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LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATERNITÉ 
RÉPUBLIQUE D’HAÏTI

Proclamation

Au Peuple et à l’Armée



Pierre Nord ALEXIS

Haïtiens, mes compatriotes,

Je me suis imposé comme un devoir impérieux, de me rendre aux Gonaïves pour célébrer le premier centenaire de notre Indépendance.

C’est une bien grande satisfaction pour moi de venir à la même place que le FONDATEUR, faire renouveler sur l’Autel de la Patrie notre serment de l’Indépendance.

Mais, en cette circonstance solennelle, je ne veux pas manquer de vous rappeler nos malheurs et ce que nous devons à la Patrie.

Pendant le cours de cent années, par nos luttes intestines, nos déclarations de principes faux ou vrais, mais prématurés et toujours dans le but de réaliser de mesquines ambitions, nous avons retardé la prospérité nationale.

De nos discordes civiles nous avons recueilli la ruine de nos familles, la désolation de la société, l’affaiblissement de la Patrie.

On ne pouvait s’y attendre des Haïtiens de la génération de l’Indépendance.
Chacun doit en appeler à sa conscience.

Nous ne devons pas cependant perdre la foi  en l’avenir, désespérer du salut de la Patrie. Pour réparer nos fautes, conjurer nos malheurs et réaliser le rêve de nos ancêtres, il nous faut, comme eux, être unis.

Ce n’est pas en vain que nous avons pour devise : « L’Union fait la force ». Renonçons à nos erreurs ; qu’elles nous servent d’expérience pour demain.

Unissons-nous dans la noble intention de rendre la République prospère. Rappelons-nous que nous sommes un peuple et que nous représentons une race. Nous ne devons point faillir à cette double tache que Dessalines nous a assignée ; d’être un peuple et de représenter une race.

Je vous convie donc tous, Haïtiens, mes compatriotes, à l’Union, afin de sauvegarder notre Patrie, notre race et notre Indépendance.

Vive l’Indépendance nationale ! Vive l’Union ! Vive la Paix ! Vive le Travail !


NORD ALEXIS

Fait aux Gonaïves le 1er Janvier 1904, an 101ème de l’Indépendance.


Une salve de 21 oups de canon, conformément au programme de la fête, salua ce discours. Puis les troupes défilèrent et allèrent prendre leur ligne de bataille en face et aux abords de l’église, où le cortège se rendit.

À l’arrivée de son Excellence le Président, il fut reçu et conduit à sa place.

Après la cérémonie religieuse, le président donna audience au Palais National.

Ho Chi Minh, Père de l'Indépendance du Vietnam

« Tous les hommes naissent égaux. Le Créateur nous a donné des droits inviolables, le droit de vivre, le droit d’être libres et le droit de réaliser notre bonheur. »

Cette parole immortelle est tirée de la Déclaration d’Indépendance des États-Unis d’Amérique en 1776. Prise dans un sens plus large, cette phrase signifie : tous les peuples sur la terre sont nés égaux ; tous les peuples ont le droit de vivre, d’être heureux, d’être libres.

La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de la Révolution française de 1791 proclame également : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. »

Ce sont là des vérités indéniables.

Et pourtant, pendant plus de quatre-vingts années, les colonialistes français, abusant de drapeau de la liberté de l’égalité, de la fraternité, ont violé notre terre et opprimé nos compatriotes. Leurs actes vont directement à l’encontre des idéaux d’humanité et de justice.

Dans le domaine politique, ils nous ont privés de toutes les libertés.

Ils nous ont imposé les lois inhumaines. Ils ont constitué trois régimes politiques différents dans le Nord, le Centre et le Sud du Viet Nam pour détruire notre unité nationale et empêcher l’union de notre peuple.

Ils ont construit plus de prisons que d’écoles. Ils ont sévi sans merci contre nos patriotes. Ils ont noyé nos révolutions dans les fleuves de sang. Ils ont jugulé l’opinion publique et pratiqué une politique d’obscurantisme. Ils nous ont imposé l’usage de l’opium et de l’alcool pour affaiblir notre race.

Dans le domaine économique, ils nous ont exploités jusqu’à la moelle, ils ont réduit notre peuple à la plus noire misère et saccagé impitoyablement notre pays.

Ils ont spolié nos rizières, nos mines, nos forêts, nos matières premières. Ils ont détenu le privilège d’émission des billets de banque et le monopole du commerce extérieur.

Ils ont inventé des centaines d’impôts injustifiables, acculé nos compatriotes, surtout les paysans et les commerçants, à l’extrême pauvreté.

Ils ont empêché notre bourgeoisie nationale de prospérer. Ils ont exploité nos ouvriers de la manière la plus barbare.

En automne 1940, quand les fascistes japonais, en vue de combattre les Alliés, ont envahi l’Indochine pour organiser de nouvelles bases de guerre, les colonialistes français se sont rendus à genoux pour leur livrer leur pays.

Depuis, notre peuple, sous le double joug japonais et français, a été saigné littéralement. Le résultat a été terrifiant. Dans les derniers mois de l’année passée et le début de cette année, du Quang Tri au Nord Viet Nam, plus de deux millions de nos compatriotes sont morts de faim.

Le 9 mars dernier, les Japonais désarmèrent les troupes françaises. Les colonialistes français se sont enfuis ou se sont rendus. Ainsi, bien loin de nous « protéger » en l’espace de cinq ans, ils ont par deux fois vendu notre pays aux Japonais.

Avant le 9 mars, à plusieurs reprises, la Ligue Viet Minh a invité les Français à se joindre à elle pour lutter contre les Japonais. Les colonialistes français, au lieu de répondre à cet appel, ont sévi de plus belle contre les partisans du Viet Minh. Lors de leur débandade, ils sont allés jusqu’à assassiner un grand nombre de prisonniers politiques incarcérés à Yen Bay et à Cao Bang.

Malgré tout cela, nos compatriotes ont continué à garder à l’égard des Français une attitude clémente et humaine. Après les événements du 9 mars, la Ligue Viet Minh a aidé de nombreux Français à passer la frontière, en a sauvé d’autres de prisons nippones et a protégé la vie et les biens de tous les Français.

En fait, depuis l’automne de 1940, notre pays a cessé d’être une colonie française pour devenir une possession nippone.

Après la reddition des Japonais, notre peuple tout entier s’est dressé pour reconquérir sa souveraineté nationale et a fondé la République démocratique du Viet Nam.

La vérité est que notre peuple a repris son indépendance des mains des Japonais et non de celles des Français.

Les Français s’enfuient, les Japonais se rendent, l’empereur Bao Dai abdique. Notre peuple a brisé toutes les chaînes qui ont pesé sur nous durant près d’un siècle, pour faire de notre Viet Nam un pays indépendant. Notre peuple a, du même coup, renversé le régime monarchique établi depuis des dizaines de siècles, pour fonder la République démocratique.

Pour ces raisons, nous, membres du gouvernement provisoire, déclarons, au nom du peuple du Viet Nam tout entier, nous affranchir complètement de tout rapport colonial avec la France impérialiste, annuler tous les traités que la France a signés au sujet du Viet Nam, abolir tous les privilèges que les Français se sont arrogés sur notre territoire.

Tout le peuple du Viet Nam, animé d’une même volonté, est déterminé à lutter jusqu’au bout contre toute tentative d’agression de la part des colonialistes français.

Nous sommes convaincus que les Alliés qui ont reconnu les principes de l’égalité des peuples aux conférences de Téhéran et de San Francisco, ne peuvent pas ne pas reconnaître l’indépendance du Viet Nam.

Un peuple qui s’est obstinément opposé à la domination française pendant plus de quatre-vingts ans, un peuple qui, durant ces années, s’est résolument rangé du côté des Alliés pour lutter contre le fascisme, ce peuple a le droit d’être libre, ce peuple a le droit d’être indépendant.

Pour ces raisons, nous, membres du gouvernement provisoire de la République démocratique du Viet Nam, proclamons solennellement au monde entier :

Le Viet Nam a le droit d’être libre et indépendant et, en fait, est devenu un pays libre et indépendant. Tout le peuple du Viet Nam est décidé à mobiliser toutes ses forces spirituelles et matérielles, à sacrifier sa vie et ses biens pour garder son droit à la liberté et à l’indépendance.
Nous reprenons l'interview in extenso de l'Amiral Hammerton Killick, Chef de la Marine de guerre de la République d'Haïti au journal Le Drapeau. Cette interview est parue le samedi 23 octobre 1897, dans un contexte de crise diplomatique entre la République d'Haïti et l'Empire d'Allemagne, suite à l'arrestation d'Émile Lüders, un citoyen allemand. L'Allemagne réclama réparation pour Lüders et des exigences encore plus inacceptables et menaça de bombarder la capitale, Port-au-Prince.



INTERVIEW

Un Collaborateur du DRAPEAU a été chargé d’interviewer le vice-amiral Killick au sujet du différend allemand.

Notre Collaborateur : Je suis chargé Monsieur l’Amiral, par la Rédaction du DRAPEAU, de vous interviewer sur le différend allemand. Êtes-vous disposer à nous répondre ?

L’Amiral : Je suis entièrement disposé d’autant plus, mes canons sont astiqués et mes braves marins attendent !

Le Collaborateur : Très bien ! Pensez-vous Monsieur l’Amiral, que nos braves marins sauront se mettre à la hauteur de la situation, si le cas se présentait, c’est-à-dire si BRUTALEMENT, notre drapeau venant à être insulté par l’escadre allemande ?

L’Amiral : D’abord, cette complication suscitée par le consul est très grave et mérite toute l’attention du gouvernement, car il s’agit de la dignité du Drapeau national. Quant à moi et mes braves marins, nous saurons faire notre devoir jusqu’au bout, si à Dieu ne plaise la situation devenait brûlante.

Le Collaborateur : Très bien ! Très bien ! Croyez-vous , Monsieur l’Amiral, que nos navires seront en sûreté dans la rade de Port-au-Prince, en présence de l’escadre allemande si elle arrivait ?

L’Amiral : Nos navires de guerre n’en sortiront pas, mais ils garderont l’entrée de notre rade et ils défendront Port-au-Prince.

Le Collaborateur : Mais, s’il y avait surprise, croyez-vous que nos marins seraient assez actifs pour empêcher que notre drapeau soit souillé ?

L'Amiral : Jamais, jamais, le drapeau ne sera souillé, d’abord j’ai juré au général Sam, particulièrement une fidélité inébranlable, et à mon pays une bravoure indomptable, or ces deux vertus réunies sauront sauvegarder l’honneur du pays et la dignité de mon gouvernement. Quand il s’agit de ma part d’activité dans un cas semblable, elle est incomparable.

Le Collaborateur : Très bien ! Très bien ! Mais M. l’Amiral nos bateaux ne sont pas entièrement armés pour la guerre, et en outre ils sont de petites proportions.

L’Amiral : Une hécatombe, Monsieur le Collaborateur, vaut une bataille gagnée, quand il s’agit de la Patrie.

Le Collaborateur : Nous comptons sur le courage de nos braves marins pour sauvegarder notre drapeau sur mer, tandis que nous ferons notre devoir sur terre quand le cas l’exigera ! À bientôt monsieur l’Amiral.

L'Amiral : À bientôt, oui !

En présence de cet enthousiasme et de cette manifestation patriotique du chef de notre marine de Guerre, LE DRAPEAU serait satisfait de voir le président de la République faire visite officielle à l’État-major de nos braves marins réunis sur la « Crête-à-Pierrot ».

Source : Journal Le Drapeau du 23 Octobre 1897



Vu l’article 35 de la Constitution ;

Vu le message du président de la République au comité permanent de l’Assemblée nationale en date du 12 Décembre 1941 ;

Vu l’autorisation accordée par le Comité permanent de l’Assemblée nationale au Chef du Pouvoir Exécutif de déclarer la guerre au Reich allemand ;

Considérant que l’étroite relation qui existe entre Haïti et les États-Unis de l’Amérique du Nord exige que la République d’Haïti pose notamment les actes nécessités par circonstances actuelles ;

Considérant que les relations pacifiques ne sont plus possibles entre la République d’Haïti et le Reich allemand qui a provoqué un état de guerre avec les États-Unis ;

Considérant que l’attitude de cet État totalitaire constitue une menace pour la paix durable du continent, il y a donc lieu pour la République d’Haïti de prendre position dans le conflit, en déclarant la guerre au Reich allemand.

DÉCRÈTE

Article 1er.- La République d’Haïti est en état de guerre avec le Reich allemand.

Article 2.- Le présent décret sera publié et exécuté à la diligence de tous les Secrétaires d’Etat, chacun en ce qui le concerne.

Fait au Palais National, le 12 Décembre 1941, an 138ème de l’Indépendance.

Par le Président.

Le Secrétaire d’État des Relations Extérieures et des Cultes ;

Le Secrétaire d’Etat de l’Intérieur et de la Justice ;

Le Secrétaire d’Etat des Travaux Publics ;

Le Secrétaire d’Etat de l’Instruction publique, de l’Agriculture et du Travail.



Source : Journal Le Nouvelliste du 12 Décembre 1941







Discours du président d’Haïti, François Denys Légitime, au Peuple et à l’Armée à l'occasion du 85ème anniversaire de l’Indépendance nationale

La célébration de l’anniversaire de notre glorieuse Indépendance ne devrait jamais avoir lieu qu’avec un sentiment général d’enthousiasme et d’allégresse.

Peut-on se reporter, par la pensée, à ce jour mémorable du premier Janvier 1804, sans sentir vibrer en soi la fibre puissante de l’amour du pays et des nobles attaches de la reconnaissance ?

L’Haïtien, quoi qu’on en dise, n’est pas, de nos jours, devenu si indifférent et si dénaturé, au point de rire et de ne plus tenir compte du souvenir du fait le plus extraordinaire accompli au seuil du dix-neuvième siècle, de cet acte sublime et héroïque, affirmant l’ère nouvelle et véritable de la liberté pour des hommes rendus injustement esclaves, et imposant le principe généreux de la réhabilitation pour toute une race calomniée et trop longtemps assujettie aux brutales et cupides passions d’une portion de l’humanité…

Non, ce sentiment d’un stupide aveuglement et de dégénérescence anticipée ne peut point trouver de place dans le cœur de l’Haïtien.

L’Haïtien d’aujourd’hui, par suite de la triste influence des troubles politiques qui  ont agité le pays, entretenu la discorde et semé partout la division et la haine, est devenu simplement timide, défiant, enclin à l’isolement et à toutes les mauvaises inspirations de l’égoïsme et du découragement. En ajoutant à tout cela, même en temps de calme, l’exercice continuel et brutal de l’intervention militaire, au lieu de l’application rassurante et rationnelle du régime légal de l’autorité civile, on comprendra facilement que, dans un tel milieu, chacun se croit intéressé à déguiser ses vrais sentiments, à étouffer les élans généreux de son cœur, à rapetisser les qualités et les ressources de son esprit, afin de s’épargner le désagrément d’être mal compris ou de se voir appliquer tous les désastreux effets d’une  interprétation intéressée ou outrée de ses opinions ou de ses convictions personnelles.

Avec l’ère actuelle où un gouvernement loyal et progressiste s’annonce si heureusement, l’heure a sonné en faveur de tous pour la reprise de leurs droits et l’exercice obligé de leurs devoirs.

Plus de haines, plus de rancunes ! Immolons sur l’autel de la Patrie tous nos anciens sujets de division, toutes nos haines issues des méandres tortueux de la politique !

Écoutons plutôt la voix solennelle, patriotique  et vraie du Chef de l’État ! 

Après avoir félicité le peuple de se réunir, eu ce jour solennel, pour remercier Dieu de ses faveurs et honorer la mémoire des illustres Fondateurs de notre nationalité, il nous demande d’avoir, enfin, la foi de nos Pères, parce que nous croyons tous, qui que nous soyons, au salut du pays. Plus de prépondérance de classe, ne voyons plus que de la prépondérance des principes et des vertus, l’exemple de respect et d’obéissance dus aux lois.

Consolante et noble déclaration qui, définitivement mise en pratique, rallumera le feu du patriotisme, en faisant revivre, chez nous, l’ardeur, le zèle et le noble dévouement aux intérêts de la Patrie, comme on les constatait dans les premiers temps de notre organisation sociale.

Et pour l’armée, nos braves soldats, si peu protégés et honorés jusqu’ici, le Chef de l’État entend relever le prestige du drapeau, raviver la vieille gloire de chaque légion, en lui rappelant sans cesse une date heureuse de victoire, un nom illustre sorti de ses rangs.

Cette proclamation du Chef, comme chacun l’a remarqué, a un caractère tout nouveau et nous propose d’avoir, pour devise : « Le Progrès par le travail ».

Que la Providence nous redonne l’Unité nationale, sans nouveaux sacrifices pénibles, et que la Nation, enfin désabusée, revenue au vrai sentiment de l’amour patriotique, et s’applaudisse d’avoir des Gouvernants réellement anxieux de travailler au relèvement de la chose publique.

Publié dans l’hebdomadaire Le Plaidoyer national le samedi 5 janvier 1889




En 1963, l'Armée dominicaine avec l'appui des États-Unis chassent le président Juan Bosch pourtant élu démocratiquement. Les Américains le soupçonnent d’être communiste et proche de Cuba de Fidel Castro. Deux ans après, en 1965, pour éviter qu'il revienne au pouvoir, les Américains envoient des milliers d'hommes sur place et restent dans le pays jusqu'en 1966. Entre-temps, des partisans de Juan Bosch prennent les armes contre l'envahisseur. Ils ont été épaulés par plusieurs haïtiens dont le poète Jacques Viau Renaud qui a été tué par un mortier. 

Le poète Jacques Viau Renaud est né en Haïti en 1941. A l'âge de 7 ans, il part pour Santo Domingo avec son père, où il se lie d'amitié avec des poètes et des artistes de la génération des années soixante. Il combat aux côtés des constitutionnalistes contre l'occupation américaine de 1965. Son père, Alfred Viau, était un avocat de renom qui, en raison de ses opinions politiques et du climat de troubles en Haïti, a dû s'exiler en République Dominicaine en 1948.

Jacques Viau Renaud
Dans la Ciudad Trujillo (Santo Domingo) d'alors, il a travaillé comme professeur de français. Dès son plus jeune âge, Viau Renaud s'intéressait à la littérature. Après la fin de l'Ère Trujillo en 1961, il a fait de l'enseignement et rejoint les mouvements culturels de cette période. Il a participé activement à la vie littéraire dominicaine du début des années soixante, rejoignant des groupes tels que "art et libération" du peintre Silvano Lora.

Alors qu'il luttait pour la liberté et la souveraineté de la République Dominicaine, il a été frappé par un mortier et est mort une semaine plus tard. Le 21 juin, jour de son enterrement, le président constitutionnaliste Francisco Caamaño a publié le décret no 55 qui lui a accordé la nationalité dominicaine à titre posthume, officialisant l'adoption de Jacques comme l'un des nôtres. Ainsi, émerge un héros national, symbole de fraternité et de solidarité entre Haïti et la République Dominicaine, symbole qui nous oblige à penser l'île comme deux nations sœurs. Et c'est qu'à l'âge de 23 ans, Jacques Viau Renaud a eu la détermination et le courage de défier la mort en luttant pour le sort de l'île dans le glorieux exploit d'avril 1965.

Cela représente le fait historique et littéraire le plus étonnant de l'histoire récente des deux nations, un fait qui n'a pas été reconnu dans sa juste dimension ni suffisamment débattu par les historiens, les éducateurs et les lettrés des deux nations. Jacques Viau Renaud n'était pas seulement un héros national, mais sa poésie, qu'il a écrite en espagnol, a une énorme signification littéraire, tant pour l'Île que pour l'Amérique latine et le monde.

Sa poésie rend hommage au Grand Walt Whitman, le leader Afro-Américain des droits civiques Medgar Evers, et à tous les peuples opprimés du monde. Il a été publié dans des anthologies et des revues littéraires qui reconnaissent sa vision et a été traduit en anglais et en français, étant accueilli avec ferveur par ceux qui aspirent à un message d'amour, de solidarité et d'humanité.

Malheureusement, sa poésie et sa contribution à la lutte pour la démocratie et la souveraineté nationale n'ont pas été correctement reconnu par les autorités dominicaines. Sa mémoire ne figure pas dans les programmes culturels ou dans un projet de nation progressiste. C'est parce que la politique culturelle de l'état dominicaine a favorisé des attitudes conservatrices dans ses relations avec Haïti.

Le décret de naturalisation posthume de Jacques Viau Renaud

 
Eduardo Hughes Galeano


Article écrit par Eduardo Galeano en 1996, journaliste et écrivain uruguayen, est l'une des personnalités les plus en vue de la littérature latino-américaine. Ses livres ont été traduits en plusieurs langues. Ses œuvres les plus connues sont Memoria del fuego (1986) et Las venas abiertas de América Latina (1971).

La démocratie haïtienne est née il y a peu de temps. Au cours de sa brève vie, cette créature affamée et malade n'a reçu que des gifles. Elle est née récemment au cours des fêtes de fin d'années de 1991, quand elle a été assassinée par le coup-d'état du général Raoul Cédras. Trois ans plus tard, il a été ressuscité. Après avoir fait entrer et sortir tant de dictateurs militaires, les États-Unis ont fait déposé et remis au pouvoir le président Jean-Bertrand Aristide, qui avait été le premier dirigeant  élu par le vote populaire dans l'histoire d'Haïti et qui avait eu la folie de vouloir un pays moins injuste.

Le vote et le veto

Pour effacer les traces de la participation américaine à la dictature du carnassier général Cédras, les Marines ont pris 160 mille pages des archives secrètes. Aristide est revenu enchaîné. Ils lui ont donné la permission de regagner le Palais national, mais ils l'ont interdit le pouvoir. Son successeur, René Préval, a remporté près de 90 pour cent des voix, a moins de pouvoir qu'un fonctionnaire de quatrième catégorie du Fonds monétaire international ou de la Banque mondiale, même s'il n'a reçu un seul vote du peuple haïtien.

Le veto est plus fort que le vote. Veto des réformes : chaque fois que Préval ou l'un de ses ministres, demande des crédits internationaux pour donner du pain aux affamés, l'école aux analphabètes ou des terres aux paysans, il ne reçoit aucune réponse, ou des réponses lui ordonnant :
- Réciter la leçon. Et alors que le gouvernement haïtien continue d'apprendre qu'il est nécessaire de démanteler les quelques services publics qui subsistent, le dernier parasol pour l'un des peuples les plus démunis du monde, les enseignants tiennent l'examen pour acquis.

L'alibi démographique

À la fin de l'année dernière, quatre députés allemands se sont rendus en Haïti. En arrivant, la misère du village leur frappa les yeux. Alors, l'ambassadeur allemand leur a expliqué, à Port-au-Prince, quel était le problème:
"C'est un pays surpeuplé," dit-il. La femme haïtienne veut toujours, et l'homme haïtien peut toujours.

Et il se mit à rire. Les députés se taisent. Cette nuit-là, l'un d'eux, Winfried Wolf, a consulté les chiffres. Et il a constaté qu'Haïti est, avec El Salvador, le pays le plus surpeuplé des Amériques, mais il est autant surpeuplé que l'Allemagne: il a presque le même nombre d'habitants par kilomètre carré.

Durant leur séjour en Haïti, le député Wolf a été non seulement frappé par la misère mais il a également été ébloui par les compétences de beauté des peintres populaires. Et il a conclu qu'Haïti est surpeuplé ... d'artistes.

En fait, l'alibi démographique est plus ou moins récent. Jusqu'à il y a quelques années, les puissances occidentales parlaient plus clairement.

La tradition raciste

Les États-Unis ont envahi Haïti en 1915 et ont gouverné le pays jusqu'en 1934. Ils se sont retirés après avoir atteint leurs deux objectifs: la collecte des dettes de la Citibank et l'abrogation de l'article constitutionnel interdisant la vente de terres aux étrangers. À ce moment-là, Robert Lansing, Secrétaire d'État américain, a justifié la longue et féroce occupation militaire en expliquant que la race noire est incapable de se gouverner elle-même, qu'elle a “une tendance inhérente à la vie sauvage et une incapacité physique de civilisation.” L'un des responsables de L'invasion, William Philips, avait bien avant lancé l'idée astucieuse: "c'est un peuple inférieur, incapable de préserver la civilisation laissée par les Français".

Haïti avait été la perle de la couronne, la colonie la plus riche de France: une grande plantation sucrière, avec le travail esclave. Dans L'esprit des lois, Montesquieu l'avait expliqué sans langue de bois: “le sucre serait trop cher si les esclaves ne travaillaient pas dans sa production. Ces esclaves sont noirs des pieds à la tête et leur nez est tellement écrasé qu'il est presque impossible de les plaindre. Il est impensable que Dieu, qui est un être très sage, ait mis une âme, surtout si une bonne âme, dans un corps entièrement noir”.

Au lieu de cela, Dieu avait mis un fouet dans la main du maître. Les esclaves ne se distinguaient pas par leur volonté de travailler. Les noirs étaient esclaves par nature et vagabonds aussi par nature, et la nature, complice de l'ordre social, était l'œuvre de Dieu : l'esclave devait servir le maître et le maître devait punir l'esclave, qui ne manifestait pas d'enthousiasme pour accomplir le plan divin.


 

Karl von Linneo, contemporain de Montesquieu, avait dépeint l'homme noir avec une précision scientifique : "un vagabond, un paresseux, un négligent, un indolent ayant des coutumes dissolues." Plus généreusement, un autre contemporain, David Hume, avait constaté que le noir "peut développer certaines capacités humaines, comme le perroquet qui parle quelques mots."

Humiliation impardonnable

En 1803, le peuple noir d'Haïti a écrasé les troupes de Napoléon Bonaparte, et l'Europe n'a jamais pardonné cette humiliation infligée à la race blanche. Haïti a été le premier pays libre des Amériques. Les États-Unis avaient auparavant accédé à l'indépendance, mais avaient un demi-million d'esclaves travaillant dans des plantations de coton et de tabac. Jefferson, qui était propriétaire d'esclaves disait que tous les hommes sont égaux, mais il disait également que les noirs ont été, sont et seront inférieurs.

Le drapeau des libres s'élevait au-dessus des ruines. La terre haïtienne a été dévastée par la monoculture du sucre et rasée par les calamités de la guerre contre la France, et un tiers de la population est tombé au combat. Alors que le blocus a commencé. La nation nouveau-née était vouée à la solitude. Personne ne commerçait avec elle, personne ne la reconnaissait.

Le crime de dignité

Même Simon Bolivar, qui était si courageux, n'a pas eu le courage de signer la reconnaissance diplomatique du pays noir. Bolivar avait pu relancer sa lutte pour l'Indépendance latino-américaine, alors que l'Espagne l'avait déjà vaincu, grâce au soutien d'Haïti. Le gouvernement haïtien lui avait donné sept navires et beaucoup d'armes et de soldats, à la seule condition que Bolívar libère les esclaves, une idée que le Libérateur ne lui passait pas par la tete. Bolivar a rempli cet engagement, mais après sa victoire, alors qu'il dirigeait déjà la Grande Colombie, il a tourné le dos au pays qui l'avait sauvé. Et quand il convoquait les nations américaines à la réunion de Panama, il n'a pas invité Haïti mais a invité l'Angleterre.

Les États-Unis n'ont reconnu Haïti que soixante ans après la fin de la guerre d'indépendance, tandis qu'Étienne Serres, un génie français de l'anatomie, a découvert à Paris que les noirs sont primitifs car ils ont une courte distance entre le nombril et le pénis. À cette époque, Haïti était déjà aux mains de dictatures militaires massacrantes, qui utilisaient les peu de ressources ressources du pays pour rembourser la dette française: l'Europe avait imposé à Haïti l'obligation de verser à la France une compensation gigantesque, en guise de pardon pour avoir commis le crime de la dignité.

L'histoire du harcèlement contre Haïti, qui a aujourd'hui des dimensions de tragédie, est aussi une histoire de racisme dans la civilisation occidentale.

Source : Cubadebate
Traduction de l'espagnol: Haitianaute




Au quartier Général,
Habitation de Frère,
Plaine du Cul de Sac
23 Juin 1803


Jean Jacques Dessalines, Général en chef de l’Armée de Saint-Domingue
à
Monsieur le président des Etats-Unis d'Amérique


Monsieur Le Président,

La Goélette des États-Unis (La Fédérale, Capitaine Neheniah Barr) forcée d’entrer dans le port du Petit Goâve par nos chaloupes en croisière, m’offre l’honneur de vous instruire des événements survenus dans notre malheureuse isle depuis l’arrivée des Français et de la révolution qu’y a occasionné la tirannie de leur gouvernement oppresseur.

Lassé de payer par l’effusion de tout notre sang le prix de notre aveugle fidélité à une métropole qui égorge ses enfans, le peuple de Saint Domingue, à l’exemple des nations les plus sages, a secoué le joug de la tirannie et juré l’expulsion de ses bourreaux.

Déjà nos campagnes sont purgées de leur aspect; quelques villes leur restent encore, mais n’offrent plus rien à leur avide rapacité.

Le commerce avec les États-Unis, Monsieur le Président, présente aux immenses récoltes que nous avons en dépôt et à celles plus riantes encore qui se préparent cette année, un débouché que nous réclamons des armateurs de votre Nation. Ses anciennes Relations avec St. Domingue ont du la convaincre de la loyauté et de la bonne foi avec lesquelles ses bâtimens seront accueillis dans nos ports.

Le retour de la goélette la Fédérale lui prouvera nos dispositions actuelles.

Agréez, Monsieur Le Président, être persuadé de l’empressement que je mettrai à contribuer de toute l’autorité qui m’est confiée à la sûreté des bâtimens des Etats-Unis et à l’avantage qu’ils retireront de nos échanges.


Agréez, Monsieur Le Président, l’expression de la plus haute considération pour Votre personne.

Dessalines



Translation


Headquarters, Frère plantation,
Cul-de-Sac plain
23 June 1803


Mister President,


The American schooner The Federal, under Captain Nehemiah Barr, forced by our patrol boats to enter the port of Petit-Goâve, provides me the honor of informing you of the events that have occurred on our unfortunate island since the arrival of the French and the revolution caused in France by the tyranny of their oppressive government.

The people of Saint-Domingue, tired of paying with our blood the price of our blind allegiance to a mother country that cuts her children’s throats, and following the example of the wisest nations, have thrown off the yoke of tyranny and sworn to expel the torturers.

Our countryside is already purged of their sight. A few cities are still under their domination but have nothing further to offer to their avid rapacity.

Commerce with the United States, Mister President, offers a market for the huge harvests we have in storage and the even more abundant ones that are now growing. Your country’s shippers are calling for it. Your nation’s long-standing relations with Saint-Domingue are evidence of the loyalty and good faith that await your ships in our ports.

The return of the schooner The Federal will prove to your country our current disposition.

Please be sure, Mister President, of the eagerness with which I will exert all my authority for the safety of the United States’ ships and the benefits they will reap from trading with us.

Accept, Mister President, the expression of my highest consideration.


Dessalines






Source : American National Archives
Lettre de remerciement et de gratitude du baron de Dessalines, fils du Père de la Patrie, Jean-Jacques Dessalines, à l'Empereur d'Haïti, Faustin 1er. Cette missive est publiée dans le numéro du journal Le Moniteur haïtien, paru en janvier 1854.
                                                        
À Sa Majesté l’Empereur,

Sire,
Votre subordonné et très fidèle sujet vient aux pieds de votre auguste Majesté renouveler tous les souhaits qu’il invoque toujours à l’Être suprême pour votre bonheur et pour celui de votre grande famille :
La prolongation de vos jours, qui sont pour nous aussi précieux que le soleil qui nous éclaire, et une parfaite santé.
Qu’il daigne, le très haut, bénir toute votre tendre sollicitude. C’est sous votre règne que le peuple haïtien a vu la mémoire de Dessalines vénérée. Cet exemple, Sire, que vous montrez est une alliance de bonté et de fraternité que vous manifestez à ses enfants. Je saisis cette occasion pour déposer aux pieds de votre auguste Majesté ma reconnaissance, mes respects et mon amour pour vous.
Grand monarque, permettez que votre sujet vous dise, que jusque dans la tombe sa reconnaissance vous sera éternelle.

                               Votre subordonné.
                               
                               DESSALINES



Décret

FAUSTIN 1er. Empereur d’Haïti, à tous présents et à venir, SALUT :

Vu l’article 63 de la Constitution ;
Avons décrété et décrétons ce qui suit :
Art. 1er. Sont nommés sénateurs de l’Empire, en remplacement des sénateurs Léveillé et F. de Sévère :
Messieurs,
1o Eyssalenne, directeur du Conseil des notables de la Croix-des-Bouquets.
2o Mirtil de Latortue, chevalier de l’ordre impérial et militaire de St. Faustin, chevalier de l’ordre impérial de la Légion d’Honneur, etc., etc.
Art. 2. Le ministre de l’intérieur fera exécuter le présent.
Donné en notre Palais impérial du Port-au-Prince, le 24 décembre 1853, an 50e de l’indépendance et de notre règne le 5e.

FAUSTIN
Par l’Empereur :

Le duc de la Bande-du-Nord, ministre de l’intérieur et de l’agriculture
D’HYPPOLITE

Empereur Faustin 1er

Haïtiens, 

Le 1er Janvier 1854 est le 51e anniversaire de l’indépendance d’Haïti.

Ce jour nous réunit ici tous les ans pour solenniser notre glorieuse émancipation.
Il y a un demi-siècle déjà depuis cet évènement à jamais mémorable. Haïti a constamment maintenu son rang parmi les nations civilisées, en consolidant de plus en plus l’œuvre des fondateurs de sa liberté.

Quand elle luttait si héroïquement pour conquérir cette liberté, elle poursuivait le triomphe de la plus sainte des causes. Depuis lors elle a toujours vécu en paix avec le monde entier.

Réjouissons-nous du bonheur d’être une nation libre et indépendante.

Bénissons le jour et la date de cet heureux évènement, honorons la mémoire des guerriers, fondateurs de la patrie, et allons au pied des autels de Dieu le louer et le remercier de ses bienfaits, et lui demander de continuer sa suprème protection.

Vive l’Indépendance !
Vive la Liberté !
Vive l’Union !
Vive la Constitution !
S.M. FAUSTIN Ier

Ce discours fut accueilli par les vives acclamations, au milieu des cris de vives l’Indépendance, vive l’Empereur, et des détonations de 21 coups de canon de l’artillerie impériale.



Le Moniteur haïtien du 24 janvier 1846

Les officiers supérieurs de tout rang et de tout grade, les officiers-généraux, les corps judiciaire et administratif se sont rendus au palais national du Cap-Haïtien, ce jourd’hui 1er. Janvier 1846, à huit heures précises du matin : la marche étant ouverte, le président d’Haïti ayant à ses cotés les ministres et précédé du conseil d’état , s’est transporté dans l’ordre établi, au Champ-de-Mars où étaient réunies les troupes de la garnison, à l’effet de renouveler le salaire de nos pères qui, à pareil jour, jurèrent de vivre libres, indépendans, ou de mourir, plutôt que de se soumettre à la domination de n’importe quelle puissance étrangère.

Montant sur l’autel de la patrie avec les principaux membres de son cortège, le chef de l’Etat invite le ministre de la guerre, de la marine et des relations extérieures d’haranguer l’armée et de l’entretenir sur l’objet de cette réunion annuelle. Le ministre, prenant la parole, retrace aux troupes et aux citoyens, dans un discours improvisé et approprié à la circonstance, les efforts que firent les héros de l’indépendance pour nous léguer une patrie et l’obligation que nous prescrit l’honneur de conserver intacts et cet héritage et l’intégrité du territoire.

Immédiatement après ce discours, le chef de l’Etat s’adresse à l’armée et lui annonce l’ouverture prochaine de la campagne contre les insurgés de la partie de l’Est, les militaires, ivres d’enthousiasme, accompagnent leur serment de défendre la cause sainte de l’indivisibilité du territoire, des cris cent fois répétés de vive la liberté ! vive l’indépendance ! vive le président d’Haïti ! et qui furent couverts de plusieurs salves d’artillerie.

Le président d’Haïti s’est rendu, du Champ-de-Mars au temple du Seigneur, où un Te-Deum a été chanté avec pompe, et où aussi le ministre du culte a prononcé, à cette occasion, un sermon qui a édifié toute l’assemblée : la cérémonie ainsi terminée, le cortège est retourné au palais national dans le même ordre qu’il avait suivi en sortant.

Le reste de la journée s’est écoulé dans une parfaite tranquillité ; le peuple content, s’est livré avec décence à la joie excessive qu’inspire le souvenir d’un jour si mémorable et qui fait époque dans nos annales politiques.

Clos les jours, mois et au que dessus.

B. JN.-SIMON

Drapeau de la République de Cuba
Il était une fois un petit pays des Antilles que la plus grosse puissance militaire au monde n’aimait pas, mais pas du tout. Alors, elle le qualifiait de pays voyou, de pays terroriste, elle disait même qu’il représentait une menace pour la paix dans le monde. Depuis plus de soixante ans, elle tentait de l’étouffer, de l’asphyxier jusqu’à ce que mort s’en suive. Elle a donc érigé, autour de cette île, un véritable blocus commercial et économique et elle va même jusqu’à arraisonner les bateaux qui s’en approchent, soit parce qu’ils sont en affaires avec ce pays, soit parce ces bateaux et leurs passagers veulent tout simplement passer quelques heures ou quelques jours sur cette île pour y découvrir ses trésors.

Or, voilà qu’un bateau de croisière, le MS Breamar, propriété d’une entreprise britannique, avec plus de mille personnes à bord — 682 passagers et 381 membres d’équipage —, croisait tout près de Cuba, quelque part dans la mer des Caraïbes. Ce bateau était plus ou moins en perdition car il y avait parmi les vacanciers cinq personnes atteintes du coronavirus Covid-19 et quelques autres en quarantaine. Le capitaine avait frappé à quelques portes des alentours mais personne ne voulait accueillir les pestiférés pour qu’ils puissent regagner leur pays, la Grande-Bretagne, le plus rapidement possible et dans des conditions sécuritaires.

Sûrement qu’un médecin à bord du bateau errant avait déjà entendu toutes sortes d’histoires à propos de Cuba. Vous savez comment ils sont les médecins, ils se partagent tous les secrets du métier. Or, cette île accueillante s’était taillé une solide réputation en matière d’aide internationale. Plus de 28 000 professionnels cubains de la santé sont à pied d’œuvre dans 34 pays, dont plusieurs ont rapporté des cas de patients atteints du nouveau coronavirus. Un médecin bien informé, quelle que soit sa nationalité, doit savoir que les médecins cubains se sont illustrés dans la lutte à l’Ébola, en Afrique occidentale, en 2014, ou lors du terrible tremblement de terre en Haïti, en 2010, pour ne mentionner que ces deux événements.

Fort de ces témoignages, si nombreux qu’ils doivent bien renfermer quelque vérité indéniable, le médecin du bord a dû convaincre le capitaine de prendre contact avec les autorités cubaines pour voir si cette opération humanitaire pouvait avoir lieu en sol cubain, ce pays soi-disant voyou qui supporte un autre pays soi-disant voyou, le Venezuela, un autre que l’empire étatsunien a dans sa mire. Et le gouvernement cubain a accepté sans hésiter. Les Cubains, ce sont comme ces bons gars qui sont toujours prêts à donner un coup de main, à aider leur voisin dans le besoin, sans jamais calculer ce qu’il va leur en coûter. Il y en a peu mais ils sont vrais.

Bien sûr, les plus grandes mesures de sécurité ont été mises en place. L’opération a duré plusieurs heures. J’imagine le casse-tête que cela représentait de déplacer par autobus tout ce monde, du port de Mariel, en banlieue de la Havane, jusqu’à l’aéroport José Marti de La Havane, sans nuire aux activités habituelles de l’aéroport international et sans mettre en péril la santé des autres passagers. 
Entre-temps, l’Angleterre avait envoyé quatre gros porteurs — dont un avion-hôpital —, qui sont finalement partis les uns à la suite des autres, dans la soirée de mercredi à jeudi. Mission accomplie. Ils étaient nombreux les passagers du bateau errant à remercier Cuba en montant l’escalier menant aux aéronefs, posés sur la piste du terminal 5 de l’aéroport de La Havane. Peut-être auront-ils le goût de revenir, un jour, dans ce petit pays « bloqueado », qui, malgré toutes les difficultés et privations, a su faire preuve d’une générosité et d’une solidarité exemplaires ?

Source : Par Jacques Lanctot - Journal de Montréal

Cuba produit de l'interféron Alfa 2B, un médicament utilisé par la Chine pour traiter ses patients atteints de coronavirus et qui a suscité un intérêt d'achat dans une quinzaine de pays, ont rapporté vendredi des spécialistes médicaux de l'île.

C'est un antiviral qui reconstitue les défenses humaines. "L'interféron est un produit thérapeutique, pas un vaccin", a déclaré Eduardo Martinez, président du groupe industriel public BioCubaFarma, niant les publications sur les réseaux sociaux qui affirment que le pays dispose d'un remède contre cette pandémie.

Il a rappelé que, selon l'association pharmaceutique chinoise, "parmi les propositions (pour lutter contre le coronavirus), le premier produit à action antivirale qui est recommandé est l'interféron", parmi une trentaine d'options.

Martínez a expliqué qu'en plus de Cuba, la drogue est également fabriquée par une entreprise commune en Chine, ce qui a facilité sa disponibilité pour le traitement. "C'est un médicament que nous avons toutes les capacités de fournir au système de santé national à Cuba et en Chine.

Selon le directeur du Centre cubain de génie génétique et de biotechnologie (CIGB), Eulogio Pimentel, une quinzaine de pays sont intéressés par l'acquisition de ce produit en Amérique latine, en Europe, en Afrique et en Asie.

"Nous recevons des demandes d'un grand nombre de pays qui nous demandent des offres. Nous avons la capacité de l'approvisionner sans mettre en danger les quantités nécessaires pour le pays", a déclaré vendredi Eduardo Martinez, président du groupe pharmaceutique d'État BioCubaFarma, lors d'une conférence de presse.

Nous avons un "inventaire d'interféron, de produit fini, pour les cas qui dans un horizon de trois à six mois pourraient apparaître à Cuba. Et en cours de réalisation, nous disposons d'un stock équivalent pour traiter toutes les personnes infectées qui se sont produites en Chine", a-t-il ajouté.

Lors des épidémies d'autres coronavirus et du SRAS, les interférons ont été utilisés à des fins de prévention et de traitement, a expliqué la vice-présidente de la CIGB, Marta Ayala.

"Les interférons sont des molécules que l'organisme produit lui-même en réponse à des attaques virales. C'est une première défense naturelle du système immunitaire pour combattre l'entrée du virus et l'inhiber", a-t-elle expliqué.

Mais le coronavirus, au lieu d'induire la production d'interférons, la diminue. "L'administration d'interféron de l'extérieur pourrait être une approche correcte au milieu de la gamme des traitements utilisés", a-t-il déclaré.

Le médicament est administré par injection, mais en Chine, il a été appliqué par nébulisation "parce qu'il atteint rapidement les poumons et agit au stade précoce de l'infection", a déclaré M. Ayala.

Produit depuis janvier de cette année à l'usine sino-cubaine ChangHeber dans la province chinoise de Jilin, l'interféron est l'un des produits phares de la biotechnologie cubaine et est également utilisé contre les infections virales causées par le VIH, le papillomavirus humain et les hépatites de types B et C.

Quatre cas de coronavirus ont été signalés sur l'île jusqu'à présent. Le gouvernement est en train de produire un million de masques. Le tourisme est un moteur important de l'économie cubaine. Pour l'instant, le gouvernement n'a pas prévu de fermer ses frontières et a renforcé les contrôles à l'entrée.

Source : portafolio.co
Le monde fait face actuellement à un défi majeur : le Covid-19, communément appelé Coronavirus. L’épidémie est partie de la ville chinoise de Wuhan en décembre 2019, s'est répandu à d’autres villes de l’Empire du Milieu pour aujourd’hui, atteindre plus d’une soixantaine de pays des cinq continents. À ce jour, près de 90 000 personnes ont été touchées dont environ 3 000 morts. L’un des derniers pays à être touché par la maladie est la République Dominicaine, avec laquelle nous partageons l’île d’Haïti. En effet, les autorités dominicaines viennent d'annoncer un premier cas, un touriste de nationalité italienne de 62 ans.

Cette situation devrait conduire nos dirigeants politique à prendre des décisions importantes pour protéger notre population face à cette menace qui est à nos portes sachant qu’en tout état de cause, Haïti n’est pas prête à faire face au Covid-19 vu l’état désastreux de nos hôpitaux publics et privés. Haïti est donc un terrain propice pour la propagation d'une telle épidémie.
La priorité devrait être aujourd’hui la prévention c'est-à-dire tout mettre en œuvre pour empêcher l’entrée du virus dans notre pays en renforçant les contrôles aux frontières notamment avec la Dominicanie qui représente, pour l’instant, la plus grande menace pour nous en raison du mouvement important de population qui existe entre les deux pays ainsi que l’intensité des activités commerciales. Outre le fait que tous les individus, Haïtiens ou étrangers, venant d’un pays touchés par le Coronavirus devraient être contrôlés dans nos aéroports, le gouvernement devrait également prendre des mesures plus strictes pour protéger la population.


Chaque semaine ont lieu à plusieurs endroits de la frontière haïtiano-dominicaine des marchés dits binationaux dont celui de Ouanaminthe-Dajabón, dans le département du Nord-est. Ces rassemblements sont le point de rencontre d'une multitude de vendeurs et d’acheteurs Haïtiens et Dominicains. Face à la présence de l’épidémie chez nos voisins de l'Est et son caractère très contagieux, une décision de bon sens serait la fermeture temporaire de ces marchés. En effet, le risque de propagation augmente avec de tels rassemblements, ce qu’a compris la Suisse qui a interdit les rassemblements dépassant 1 000 personnes. La France, de son côté, vient d'interdire tout rassemblement de plus de 5 000 individus.


Quant à la frontière terrestre avec la Dominicanie, longue de 375 kilomètres, des mesures devraient être prises également. Le long de cette frontière, sont installés de points de passage officiels à Ouanaminthe, à Belladère, à Malpasse ou encore à Anse-à-Pitre. La ligne frontalière est aussi parsemée de plusieurs dizaines de points de passage non-officiels sur lesquels les gouvernements haïtien et dominicain ont peu de contrôle. Les douanes à la frontière devraient faire l'objet des mêmes mesures que les aéroports. Quant aux points de passage clandestins, il est plus difficile de les contrôler complètement. Néanmoins, il ne serait pas inutile d'intervenir sur ces points en envoyant des fonctionnaires de police patrouiller dans ces zones. Car, ce qui importe avant tout, c'est protéger nos compatriotes face à ce fléau qui serait terrible pour notre pays.
































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Les lâches ! Ils n'ont point senti, dans leur aveuglement, qu'ils foulaient aux pieds cette constitution qu'ils avaient juré de défendre ! Ils n'ont point compris, ces indignes descendants des fondateurs de notre indépendance que, répudiant l'héritage de nos pères, livraient à l'étranger le sol de la Patrie, tiède encore du sang de leurs ancêtres ! — Faustin Soulouque, Empereur d'Haïti
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Lettre de remerciement du général dominicain Gregorio Luperón au président Nissage Saget

Les présidents haïtiens Fabre Nicolas Geffrard et Nissage Saget ont aidé la République Dominicaine à maintenir sa souveraineté et son indépendance face à la volonté d'une certaine élite emmenée par les présidents Pedro Santana et Buenaventura Baez de livrer le pays à l'Espagne et de redevenir ainsi une colonie. Quant au président Nissage Saget, il a offert l'asile à des résistants dominicains, leur a donné des hommes, des armes, des munitions, de l'argent pour aller libérer leur pays. Ci-dessous, la lettre de remerciement de Gregorio Luperón au président Saget, dans laquelle il a également reconnu que son pays est redevable d'une immense dette envers Haïti en raison de son soutien au peuple dominicain. Une circonstance imprévue m'a emmené à Saint-Marc sur le bateau que je commandais. Votre accueil franc, loyal et sympathique a fait déborder en moi l'instinct de fraternité envers le peuple haïtien, et m'a rendu redevable à votre gouvernement d'une...
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Lettre de refus d'Anténor Firmin à la demande des États-Unis d'affermer le Môle Saint-Nicolas

Joseph Auguste Anténor Firmin, Ministre des Relations extérieures de la République d'Haïti Port-au-Prince, 22 avril 1891 Messieurs les plénipotentiaires, J'ai l'honneur de vous accuser réception à Vos Excellences de votre dépêche du 21 de ce mois, par laquelle vous avez bien voulu m'adresser une copie officielle du document signé par son Excellence le Président des États-Unis et vous investissant de pleins - pouvoirs pour - conférer avec toutes personnes revêtues des mêmes pouvoirs par Haïti, afin de négocier une convention entre les deux gouvernements. En examinant ce document et me référant à l'entrevue que j'eus l'honneur d'avoir avec Vos Excellences le jour même de la réception de votre dépêche, je dois inférer que vos pleins pouvoirs se rapportent à la demande faite le 7 février dernier au gouvernement d'Haïti, par l'honorable amiral Gherardi, en qualité de commissaire spécial des États-Unis, d'exprimer son consentement d'accorder au...
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Haïti : la malédiction blanche

Par Eduardo Galeano, intellectuel uruguayen 6 Avril 2004 Le premier jour de cette année, la liberté a fêté deux siècles de vie dans le monde. Personne ne s’en est rendu compte ou presque. Quelques jours plus tard, le pays de l’anniversaire, Haïti, occupait une certaine place dans les médias ; non pas à cause de cet anniversaire de la liberté universelle, mais parce qu’a été provoqué un bain de sang qui a fini par faire tomber le président Aristide. Haïti a été le premier pays où on a aboli l’esclavage. Toutefois, les encyclopédies les plus répandues et presque tous les textes d’éducation attribuent à l’Angleterre cet honneur historique. Il est vrai qu’un beau jour l’empire a changé d’avis, lui qui avait été le champion mondial du trafic négrier ; mais l’abolition britannique s’est produite en 1807, trois années après la révolution haïtienne, et s’est avérée tellement peu convaincante qu’en 1832 l’Angleterre a dû interdire à nouveau l’esclavage. La négation d’Haïti n’a rien de nouveau....
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La prière de Boukman Dutty

Cette prière a été prononcée par le prêtre vodou, Dutty Boukman, esclave né à la Jamaïque, lors de la cérémonie du Bois-Caïman tenue dans la nuit du 13 au 14 août 1791.  Cérémonie qui a permis quelques jours plus tard le soulèvement général des esclaves et qui constitue l'une des premières marches vers l'indépendance d'Haiti en 1804. Kreyol Bon Dje ki fè latè. Ki fè solèy ki klere nou anwo. Bon Dje ki soulve lanmè. Ki fè gronde loray. Bon Dje nou ki gen zorèy pou tande. Ou ki kache nan nyaj. Kap gade nou kote ou ye la. Ou wè tout sa blan fè nou sibi. Dje Blan yo mande krim. Bon Dje ki nan nou an vle byen fè. Bon Dje nou an ki si bon, ki si jis, li odone vanjans. Se li kap kondui bra nou pou nou ranpote la viktwa. Se li kap ba nou asistans. Nou tout fèt pou nou jete potre dje Blan yo ki swaf dlo lan zye. Koute vwa la libète kap chante lan kè nou. Français Le dieu qui créa la terre, qui créa le soleil qui nous donne la lumière. Le dieu qui détient les océans, qui fait gronder...
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Lettre de Jean-Jacques Dessalines au président Thomas Jefferson des Etats-Unis

Au quartier Général, Habitation de Frère, Plaine du Cul de Sac 23 Juin 1803 Jean Jacques Dessalines, Général en chef de l’Armée de Saint-Domingue à Monsieur le président des Etats-Unis d'Amérique Monsieur Le Président, La Goélette des États-Unis (La Fédérale, Capitaine Neheniah Barr) forcée d’entrer dans le port du Petit Goâve par nos chaloupes en croisière, m’offre l’honneur de vous instruire des événements survenus dans notre malheureuse isle depuis l’arrivée des Français et de la révolution qu’y a occasionné la tirannie de leur gouvernement oppresseur. Lassé de payer par l’effusion de tout notre sang le prix de notre aveugle fidélité à une métropole qui égorge ses enfans , le peuple de Saint Domingue, à l’exemple des nations les plus sages, a secoué le joug de la tirannie et juré l’expulsion de ses bourreaux. Déjà nos campagnes sont purgées de leur aspect; quelques villes leur restent encore, mais n’offrent plus rien à leur avide rapacité. Le...
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Lettre de Toussaint Louverture à Napoléon Bonaparte

Général Toussaint Louverture Militaire et Homme d'État haïtien Citoyen Consul,  Votre lettre m’a été transmise par le citoyen Leclerc, votre beau-frère, que vous avez nommé capitaine-général de cette île : titre qui n’est point reconnu par la constitution de Saint-Domingue. Le même messager a rendu deux enfants innocents aux embrassements et à la tendresse de leur père. Mais quelques chers que me soient mes fils, je ne veux point avoir d’obligation à mes ennemis, et je les renvoie à leurs geôliers. Les forces destinées à faire respecter la souveraineté du peuple français ont aussi effectué une descente ; elles répandent partout le carnage et la dévastation. De quel droit veut-on exterminer, par le fer et par le feu, un peuple grossier, mais innocent ? Nous avons osé former une constitution adaptée aux circonstances. Elle contient de bonnes choses, comme vous en convenez vous-même ; mais il s’y trouve aussi, dites-vous, des articles contraires à la souveraineté du peupl...
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I have a dream : Discours historique de Martin Luther King le 28 Août 1963 à Washington

J e suis heureux de me joindre à vous aujourd’hui pour participer à ce que l’histoire appellera la plus grande démonstration pour la liberté dans les annales de notre nation. Il y a un siècle de cela, un grand Américain qui nous couvre aujourd’hui de son ombre symbolique signait notre Proclamation d’Émancipation. Ce décret capital se dresse, comme un grand phare illuminant d’espérance les millions d’esclaves marqués au feu d’une brûlante injustice. Ce décret est venu comme une aube joyeuse terminer la longue nuit de leur captivité. Mais, cent ans plus tard, le Noir n’est toujours pas libre. Cent ans plus tard, la vie du Noir est encore terriblement handicapée par les menottes de la ségrégation et les chaînes de la discrimination. Cent ans plus tard, le Noir vit à l’écart sur son îlot de pauvreté au milieu d’un vaste océan de prospérité matérielle. Cent ans plus tard, le Noir languit encore dans les coins de la société américaine et se trouve exilé dans son propr...
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Les péchés d'Haïti

Eduardo Hughes Galeano Article écrit par Eduardo Galeano en 1996, journaliste et écrivain uruguayen, est l'une des personnalités les plus en vue de la littérature latino-américaine. Ses livres ont été traduits en plusieurs langues. Ses œuvres les plus connues sont Memoria del fuego (1986) et Las venas abiertas de América Latina (1971). La démocratie haïtienne est née il y a peu de temps. Au cours de sa brève vie, cette créature affamée et malade n'a reçu que des gifles. Elle est née récemment au cours des fêtes de fin d'années de 1991, quand elle a été assassinée par le coup-d'état du général Raoul Cédras. Trois ans plus tard, il a été ressuscité. Après avoir fait entrer et sortir tant de dictateurs militaires, les États-Unis ont fait déposé et remis au pouvoir le président Jean-Bertrand Aristide, qui avait été le premier dirigeant  élu par le vote populaire dans l'histoire d'Haïti et qui avait eu la folie de vouloir un pays moins injuste. Le vote et le vet...
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