monsieur le président des Etats-Unis d'Amérique Monsieur Le Président, La Goélette des États-Unis (La Fédérale, Capitaine Neheniah Barr) forcée d’entrer dans le port du Petit Goâve par nos chaloupes en croisière, m’offre l’honneur de vous instruire des événements survenus dans notre malheureuse isle depuis l’arrivée des Français et de la révolution qu’y a occasionné la tirannie de leur gouvernement oppresseur. Lassé de payer par l’effusion de tout notre sang le prix de notre aveugle fidélité à une métropole qui égorge ses enfans , le peuple de Saint Domingue, à l’exemple des nations les plus sages, a secoué le joug de la tirannie et juré l’expulsion de ses bourreaux. Déjà nos campagnes sont purgées de leur aspect; quelques villes leur restent encore, mais n’offrent plus rien à leur avide rapacité. Le...
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Lettre de Toussaint Louverture à Napoléon Bonaparte

Général Toussaint Louverture Militaire et Homme d'État haïtien Citoyen Consul,  Votre lettre m’a été transmise par le citoyen Leclerc, votre beau-frère, que vous avez nommé capitaine-général de cette île : titre qui n’est point reconnu par la constitution de Saint-Domingue. Le même messager a rendu deux enfants innocents aux embrassements et à la tendresse de leur père. Mais quelques chers que me soient mes fils, je ne veux point avoir d’obligation à mes ennemis, et je les renvoie à leurs geôliers. Les forces destinées à faire respecter la souveraineté du peuple français ont aussi effectué une descente ; elles répandent partout le carnage et la dévastation. De quel droit veut-on exterminer, par le fer et par le feu, un peuple grossier, mais innocent ? Nous avons osé former une constitution adaptée aux circonstances. Elle contient de bonnes choses, comme vous en convenez vous-même ; mais il s’y trouve aussi, dites-vous, des articles contraires à la souveraineté du peupl...
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I have a dream : Discours historique de Martin Luther King le 28 Août 1963 à Washington

J e suis heureux de me joindre à vous aujourd’hui pour participer à ce que l’histoire appellera la plus grande démonstration pour la liberté dans les annales de notre nation. Il y a un siècle de cela, un grand Américain qui nous couvre aujourd’hui de son ombre symbolique signait notre Proclamation d’Émancipation. Ce décret capital se dresse, comme un grand phare illuminant d’espérance les millions d’esclaves marqués au feu d’une brûlante injustice. Ce décret est venu comme une aube joyeuse terminer la longue nuit de leur captivité. Mais, cent ans plus tard, le Noir n’est toujours pas libre. Cent ans plus tard, la vie du Noir est encore terriblement handicapée par les menottes de la ségrégation et les chaînes de la discrimination. Cent ans plus tard, le Noir vit à l’écart sur son îlot de pauvreté au milieu d’un vaste océan de prospérité matérielle. Cent ans plus tard, le Noir languit encore dans les coins de la société américaine et se trouve exilé dans son propr...
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Les péchés d'Haïti

Eduardo Hughes Galeano Article écrit par Eduardo Galeano en 1996, journaliste et écrivain uruguayen, est l'une des personnalités les plus en vue de la littérature latino-américaine. Ses livres ont été traduits en plusieurs langues. Ses œuvres les plus connues sont Memoria del fuego (1986) et Las venas abiertas de América Latina (1971). La démocratie haïtienne est née il y a peu de temps. Au cours de sa brève vie, cette créature affamée et malade n'a reçu que des gifles. Elle est née récemment au cours des fêtes de fin d'années de 1991, quand elle a été assassinée par le coup-d'état du général Raoul Cédras. Trois ans plus tard, il a été ressuscité. Après avoir fait entrer et sortir tant de dictateurs militaires, les États-Unis ont fait déposé et remis au pouvoir le président Jean-Bertrand Aristide, qui avait été le premier dirigeant  élu par le vote populaire dans l'histoire d'Haïti et qui avait eu la folie de vouloir un pays moins injuste. Le vote et le vet...
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