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Après avoir perdu la plus belle et la plus riche de ses colonies, Saint-Domingue, devenu Haïti en 1804, la France a mis en place un programme d'aides et de dédommagements aux colons qui avaient perdu leurs biens en Haïti conséquemment à l'indépendance de la République caribéenne. Commencé sous Napoléon, ce programme a pris fin un siècle plus tard en 1911 et concernait les anciens colons et leurs descendants. Le tableau ci-dessous retrace le nombre de bénéficiaires et le montant payé par l'État français à ceux-ci pendant un certain nombre d'années.


Année

Nombre de bénéficiaires

Montant

1813

N/A

480 000 francs

1818

N/A

700 000 francs

1821

5 500

900 000 francs

1831

2136

992 283 francs

1837

 N/A

900 000 francs

1845

1596

816 384 francs

1855

1229

673 000 francs

1876

672

370 000 francs

1884

162

90 603 francs

1894

35

18 645 francs

1900

8

4190 francs

1911

2

N/A


Source : Brière Jean-François, Haïti et la France 1804-1848 : le rêve brisé, Karthala, Paris, 2008, p. 150

Armoiries du Royaume de France sous Charles X


Charles, par la grâce de Dieu, etc.

Vu les art. 14 et 73 de la Charte; voulant pourvoir à ce que réclament les intérêts du commerce français, les malheurs des anciens colons de Saint-Domingue et l'état précaire des habitants actuels de cette île;

Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit :

Art. 1. Les ports de la partie française de Saint-Domingue seront ouverts au commerce de toutes les nations. Les droits perçus dans ces ports soit sur les navires, soit sur les marchandises, tant à l'entrée qu'à la sortie seront égaux et uniformes pour tous les pavillons, excepté le pavillon français, en faveur duquel ces droits seront réduits de moitié.

Art. 2. Les habitants actuels de la partie française de Saint-Domingue verseront à la Caisse générale des dépôts et consignations de France, en cinq termes égaux, d'année en année, le premier échéant au 31 décembre 1825, la somme de 150 millions de francs, destinée à dédommager les anciens colons qui réclameront une indemnité.

Art. 3. Nous concédons à ces conditions, par la présente ordonnance, aux habitants actuels de la partie française de l'ile de Saint-Domingue, l'indépendance pleine et entière de leur gouvernement.

Et sera la présente ordonnance scellée du grand sceau.

Donné à Paris, au château des Tuileries, le 17 avril, l'an de grâce 1825 et de notre règne le premier.

Charles



                     A Monsieur Madiou, historien d’Haïti, Turin 20 Mai 1854

                Monsieur,

        Une très longue maladie dont j’ai souffert depuis deux ans à Paris, à Nantes et en Italie, a pu seule m’empêcher si longtemps de vous exprimer ma gratitude, mon admiration pour ce grand et difficile travail.

        Plus difficile certainement qu’aucune autre histoire, puisque la plus grande majorité des faits ont dû être tirés de la tradition plutôt que des actes qui sans doute n’ont pas été écrits, ou auront péri.

        Je saisirai, Monsieur, la première occasion de mon livre me donnera pour exprimer publiquement tout ce que le votre présente d’instruction solide et d’intérêt dramatique.

        Recevez mes salutations et l’assurance de mon estime sympathique et fraternelle.



                   Au quartier général du Cap, le 30 Brumaire,                    an douze de la République française

J. BOYÉ, général de brigade, chef de l'Etat major de l'Armée, au Général en chef DESSALINES, commandant l'Armée indigène.

GÉNÉRAL,

    J'ai communiqué de suite au général Rochambeau la lettre que vous m'avez adressée relativement à un cheval que vous désirez; je vous transmets sa réponse écrite de sa main au bas de votre propre lettre.

    Le général Rochambeau désirerait de connaitre quel est celui de vos officiers généraux qui a attaqué le premier Vertiere; il lui destine aussi un beau cheval, parce qu'il aime les braves gens.

    Vous recevrez ce soir les prisonniers que vous avez réclamés.

    J'ai l'honneur de vous saluer,

                                  Signé, BOYÉ

                 Pour copie conforme

    Le général en chef, DESSALINES.



A lire également : L'acte de capitulation de l'Armée française en Haïti

Au camp Turel, le 29 août 1793

Frères et amis,

Je suis Toussaint Louverture, mon nom s'est peut-être fit connaitre jusqu'à vous. J'ai entrepris la vengeance. Je veux que la liberté et l'égalité règnent à Saint-Domingue. Je travaille à la faire exister. Unissez-vous à nous, frères, et combattez avec nous pour la même cause.

TOUSSAINT LOUVERTURE

Général des Armées du roi, pour le bien public.


Ma compagne chérie,

Je t'écris ces mots sans savoir s'il te parviendront , quand ils te parviendront, et si je serai en vie lorsque tu les liras. Tout le long de ma lutte pour l'indépendance de mon pays, je n'ai jamais douté un seul instant du triomphe finale de la cause sacrée à laquelle mes compagnons et moi  avons consacré toute notre vie. Mais ce que nous voulions pour notre pays, son droit à une vie honorable, à une dignité sans tache, à une indépendance sans restrictions, le colonialisme belge et ses alliés occidentaux qui ont trouvé des soutiens directs et indirects, délibérés et non délibérés, parmi certains hauts fonctionnaires des Nations unies, cet organisme en qui nous avons placé toute notre confiance lorsque nous avons fait appel à son assistance, ne l'ont jamais voulu.

Ils ont corrompu certains de nos compatriotes, ils en ont acheté d'autres, ils ont contribué à déformer la vérité et à me souiller notre indépendance. Que pourrais-je dire d'autre? Que mort, vivant, libre ou en prison sur ordres des colonialistes, ce n'est pas ma personne qui compte. C'est le Congo, c'est notre pauvre peuple dont on a transformé l'indépendance en une cage d'où l'on nous regarde du dehors tantôt avec cette compassion bénévole, tantôt avec joie et plaisir. Mais ma foi reste inébranlable. Je sais et je sens du fond de moi-même que tôt ou tard mon peuple se débarrassera de tous ses ennemis intérieurs et extérieurs qu'il se lèvera comme un seul homme pour dire non au colonialisme dégradant et honteux, et pour reprendra sa dignité sous un soleil pur.



Nous ne sommes pas seuls. L'Afrique, l'Asie et les peuples libres et libérés de tous les coins du monde se trouveront toujours aux cotés de millions de Congolais qui n'abandonneront la lutte que le jour où il n'y aura plus de colonisateurs et leurs mercenaires dans notre pays. A mes enfants que je laisse et que peut-être je ne reverrai pas, je veux qu'on dise que l'avenir du Congo est beau et qu'il attend d'eux, comme il attend de chaque Congolais, d'accomplir la tache sacrée de la reconstruction de notre indépendance, et de notre souveraineté; car sans justice il n'y a pas de dignité et sans indépendance il n'y a pas d'hommes libres.

Ni brutalités, ni sévices, ni tortures ne m'ont jamais amené à demander la grâce car je préfère mourir la tete haute, la foi inébranlable et la confiance profonde dans la destinée de mon pays plutôt que vivre dans la soumission et le mépris des principes sacrés. L'histoire dira un jour son mot, mais ce ne sera pas l'histoire qu'on enseignera aux Nations unies, Washington, Paris ou Bruxelles, mais celle qu'on enseignera dans les pays affranchis du colonialisme et ses fantoches. L'Afrique écrira sa propre histoire et elle sera au Nord et au Sud du Sahara une histoire de gloire et de dignité.

Ne me pleure pas, ma compagne, moi je sais que mon pays, qui souffre tant, saura défendre son indépendance et sa liberté.

Vive le Congo ! Vive l'Afrique.

Patrice


Source : De Witte Ludo, L'assassinat de Lumumba, éditions Karthala, Paris, 2000, pp. 385-386


LIBERTÉ ET INDEPENDANCE

Au Palais du Cap, le 19 Septembre 1808

L'an... de l'Indépendance

HENRY CHRISTOPHE

Président et Généralissime des Forces de Terre et de Mer de l'Etat d'Haïti

Proclamation

Braves Espagnols,

Depuis longtems votre réunion à l'Etat d'Haïti, a été l'objet de mes plus vives sollicitudes. Les évènements qui viennent d'ébranler en Europe le throne d'Espagne, doivent enfin vous dessiller les yeux sur les dangers dont vous êtes environnés : ils doivent vous montrer combien vos prétendus protecteurs, ennemis de votre nom, le sont enfin de votre existence; ils n'attendaient que le moment de réunir contre vous l'artifice à la vengeance, pour vous anéantir.

Vous venez de prendre l'attitude d'un peuple courageux et de vous débarrasser des faibles liens dans lesquels vous restiés volontairement détenus; reprenés donc aussi vos anciennes liaisons avec nous - habitants du même territoire, sujets aux mêmes besoins, vous devés voir en nous des amis naturels, qu'un même intérêt doit unir à jamais.

Jaloux d'ouvrir avec vous les anciennes communications qui favorisaient notre prospérité commune, je vous fais l'offre de venir commercer dans l'Etat d'Haïti, comme vous y veniés précédemment.

Je vous promets sous la fois du Gouvernement la sureté la plus complette pour vous et vos propriétés. Je ferai donner les ordres les plus sévères pour qu'une police rigoureuse soit exécutée avec la plus exacte attention; et sitôt que j'aurai des preuves de la réciprocité de vos sentiments, je m'appliquerai à vous faire procurer des facilités et des avantages, que vous ne pourrés trouver nulle part, qu'au milieu de nous.

Braves Espagnols ! Tels sont mes intentions pour vous; je ne vous fixe point de lieu particulier, je ne vous assigne aucune place, pour établir vos échanges. Plein de confiance sur la parole que vous m'aurés  une fois donnée, je vous recevrai jusque dans la capitale de cet Etat.

Vous savés que je n'ai jamais fait de promesses que je n'aie scrupuleusement tenues et l'inviolabilité de ma parole est connue de tous ceux avec qui j'ai traité. N'ayez donc nulle crainte; je vous tends des bras paternels, profités de ma bienveillance pour vous. Que si malgré cela, il vous restait la moindre appréhension, envoyés auprès de mois quelques personnes sur la fidélité desquelles vous pourrés compter, et alors je leur ferai connaitre plus particulièrement mes intentions.

Pour copie conforme

Le secrétaire d'Etat,

Rouanez


 MINISTERE DES AFFAIRES AFRICAINES

5 octobre 1960







CABINET

       DU

MINISTRE


Minaf à Mistebel

pour Rotschild


Primo vous attends lundi  [à USA, écrit à la plume].

Clemens qui doit revenir en Belgique ne pourrait-il éventuellement assister également à l'entretien si cela  ne le dérange pas trop

Secundo de milieux proches de Thomas Kanza et de Lumbala nous viennent des renseignements suivant lesquels un troisième gouvernement central serait en voie de constitution à Léo stop de nombreux membres du MNC qui se sont détachés avec fracas de Lumumba en ferait partie stop l'on assure également que Godfroid Munongo sera vice premier ministre stop tout ceci me parait 

a) invraisemblable

b) particulièrement dangereux [car, écrit à la plume] tendant  en fait à mes yeux  à dédouaner Lumumba par la bande.

Il serait peut-être opportun de faire part de ces bruits à Godfroid Munongo et de le mettre éventuellement en garde contre semblable tentative stop  l'objectif principal à poursuivre dans l'intérêt du Congo du Katanga et de la Belgique est évidemment l'élimination définitive de Lumumba

                                                                    Aspremont

Répéter à Dupret

Copie pour Affaires étrangères


Nota :  le texte est repris intégralement tel que consigné.

Source :  De Witte Ludo, L'assassinat de Lumumba, Editions Karthala, Paris.


 

Arrêté du Directoire exécutif

30 Thermidor an IV (17 Août 1796)


    Article premier. L'arrêté des agents du Directoire à Saint-Domingue qui nomme le citoyen Toussaint Louverture général de division est confirmé. Les deux enfants de cet officier seront envoyés en France pour y recevoir l'instruction et l'éducation au frais du gouvernement.

    Il lui sera envoyé un sabre et une paire de pistolets de la manufacture de Versailles.

    Article 2. Les autres arrêtés des agents particuliers, par lesquels les citoyens Pierre Michel, Pajeot, Leveillé et Pierrot ont été promus au rang de général de brigade, sont pareillement confirmés.

    Les quatre généraux de brigade dénommés dans cet article recevront chacun un sabre de la manufacture de Versailles.

Signé : RÉVEILLÈRE-LEPEAUX

Président


Grand Roi! dont la sagesse active et consommée;

La valeur, le génie, ont de la renommée,

De l’aurore au couchant, occupé les cent voix,

Permets, qu’en ce beau jour, au bruit de tes exploits,

Ticour ose, à tes pieds, déposer son hommage

Encenser tes vertus et chanter ton courage;

Heureux libérateur de ces riches climats!

Vois tes dignes enfans, tes sujets, tes soldats ,

Admirer le vengeur, l’appui de l’Amérique;

La couronne était due à son front héroïque.

Saint Henry! jour sacré, si cher à nos désirs!

Quelle ardeur, quels transports, quels nobles souvenirs

Tes rayons précieux réveillent dans nos âmes!

Ils nous ont embrasés des plus augustes flâmes.

Amour! reconnaissance! idoles des grands cœurs,

Soyez notre Apollon, célébrez ce vainqueur;

Pour immortaliser les faits de ce monarque

Il suffit à l’esprit d’en retracer les marques.

Parcourez sa carrière et ses illustres fruits;

Les serpens de l’envie étouffés et détruits,

L’hydre des factions, ses tètes renaissantes,

Redisant aux aux enfers leurs plaintes gémissantes,

Du haut des airs tombant les aigles foudrôyés,

Les tyrans abattus et roulant fourvoyés,

La chicane arrachée à ses affreux dédales

S’abreuvant de venins aux rives infernales,

De Thémis les arrêts au bon droit réservés,

Sur les débris des lois ses autels relevés,

Tout un peuple formant une famille unique

Sous l’abri bienfaisant du pouvoir monarchique.

Voilà les nobles traits, les signes éclatans

Auxquels on reconnaît ses vestiges brillans.

Apollon! prête nous et ta lyre et tes ailes

Pour transmettre à Clio ses traces immortelles!

Mais son souffle divin sourit à notre ardeur

Et déjà dans nos sens il répand sa faveur

Le voilà, ce héros, soutien du nouveau monde,

Ce roi dont les exploits. la science profonde

Ont reconquis nos droits, nous ont enfin placés

Au rang des nations, des peuples policés!

Honneur à cette main dont l’effort héroïque

Nous a régénérés, a sauvé l’Amérique!

Le voyez-vous ce front noble et majestueux,

Qui dissipe la nuit des complots odieux

Que trame contre, nous une race parjure?

Gloire à sa majesté! révérez sa parure.

Admirez cette égide et ces dons de Pallas;

D’un œil respectueux contemplez tant d’éclat.

Quoi? les haytiens, indépendans et libres,

Surpassent le renom des fiers enfans du Tibre,

Et sous un Souverain législateur, guerrier,

Aux palmes, à l’olive, unissent les lauriers?

Ô constitution et libre et monarchique!

Ton système sacré, chef-d’œuvre en politique,

D’Hayti fait le lustre et garantit l’éclat!

Ah! qu’il brille, à jamais, pour ce nouvel état

Ce héros immortel, ce monarque intrépide

Dont le bras est armé de la céleste égide!

De la reine, en ces lieux, que les augustes jours

De ses prospérités embellissent le cours!

Puissent de l’éternel la bonté, la puissance

Sauver tant da vertus, de talens, de vaillance,

Combler leurs jours heureux de victoires et d’ans,

Diriger, protéger leurs nobles descendans.

En faire prospérer l’illustre dynastie;

Seul espoir de l’état et douce garantie!

Daigne agréer, grand Roi! nos sincères tributs,

Et sourire à nos cœurs, ils chantent tes vertus!


Par le Comte DE ROSIER.

Source : La Gazette royale du 17 juillet 1816

Pompe funèbre et funérailles de S. A. R.

Mgr le Prince Noel, Duc du Port-de Paix.

Le corps du Prince, après avoir été embaumé, a été enfermé dans un cercueil de plomb, et ensuite placé dans un double cercueil d’Acajou; il fut immédiatement transporté de la Citadelle Henry à la ville de Sans-Souci, par les grenadiers de la garde; pour recevoir les honneurs funèbres dûs à son rang, et pour être déposé dans le caveau des grands Dignitaires du Royaume.

Le cœur de S. A. R. a été déposé à la Citadelle Henry, dans un monument que Sa Majesté, notre auguste et bien-aimé Souverain, y a fait ériger, pour perpétuer la mémoire du Prince, objet de son affection.

A Sans-Souci tout avait été disposé pour recevoir le corps du feu Prince; son hôtel était tendu de noir, et le cercueil fut mis sur un lit de parade, magnifiquement orné; une infinité de personnes, de tout rang et de tout sexe, s’y étaient rendues, pour y réciter des prières et chanter des hymnes à l’Eternel.

L’Eglise royale de Sans-Souci avait été aussi tendue de noir; un catafalque magnifique, composé d’un sarcophage couvert du drap mortuaire, avait été élevé au milieu de la nef; et un grand nombre de bougies y étaient allumées jour et nuit.

Le 19 Septembre, jour fixé pour le funérailles; à six heures du soir, S. A. R. Monseigneur le Prince Royal et LL. AA. RR. Mesdames Première et Athénaïre se rendirent dans leurs carrosses, à l’hôtel du feu Prince, leur oncle.

A sept heures, à la lueur des flambeaux, le convoi se mit en marche, pour se rendre à l’Eglise, dans l’ordre suivant :

Sa Grâce Monseigneur le Duc de Fort-Royal, Grand Maréchal d’Hayti, Gouverneur de la ville de Sans-Souci, était à la tête du convoi avec l’état-major de la place;

Un fort détachement de tous les corps de la maison militaire du Roi ouvrait la marche;

Venaient ensuit deux Lieutenans Colonels portant les cartouches du Prince où étaient peints son chiffre et ses armoiries environnés des attributs de la mort;

Le cheval de bataille du Prince, caparaçonné de noir, conduit à la main par un écuyer en grand deuil;

Le casque du Prince, ombragé de son panache, porté par son secrétaire;

L’Archevêque d’Hayti et son clergé;

Les pleureurs sur deux rangs;

Le poêle porté par quatre grands Dignitaires, Son Altesse Sérénissime Monseigneur le Duc du Môle, Sa Grâce Monseigneur le Duc de l’Avancé et Leurs Excellences les Comtes d’Ouanaminthe et de Léogane;

Le lit de parade, orné de franges noires et surmonté de plumes noires et blanches;

Le cercueil du Prince sur le lit de parade, avec ses décorations et ses armes, porté par dix grenadiers de la garde;

Les Enseignes des grenadiers de la garde autour du lit de parade;

Dix pas en arrière S. A. R. Monseigneur le Prince Royal à la tête du deuil;

Venaient ensuite LL. AA. RR. Mesdames Première et Athénaïre avec la famille du feu Prince;

Après, les Dignitaires et leurs Épouses, en deuil de cour, rangés suivant l’ordre des préséances;

Les Officiers d’état-major de différens corps, de la marine royale, des finances et de la justice;

Le Commerce haytien et une foule immense de peuple de tout âge et de toute sexe;

Suivaient enfin de file les voitures du Prince, caparaçonnés de deuil, celles de Monseigneur l’Archevêque, de la Famille Royale et des Dignitaires, suivant l’ordre des préséances.

Le régiment de la Reine infanterie et le corps des chevau-légers du Roi fermaient la marche; les grenadiers de la garde bordaient la haie des deux côtés.

Au départ du convoi, il fut tiré une décharge d’artillerie et de mousqueterie; et il arriva au portail de l’Eglise dans l’ordre ci-dessus décrit.

Le cercueil fut ensuite déposé au milieu du catafalque; et Son Eminentissime Monseigneur l’Archevêque, après avoir chanté l’office des morts, prononça l’Oraison Funèbre du feu Duc du Port-de-Paix. Nous regrettons de ne pouvoir la produire ici dans son entier; nous allons essayer d’en présenter seulement l’analyse à nos lecteurs.

L’Orateur, après avoir fait l’énumération aussi éloquente que vraie des vertus et des grandes qualités que possédait le Duc du Port-de-Paix, après avoir donné des détails sur les funestes circonstances qui ont terminé ses jours, d’une manière déplorable et imprévue, s’est écrié: « O mort cruelle ! combien d’années tu as volées à un Prince que tu as surpris dans le printemps de sa vie! Combien de jouissances honnêtes que tu as enlevées à sa générosité et à sa bienfaisance ! Combien de gloire tu as ravie à son mérite!

Le plus grand éloge qu’on peut faire d’un héros, a dit l’Orateur, (parlant du Prince) est celui-ci: il a emporté les regrets de tous ses concitoyens; tout haytien, depuis le Monarque jusqu’au dernier sujet, regrette sincèrement sa mort. Si on pouvait racheter un mortel de l’empire de la mort, il n’y en a pas, j’en suis persuadé, un seul haytien qui ne ferait le plus grand sacrifice, pour rendre à la vie le feu Duc du Port-de-Paix. La première demande de notre Souverain en arrivant à la Citadelle Henry, une heure après le malheureux accident, fut celle-ci : Où est le Duc du Port-de-Paix? mon frère! il l’appelle partout, il le faut chercher partout, et quand il fut convaincu de sa perte, il s’expliqua en ces termes: « Hélas! mon frère n’est plus! j’ai perdu un autre moi-même! les dommages que la foudre a faits à la Citadelle Henry, seraient-ils mille fois plus grands, je les regarderai comme rien, si mon cher frère en eût été préservé! » expressions qui font à la fois et l’éloge du sujet, et celui du Souverain qui les a prononcées.

L’Orateur a terminé son éloge, par une exhortation qui restera gravée dans tous les cœurs des amis de la religion, de l’humanité et de la patrie; que sa vie et sa mort (a-t-il dit) nous servent d’instructions; ce tombeau nous donnera des leçons plus importantes, plus utiles et plus solides, que celles de tous les philosophes du monde. Il a été surpris à la fleur de son âge, vous pouvez l’être aussi, cela vous avertit que vous devez vous tenir sur vos gardes, et régler bien votre conduite avant de comparaître au tribunal du juge suprême, qui rendra à chacun selon ses œuvres.

Sa mort a été infortunée et tragique, la vôtre pourra l’être de même, nous sommes toujours sur des tombeaux; si l’homme juste, bon et humain, meurt de la sorte, qui est celui de nous qui sera à l’abri d’un malheur pareil ou pire ? Soumettons-nous à l’empire de celui qui est le maître des événemens, le maître de la vie et de la mort. Ce Prince a servi toujours la Patrie, servons-la! il a aimé son Roi, aimons-le ! il lui a été fidèle, soyons-le ! il est mort à son poste, mourons-y; il a été généreux, bienfaisant, charitable, imitons-le ! ainsi soit-il.

La cérémonie des funérailles achevée, le cercueil fut replacé sur le lit de parade, et porté au caveau des Grands Dignitaires du royaume, où il a été déposé au bruit de l’artillerie et de la mosqueterie.

Tels ont été les honneurs funèbres rendus aux restes du feu S. A. R. Monseigneur le Duc du Port-de-Paix. Jamais aucun mortel n’a été plus généralement pleuré et regretté ; c’étaient les funérailles de l’homme juste et bienfaisant, emportant les regrets universels de ses concitoyens. On n’entendait de toutes parts que des cris et des sanglots, et on voyait couler les larmes qu’excitait une perte aussi irréparable ; chacun s’est retiré le cœur navré de douleur; le chef, d’avoir perdu un Prince , son compagnon d’armes, brave, juste et généreux, digne modèle qu’il doit désormais s’efforcer d’imiter; le soldat, son protecteur et son père; le pauvre, son bienfaiteur; la veuve et l’orphelin, leur appui.

Nous avons commencé cette feuille dans l’intention de la consacrer entièrement au souvenir du feu S. A. R. Monseigneur le Duc du Port-de-Paix ; nous croyons ne pouvoir mieux la terminer qu’en mettant sous les yeux de nos lecteurs l’épitaphe en vers , composée par S. E. M. le Comte de Roziers, pour être gravée sur son tombeau.


S O U S mon R O I , mon jeune courage

Mille fois s’essaya dans d’augustes travaux

De cet illustre apprentissage

J’ai sû recompenser l’âme de ce Héros.

De bien servir mon R O I l’incomparable gloire

A toujours distingué mes pas :

Mon sang versé dans les combats

Eût plus honoré ma mémoire ;

Mais sous d’innombrables débris

Je meurs, hélas ! enseveli.

Une mort plus utile à ma chère Patrie ,

Des braves le trépas était ma noble envie ;

Mais n’importe où respire un généreux mortel

Qui périt, à son poste, est digne d’un Autel.

Héros Haytiens ! imitez mon exemple ;

Mourir pour son Pays, c’est mériter un Temple.


Source : La Gazette royale du 27 Septembre 1818


N É C R O L O G I E

Une mort funeste, une cruelle mort, vient de nous ravir S. A. R. Monseigneur le Prince Noël, Duc du Port-de-Paix, beau-frère du Roi, Grand Échanson, Membre du Grand-Conseil d’État, Grand-Maréchal d’Hayti, Grand Croix de l’Ordre royal et militaire de Saint Henry, Colonel-Général des Grenadiers de la Garde et Gouverneur de S. A. R. Monseigneur le Prince Royal.

Élevé sous les yeux du Roi HENRY Ier dès sa plus tendre jeunesse, il fit, sous ce grand Capitaine l’apprentissage du noble métier des Armes; il combattit vaillamment pour la Liberté et l’Indépendance de son Pays. C’est au milieu des combats, nourri dans la vie des camps, qu’il acquît ce calme, ce sang froid, cette bravoure peu commune qui le distinguaient dans les dangers; vertus et apanages héréditaires de son Auguste et Royale Famille. Doué d’un courage héroïque, intrépide dans les combats, affable, doux, libéral, humain et honnête homme; à ces qualités guerrières, il joignait toutes les vertus civiles et privées; obligeant sans ostentation, ardent pour ses Amis, charitable pour le Pauvres, bienfaisant pour tout le monde, il préféra toujours le mérite à la faveur, et l’honneur à l’intérêt; juste appréciateur de la discipline militaire, il sût concilier la rigueur des devoirs avec ceux que prescrit l’humanité; chéri de ses Concitoyens par la douceur de son commerce et adoré des Soldats par le soin qu’il prenait de leur conservation, il eut l’estime générale de la Cour, de la Ville et des Campagnes. Les regrets et les pleurs de l’Armée et la voix du Peuple font mieux son Éloge que tout ce qu’on en pourrait dire.

Il avait pour le Roi, un attachement filial, une fidélité à toute épreuve et une obéissance sans bornes; toujours prêt à exécuter ses ordres dans les entreprises les plus difficiles; le Roi qui l’honorait d’une amitié vraiment paternelle, avait confié à son zèle, à son assiduité, et à son dévouement, la garde de la Citadelle Henry, ce Boulevart de la Liberté et de l’Indépendance. C’est là, qu’il fit une abnégation entière de tous ses intérêts privés, de toutes ses affections particulières, pour se consacrer uniquement à ses devoirs; c’est là, qu’on le vit mettre en pratique ses grandes qualités et qu’il justifia d’une manière si complète, la haute confiance qui avait été placée en lui; lorsqu’un Coup de Tonnerre tombé sur ce Monument le 25 Août de l’Année 1818, an 15e de l’Indépendance et le 8e du règne de Sa Majesté, à Cinq heures de l’après-midi, fit une explosion dans la salle d’artifice, qui vint plonger dans le deuil et la consternation tous les Amis de la Patrie. Ce Prince infortuné, digne d’un meilleur sort, périt d’une manière funeste et à jamais regrettable, dans ce déplorable événement, à la fleur de son âge, après avoir passé Trente-trois années, Onze mois et Quinze jours dans ce monde, emportant les pleurs et les regrets de son Roi, de sa Famille et de ses Concitoyens.

Source : Gazette Royale d'Hayti

 

AUTOPSIE CADAVÉRIQUE

Un peu de mucus mêlé de sang dans la bouche et sur les lèvres; le sinus latéral gauche, les vaisseaux de la pie mère gorgés de sang; épanchement séreux dans le ventricule latéral, même côté; le plexus choroïde infiltré et parsemé de petites hydatides; la plèvre adhérente en grande partie à la substance des poumons; engorgement sanguin du poumon droit de la plèvre y correspondante; amas de matière purulente dans ce viscère; un petit polype graisseux dans le ventricule droit du cœur qui au reste était dans son état naturel; amaigrissement de l'épiploon, état pathologique de cette membrane pareil à celui qui se rencontre après une longue maladie.

L'estomac, les intestins, le foye, la rate, les reins, la vessie n'ont offert aucune altération.

En conséquence nous estimons que l'apoplexie, la pleuropéripneumonie sont les causes de la mort de Toussaint-Louverture.

Fait et certifffié vray au Fort de Joux le dix huit germinal an onze de la République, Signé à la minute Tavernier, D. m., le chirurgien Gresset.

Enregistré à Pontarlier et viré pour timbre le dix neuf germinal an onze. Débit un franc soixante cinq centimes.

Signé : Champeaux.


Source : Archives départementales du Doubs


 

Département de la Guerre

Bureau du Mouvement


 

Département

Commune

Division militaire

1

Finistère

1

Landernau

13e division militaire

2

Landivision

3

Morlaix

2

Côtes-du-Nord

4

Belle-Ile

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7

 

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Montereau

9

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Auxerre

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Vermenton

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Précy

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Sombernon

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Dijon

39

Auxonne

11

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6e division militaire

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Saint-Vit

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Les lâches ! Ils n'ont point senti, dans leur aveuglement, qu'ils foulaient aux pieds cette constitution qu'ils avaient juré de défendre ! Ils n'ont point compris, ces indignes descendants des fondateurs de notre indépendance que, répudiant l'héritage de nos pères, livraient à l'étranger le sol de la Patrie, tiède encore du sang de leurs ancêtres ! — Faustin Soulouque, Empereur d'Haïti
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L'île de La Navase : trésor haïtien confisqué par les États-Unis d'Amérique

Une île haïtienne intacte, appelée La Navase, a été revendiquée par les États-Unis et rebaptisée Navassa Island, bien qu'elle se trouve à seulement 25 miles (40 km) au Sud-ouest de la ville de Jérémie et à 37 miles (60 km) de la péninsule la plus occidentale d'Haïti. La Navase est inhabitée, mais les Haïtiens pêchent sur ses côtes depuis plus de deux siècles, et toutes les îles adjacentes à Haïti, quelle que soit leur population, sont considérées comme faisant partie intégrante du pays depuis la première Constitution de Toussaint Louverture en 1801. De plus, l'article 2 de la Constitution haïtienne de 1874 mentionne expressément que les possessions insulaires d'Haïti comprennent La Navaze. L'île de 1300 acres (5,26 km²) en forme de déchirure pose un défi à l'habitation humaine parce qu'elle ne contient pas d'eau douce et les falaises abruptes le long de sa côte rendent presque impossible le débarquement d'un bateau ; cependant, elle a accueilli telle...
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Les présidents dominicains d'origine haïtienne

Beaucoup de gens ignorent que la République dominicaine a eu quatre présidents d'origine haïtienne. C'est un sujet peu traité et même caché par les historiens traditionnels. General Gregorio Luperon Gregorio Luperon Le premier président dominicain d'origine haïtienne fut Gregorio Luperon qui fut président provisoire de la République du 18 décembre 1879 au 1er septembre 1880. Concernant ses origines haïtiennes, l'historien Emilio Cordero Michel déclare : "Bien que du côté de sa mère, Luperon était d'origine haïtienne, à certains moments de sa vie, il a manifesté des préjugés contre Haïti qui ont refait surface au sein du peuple dominicain en raison du processus historique qu'il a vécu de 1844 à 1861" (Emilio Cordero Michel. Article Luperon et Haïti. Clio Magazine №152. 1995. Académie dominicaine d'histoire). Un autre historien qui fait référence à l'ascendance haïtienne de Luperon est le Dr Tirso Mejia Ricart qui établit ...
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Lettre de remerciement du général dominicain Gregorio Luperón au président Nissage Saget

Les présidents haïtiens Fabre Nicolas Geffrard et Nissage Saget ont aidé la République Dominicaine à maintenir sa souveraineté et son indépendance face à la volonté d'une certaine élite emmenée par les présidents Pedro Santana et Buenaventura Baez de livrer le pays à l'Espagne et de redevenir ainsi une colonie. Quant au président Nissage Saget, il a offert l'asile à des résistants dominicains, leur a donné des hommes, des armes, des munitions, de l'argent pour aller libérer leur pays. Ci-dessous, la lettre de remerciement de Gregorio Luperón au président Saget, dans laquelle il a également reconnu que son pays est redevable d'une immense dette envers Haïti en raison de son soutien au peuple dominicain. Une circonstance imprévue m'a emmené à Saint-Marc sur le bateau que je commandais. Votre accueil franc, loyal et sympathique a fait déborder en moi l'instinct de fraternité envers le peuple haïtien, et m'a rendu redevable à votre gouvernement d'une...
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Lettre de refus d'Anténor Firmin à la demande des États-Unis d'affermer le Môle Saint-Nicolas

Joseph Auguste Anténor Firmin, Ministre des Relations extérieures de la République d'Haïti Port-au-Prince, 22 avril 1891 Messieurs les plénipotentiaires, J'ai l'honneur de vous accuser réception à Vos Excellences de votre dépêche du 21 de ce mois, par laquelle vous avez bien voulu m'adresser une copie officielle du document signé par son Excellence le Président des États-Unis et vous investissant de pleins - pouvoirs pour - conférer avec toutes personnes revêtues des mêmes pouvoirs par Haïti, afin de négocier une convention entre les deux gouvernements. En examinant ce document et me référant à l'entrevue que j'eus l'honneur d'avoir avec Vos Excellences le jour même de la réception de votre dépêche, je dois inférer que vos pleins pouvoirs se rapportent à la demande faite le 7 février dernier au gouvernement d'Haïti, par l'honorable amiral Gherardi, en qualité de commissaire spécial des États-Unis, d'exprimer son consentement d'accorder au...
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Haïti : la malédiction blanche

Par Eduardo Galeano, intellectuel uruguayen 6 Avril 2004 Le premier jour de cette année, la liberté a fêté deux siècles de vie dans le monde. Personne ne s’en est rendu compte ou presque. Quelques jours plus tard, le pays de l’anniversaire, Haïti, occupait une certaine place dans les médias ; non pas à cause de cet anniversaire de la liberté universelle, mais parce qu’a été provoqué un bain de sang qui a fini par faire tomber le président Aristide. Haïti a été le premier pays où on a aboli l’esclavage. Toutefois, les encyclopédies les plus répandues et presque tous les textes d’éducation attribuent à l’Angleterre cet honneur historique. Il est vrai qu’un beau jour l’empire a changé d’avis, lui qui avait été le champion mondial du trafic négrier ; mais l’abolition britannique s’est produite en 1807, trois années après la révolution haïtienne, et s’est avérée tellement peu convaincante qu’en 1832 l’Angleterre a dû interdire à nouveau l’esclavage. La négation d’Haïti n’a rien de nouveau....
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La prière de Boukman Dutty

Cette prière a été prononcée par le prêtre vodou, Dutty Boukman, esclave né à la Jamaïque, lors de la cérémonie du Bois-Caïman tenue dans la nuit du 13 au 14 août 1791.  Cérémonie qui a permis quelques jours plus tard le soulèvement général des esclaves et qui constitue l'une des premières marches vers l'indépendance d'Haiti en 1804. Kreyol Bon Dje ki fè latè. Ki fè solèy ki klere nou anwo. Bon Dje ki soulve lanmè. Ki fè gronde loray. Bon Dje nou ki gen zorèy pou tande. Ou ki kache nan nyaj. Kap gade nou kote ou ye la. Ou wè tout sa blan fè nou sibi. Dje Blan yo mande krim. Bon Dje ki nan nou an vle byen fè. Bon Dje nou an ki si bon, ki si jis, li odone vanjans. Se li kap kondui bra nou pou nou ranpote la viktwa. Se li kap ba nou asistans. Nou tout fèt pou nou jete potre dje Blan yo ki swaf dlo lan zye. Koute vwa la libète kap chante lan kè nou. Français Le dieu qui créa la terre, qui créa le soleil qui nous donne la lumière. Le dieu qui détient les océans, qui fait gronder...
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Lettre de Jean-Jacques Dessalines au président Thomas Jefferson des Etats-Unis

Au quartier Général, Habitation de Frère, Plaine du Cul de Sac 23 Juin 1803 Jean Jacques Dessalines, Général en chef de l’Armée de Saint-Domingue à Monsieur le président des Etats-Unis d'Amérique Monsieur Le Président, La Goélette des États-Unis (La Fédérale, Capitaine Neheniah Barr) forcée d’entrer dans le port du Petit Goâve par nos chaloupes en croisière, m’offre l’honneur de vous instruire des événements survenus dans notre malheureuse isle depuis l’arrivée des Français et de la révolution qu’y a occasionné la tirannie de leur gouvernement oppresseur. Lassé de payer par l’effusion de tout notre sang le prix de notre aveugle fidélité à une métropole qui égorge ses enfans , le peuple de Saint Domingue, à l’exemple des nations les plus sages, a secoué le joug de la tirannie et juré l’expulsion de ses bourreaux. Déjà nos campagnes sont purgées de leur aspect; quelques villes leur restent encore, mais n’offrent plus rien à leur avide rapacité. Le...
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Lettre de Toussaint Louverture à Napoléon Bonaparte

Général Toussaint Louverture Militaire et Homme d'État haïtien Citoyen Consul,  Votre lettre m’a été transmise par le citoyen Leclerc, votre beau-frère, que vous avez nommé capitaine-général de cette île : titre qui n’est point reconnu par la constitution de Saint-Domingue. Le même messager a rendu deux enfants innocents aux embrassements et à la tendresse de leur père. Mais quelques chers que me soient mes fils, je ne veux point avoir d’obligation à mes ennemis, et je les renvoie à leurs geôliers. Les forces destinées à faire respecter la souveraineté du peuple français ont aussi effectué une descente ; elles répandent partout le carnage et la dévastation. De quel droit veut-on exterminer, par le fer et par le feu, un peuple grossier, mais innocent ? Nous avons osé former une constitution adaptée aux circonstances. Elle contient de bonnes choses, comme vous en convenez vous-même ; mais il s’y trouve aussi, dites-vous, des articles contraires à la souveraineté du peupl...
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I have a dream : Discours historique de Martin Luther King le 28 Août 1963 à Washington

J e suis heureux de me joindre à vous aujourd’hui pour participer à ce que l’histoire appellera la plus grande démonstration pour la liberté dans les annales de notre nation. Il y a un siècle de cela, un grand Américain qui nous couvre aujourd’hui de son ombre symbolique signait notre Proclamation d’Émancipation. Ce décret capital se dresse, comme un grand phare illuminant d’espérance les millions d’esclaves marqués au feu d’une brûlante injustice. Ce décret est venu comme une aube joyeuse terminer la longue nuit de leur captivité. Mais, cent ans plus tard, le Noir n’est toujours pas libre. Cent ans plus tard, la vie du Noir est encore terriblement handicapée par les menottes de la ségrégation et les chaînes de la discrimination. Cent ans plus tard, le Noir vit à l’écart sur son îlot de pauvreté au milieu d’un vaste océan de prospérité matérielle. Cent ans plus tard, le Noir languit encore dans les coins de la société américaine et se trouve exilé dans son propr...
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Les péchés d'Haïti

Eduardo Hughes Galeano Article écrit par Eduardo Galeano en 1996, journaliste et écrivain uruguayen, est l'une des personnalités les plus en vue de la littérature latino-américaine. Ses livres ont été traduits en plusieurs langues. Ses œuvres les plus connues sont Memoria del fuego (1986) et Las venas abiertas de América Latina (1971). La démocratie haïtienne est née il y a peu de temps. Au cours de sa brève vie, cette créature affamée et malade n'a reçu que des gifles. Elle est née récemment au cours des fêtes de fin d'années de 1991, quand elle a été assassinée par le coup-d'état du général Raoul Cédras. Trois ans plus tard, il a été ressuscité. Après avoir fait entrer et sortir tant de dictateurs militaires, les États-Unis ont fait déposé et remis au pouvoir le président Jean-Bertrand Aristide, qui avait été le premier dirigeant  élu par le vote populaire dans l'histoire d'Haïti et qui avait eu la folie de vouloir un pays moins injuste. Le vote et le vet...
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