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L'occupation américaine d'Haïti 

Au début du XXe siècle, Haïti est l'enjeu d'une tentative allemande pour s'implanter en Amérique et de la volonté des États-Unis de s'assurer le contrôle de la région et de l'accès au canal de Panama, après la guerre contre l'Espagne qui leur permet d'occuper Cuba et Porto-Rico, puis d'acheter les îles Vierges danoises (31 mars 1917). La gabegie et l'instabilité politique chronique du pays favorisent les projets d'intervention des États-Unis. 

La chute du général Antoine Simon, renversé par une révolte paysanne, le 2 août 1911, ouvre une période de troubles, durant laquelle six présidents et trois comités révolutionnaires exercent successivement le pouvoir, quelques semaines ou quelques mois chacun. Le dernier d'entre eux, Guillaume-Sam, fait massacrer ses opposants mulâtres, le 27 juillet 1915, et est lui-même lynché par la foule, le lendemain. La marine des États-Unis, le même jour, occupe Port-au-Prince. L'Occupation durera jusqu'au 21 août 1934.

Une Constitution est rédigée et approuvée lors d'une consultation populaire le mercredi 12 juin 1918 : 98.294 oui contre 769 non (Bulletin des lois et actes, p. 45). Cette Constitution est d'inspiration libérale, mais durant la longue révolte paysanne contre l'Occupation, le seul article appliqué fut l'article spécial qui garantit l'impunité aux forces de l'Occupation et à leurs agents haïtiens. Le pays était alors co-dirigé par le président haïtien et le général commandant les forces d'Occupation.

Le traité du 16 septembre 1915 est l'instrument juridique de cette Occupation. Il place les finances haïtiennes sous le contrôle d'un conseiller financier "proposé" par le président des États-Unis. Les droits de douane sont perçus directement par un Receveur général proposé par le président des États-Unis, pour assurer le remboursement de la dette d'Haïti à l'égard des banques américaines et aussi pour financer la création d'une gendarmerie haïtienne, encadrée par des officiers américains, afin de maintenir l'ordre et notamment réprimer les révoltes suscitées par l'imposition de la corvée. C'est seulement en 1934 que le président Sténio Vincent obtient de Roosevelt la fin de l'Occupation.

Approbation par la Chambre haïtienne le 15 novembre 1915 ; par le Sénat des États-Unis le 28 février 1916. Echange des ratifications le 3 mai 1916.

La Convention


La République d'Haïti et les États-Unis d'Amérique, désirant raffermir et resserrer les liens d'amitié qui existent entre eux par la coopération la plus cordiale et par des mesures propres à leur assurer de mutuels avantages ;

La République d'Haïti, désirant, en outre, remédier à la situation actuelle de ses finances, maintenir l'ordre et la tranquillité sur son territoire, mettre à exécution des plans pour son développement économique et la prospérité de la République et du peuple haïtien ;

Et les États-Unis sympathisant avec ces vues et objets et désirant contribuer à leur réalisation ;

Ont résolu de conclure une Convention à cette fin ;

Et ont été nommés à cet effet comme Plénipotentiaires,

Par le Président de la République d'Haïti :
Monsieur Louis Borno, Secrétaire d'État des Relations Extérieures et de l'Instruction Publique.

Par le Président des États-Unis d'Amérique :
Monsieur Robert Beale Davis Jr., Chargé d'Affaires des États-Unis d'Amérique ;

Lesquels s'étant communiqués leur pleins pouvoirs respectifs trouvés en bonne et due forme, ont convenu de ce qui suit :

Article premier.Le Gouvernement des États-Unis, par ses bons offices, aidera le Gouvernement d'Haïti à développer efficacement ses ressources agricoles, minières et commerciales et à établir sur une base solide les finances haïtiennes.

Article 2.Le Président d'Haïti nommera, sur la proposition du Président des États-Unis, un Receveur général et tels aides et employés qui seront jugés nécessaires pour recouvrer, recevoir et appliquer tous les droits de douanes, tant à l'importation qu'à l'exportation, provenant des diverses douanes et ports d'entrée de la République d'Haïti. 

Le Président d'Haïti nommera, en outre, sur la proposition du Président des États-Unis, un Conseiller financier, qui sera un fonctionnaire attaché au Ministère des Finances, auquel le Secrétaire d'État prêtera une aide efficace pour la réalisation de ses travaux. Le Conseiller financier élaborera un système adéquat de comptabilité publique, aidera à l'augmentation des revenus et à leur ajustement aux dépenses, enquêtera sur la validité des dettes de la République, éclairera les deux Gouvernement relativement à toutes dettes éventuelles, recommandera les méthodes perfectionnées d'encaisser et d'appliquer les revenus et fera au Secrétaire d'État des Finances telles autres recommandations qui peuvent être jugées nécessaires au bien-être et à la prospérité d'Haïti.

Article 3.Le Gouvernement de la République d'Haïti pourvoira, par une loi ou par un décret approprié, à ce que le paiement de tous les droits de douane soit fait au Receveur général ; et il accordera au bureau de la recette et au Conseiller financier toute aide et protection nécessaires à l'exécution des pouvoirs qui leur sont conférés et aux devoirs qui leur sont imposés par les présentes, et les États-Unis, de leur côté, accorderont la même aide et protection. 

Article 4.A la nomination du Conseiller financier, le Gouvernement de la République d'Haïti, en coopération avec le Conseiller financier, collationnera, classera, arrangera et fera un relevé complet de toutes les dettes de la République, de leur montant, caractère, échéance et conditions, des intérêts y afférents, et de l'amortissement nécessaire à leur complet paiement.

Article 5.Toutes les valeurs recouvrées et encaissées par le Receveur général seront appliquées :

1° au paiement des appointements et allocations du Receveur général, de ses auxiliaires et employés et des dépenses du bureau de la recette qui comprendront les appointements et les dépenses du Conseiller financier, les salaires devant être déterminés suivant accord préalable ;
2° à l'intérêt et l'amortissement de la dette publique de la République d'Haïti ;
3° à l'entretien de la police visée à l'article 10 ; et le solde au Gouvernement haïtien pour les dépenses courantes

En faisant ces applications, le Receveur général procédera au paiement des appointements et allocations mensuels, et des dépenses telles qu'elles se présentent ; et au premier de chaque mois, il mettra à un compte spécial le montant des recouvrements et recettes du mois précédent.

Article 6.Les dépenses du bureau de la recette, y compris les allocations et appointements du Receveur général, de ses auxiliaires et employés et les dépenses et salaire du Conseiller financier ne devront pas dépasser 5% (cinq pour cent) des recouvrements et recettes provenant des droits de douane, à moins d'une Convention entre les deux Gouvernements. 

Article 7.Le Receveur général fera un rapport mensuel aux fonctionnaires haïtiens compétents et au Département d'État des États-Unis sur tous les recouvrements, les recettes et les dépenses ; ces rapports seront soumis en tout temps à l'examen et à la vérification des autorités compétentes de chacun des dits Gouvernements.

Article 8.La République d'habit ne devra pas augmenter la dette publique sauf accord préalable avec le Président des États-Unis, ni contracter aucune obligation financière à moins que, les dépenses du Gouvernement défrayées, les revenus de la République, disponibles à cette fin, soient suffisants pour payer les intérêts et pourvoir à un amortissement pour l'extinction complète d'une telle dette.

Article 9.La République d'Haïti, à moins d'une entente préalable avec le Président des États-Unis, ne modifiera pas les droits de douane d'une façon qui en réduirait les revenus ; et, afin que les revenus de la République puissent être suffisants pour faire face à la dette publique et aux dépenses du Gouvernement, pour préserver la tranquillité et promouvoir la prospérité matérielle, le Gouvernement d'Haïti coopérera avec le Conseiller financier dans ses recommandations relatives à l'amélioration des méthodes de recouvrer et de dépenser les revenus et aux sources nouvelles de revenus qui font besoin.

Article 10.Le Gouvernement haïtien, en vue de la préservation de la paix intérieure, de la sécurité des droits individuels et de la complète observance de ce traité s'engage à créer sans délai une gendarmerie efficace, rurale et urbaine, composée d'Haitiens. Cette gendarmerie sera organisée par des officiers Américains nommés par le Président d'Haïti sur la proposition du Président des États-Unis. Le Gouvernement haïtien les revêtira de l'autorité nécessaire et les soutiendra dans l'exercice de leurs fonctions. Ils seront remplacés par des Haïtiens, lorsque ceux-ci, après examen effectué par un comité choisi par l'officier chargé de l'organisation de la gendarmerie, en présence d'un Délégué du Gouvernement haïtien, seront jugés aptes à remplir convenablement leurs fonctions. La gendarmerie ici prévue aura, sous la direction du Gouvernement haïtien, la surveillance et le contrôle des armes et munitions, des articles militaires et du commerce qui s'en fait dans tout le pays. Les Hautes Parties Contractantes reconnaissent que les stipulations de cet article sont nécessaires pour prévenir les luttes des factions et les désordres.

Article 11.Le Gouvernement d'Haïti convient de ne pas céder aucune partie du territoire de la République d'Haïti par vente, bail ou autrement, ni de conférer juridiction sur son territoire à aucune puissance ou gouvernement étranger, ni de signer avec aucune puissance aucun traité ni contrat qui diminuerait ou tendrait à diminuer l'indépendance d'Haïti.

Article 12.Le Gouvernement haïtien convient de signer avec les États-Unis un protocole pour le règlement, par arbitrage ou autrement, de toutes les réclamations pécuniaires pendantes entre les corporations, compagnies, citoyens ou sujets étrangers et Haïti.

Article 13.La République d'Haïti, désirant pousser au développement de ses ressources naturelles, convient d'entreprendre et d'exécuter telles mesures qui, dans l'opinion des deux Hautes Parties Contractantes, peuvent être nécessaires au point de vue de l'hygiène et du développement matériel de la République, sous la surveillance et direction d'un ou de plusieurs ingénieurs qui seront nommés par le Président d'Haïti sur la proposition du Président des États-Unis, et autorisés à cette fin par le Gouvernement d'Haïti.

Article 14.Les deux Hautes Parties Contractantes auront autorité pour assurer, par tous les moyens nécessaires, l'entière exécution des clauses de la présente Convention et les États-Unis, le cas échéant, prêteront leur aide efficace pour la préservation de l'Indépendance haïtienne et pour le maintien d'un Gouvernement capable de protéger la vie, la propriété et la liberté individuelle.

Article 15. Le présent Traité sera approuvé et ratifié par les Hautes Parties Contractantes conformément à leurs lois respectives, et les ratifications seront échangées dans la ville de Washington aussitôt que possible.

Article 16. Le présent Traité restera en force et vigueur pendant une durée de dix ans à partir du jour de l'échange de ratifications, et en outre pour une autre période de dix ans si, suivant des raisons précises formulées par l'une ou l'autre des Hautes Parties Contractantes, les vues et objets de la Convention ne sont pas accomplis.

En foi de quoi, les Plénipotentiaires respectifs ont signés la présente Convention en double, en anglais et en français, et y ont apposé leurs sceaux.

Fait à Port-au-Prince (Haïti) le 16 septembre, de l'année de notre Seigneur 1915.


Robert Beales Davis Jr.
Chargé d'Affaires des États-Unis d'Amérique

Louis Borno
Secrétaire d'État des Relations Extérieures et de l'instruction Publique.


Source : Digithèque MJP Université de Perpignan 
http://mjp.univ-perp.fr/constit/ht1915.htm

Le Général Jean-Jeacques Dessalines, après avoir battu à Vertières, le 18 novembre 1803, les forces françaises commandées par le Général Rochambeau, infligeant ainsi à Napoléon Bonaparte sa première grande défaite militaire, proclame l'indépendance d'Haïti, le 1er janvier 1804 dans la ville des Gonaïves. 

La France attend 1825 pour reconnaître cette indépendance. Le président Jean-Pierre Boyer accepte de payer 150 millions de francs, afin d'indemniser les colons expropriés. Après avoir versé 30 millions, Haïti obtient en 1938 que le reliquat de la dette soit réduit à 60 millions et un traité de paix et d'amitié est alors signé pour régler définitivement le contentieux. 

Traité de paix et d'amitié

(signé à Port-au-Prince, le 12 février 1838)

Au nom de la très-sainte et indivisible Trinité.

S.M. le roi des Français et le Président de la République d'Haïti, désirant établir sur des bases solides et durables les rapports d'amitié qui doivent exister entre la France et Haïti, ont résolu de les régler par un Traité, et ont choisi à cet effet pour Plénipotentiaires, savoir :

S.M. le roi des Français : les sieurs Emmanuel-Pons-Dieudonné, baron de Las Cases, et Charles Baudin, Capitaine de vaisseau de la marine royale.

Le Président de la République d'Haïti : le Général de brigade Joseph-Balthazar Inginac, Secrétaire-général ; le sénateur Marie-Élisabeth-Eustache Frémont, Colonel, son aide-de-camp ; les sénateurs Dominique-François Labbée et Alexis Beaubrun Ardouin, et le citoyen Louis-Mesmin Seguy Villevaleix, Chef des bureaux de la Secrétairerie générale.

Lesquels, après avoir échangé leurs pleins pouvoirs respectifs, et les avoir trouvés en bonne et due forme, sont convenus des articles suivants : 
Article premier. 

S.M. le roi des Français reconnaît pour lui, ses héritiers et successeurs, la République d'Haïti comme État libre, souverain et indépendant. 
Article 2. 

Il y aura paix constante et amitié perpétuelle entre la France et la République d'Haïti, ainsi qu'entre les citoyens des deux États, sans exception de personnes ni de lieux. 
Article 3. 

S.M. le roi des Français et le Président de la République d'Haïti se réservent de conclure le plus tôt possible, s'il y a lieu, un traité spécialement destiné à régler les rapports de commerce et de navigation entre la France et Haïti. En attendant, il est convenu que les Consuls, les citoyens, les navires et les marchandises ou produits de chacun des deux pays jouiront à tous égards, dans l'autre, du traitement accordé ou qui pourra être accordé à la nation la plus favorisée ; et ce, gratuitement, si la concession est gratuite, ou avec la même compensation, si la concession est conditionnelle. 
Article 4. 

Le présent Traité sera ratifié et les ratifications en seront échangées à Paris, dans un délai de trois mois ou plus tôt, si faire se peut.

En foi de quoi, nous Plénipotentiaires, soussignés, avons signé le présent Traité et y avons apposé notre sceau.

Emma Baron de Las Cases, Membre de la Chambre des Députés de France, Charles Baudin. 

B. Inginac, E. Frémont, Labbée, B.Ardouin, Seguy Villevaleix. 

Source : Le Moniteur haïtien, 1825, n° 222


Cayenne, ce 1er janvier 2004

Salutations de Christiane TAUBIRA, Députée de Guyane

Peuple d’Ayti,

Chers amis, frères et sœurs en lutte et en espérance,


Nous sommes des millions, dans le monde, à éprouver aujourd’hui, à la fois une fierté infinie et une souffrance immense, âcre, taraudante. Cette fierté, je la tire, personnellement, de ma rencontre, il y a près de trente ans avec l’histoire sublime et déjà douloureuse d’Ayti. Cette Histoire m’a construite dans mon intimité, elle a commencé à me rétablir dans mon identité ébranlée par l’aliénation dominante en mon pays de Guyane, elle a contribué à inspirer mon éthique de vie. Je lui dois plus que je ne pourrai jamais rendre.

Mais cette Histoire ne cesse de me troubler et de me tourmenter. Elle m’étourdit par les chemins sinueux, rocailleux, parois infernaux qu’elle emprunte. Elle m’éblouit toujours autant par la générosité de sa première Constitution. Elle me fascine toujours par la démesure et le génie de ceux de ses fils et de ses filles qui, de la bataille de Vertières à aujourd’hui, ont empoigné son destin et l’ont étreint au point de s’y confondre et parfois de s’y perdre, ceux et celles qui ont bravé la violence d’Etat pour donner corps à leurs rêves d’une terre redevenue libre de toute oppression, ceux et celles qui ont offert et offrent encore au monde les plus belles histoires, les plus beaux tableaux, les plus belles romances, les plus beaux contes où la joie de vivre dévisage la misère sans détourner le regard, où le désespoir côtoie une folle persévérance à croire en demain, où les gens ordinaires deviennent héros par le simple miracle de la part indestructible de l’âme humaine.

Ce n’est pas à moi seule que le peuple d’Ayti a ouvert les avenues d’un monde de justice et de fraternité. Ce fut aussi au monde noir, dans son entier, qui y reconnaît la première République Indépendante, arrachée puis codifiée par d’anciens esclaves, édifiée à la morgue de l’empire colonial. Ce fut aussi cadeau pour le monde opprimé dans sa quête de référence et de modèle dans un univers non seulement hostile, mais qui, comme l’assénait Frantz Fanon, déjà s’emparait de son passé pour le défigurer, le distordre. Les opprimés, les évadés de toute servitude, trouvèrent, dans la première Constitution d’Ayti cette perle de fraternité qui offrait liberté et nationalité à tous ceux qui foulaient ce sol encore fumant. Mais ce fut aussi leçon pour le monde entier. Car cette lutte de libération qui commença par l’insurrection libératrice de l’esclavage, était un combat pour les droits de l’homme. Elle sauva la face et donna consistance à la première Déclaration Universelle des droits de l’homme. De ses principes magnifiques étaient exclus les femmes d’Europe et les hommes et les femmes du monde que l’Europe traitait de meubles dans ses Codes Noirs et de cheptel dans la comptabilité de ses plantations. Ce monde de justice et de fraternité accoucha dans une incommensurable douleur et une effroyable violence. Nous ne pouvons recevoir le fruit sans les épines. Un proverbe africain dit que le crayon du Bon Dieu n’a pas de gomme. Je crois aussi que la gomme est une invention humaine. Aucun dieu, d’aucune culture, d’aucune époque n’a su effacer les pâtés d’encre, les bavures, les ratures, les trous de ses écritures brutales. Seuls les hommes réécrivent l’Histoire. Ils peuvent le faire dans les livres. Il arrive qu’ils soient impuissants à en supprimer les effets ataviques dans la conscience commune et les comportements. Et la spirale des violences y trouve un vivier de prétextes.

Aujourd’hui, ce devait être jour de fête dans le monde entier. C’est liesse amère.

Honneur et respect au peuple paysan d’Ayti qui, en dignité et en courage, a sué sang et vaillance pour honorer la rançon d’Indépendance. Hommage aux femmes qui, par leur travail invisible et gratuit, ont apporté leur part à ce tribut inqualifiable. Honneur aux enfants d’Ayti qui affrontèrent un destin rétréci, privés d’éducation et de tous les bienfaits qu’aurait offert le travail de leurs parents s’il n’avait été confisqué.

Nul n’est fondé, quel que soit son titre, quelles que soient ses ruses, et même s’il vous ressemble, nul n’est fondé à vous détrousser de ce glorieux passé qui fut un douloureux quotidien.

Honneur et respect aux jeunes d’Ayti, conscients qu’ils peuvent être un phare pour l’avenir du monde si leur courage et leur audace enfantent victoire.

Honneur et respect pour les femmes d’Ayti qui toisent le danger, apprivoisent la peur et relèvent leurs hommes lorsqu’ils vacillent.

Les fils et les filles d’Ayti qui ont essaimé dans le monde tissent la toile robuste et ductile qui répandra les nouvelles conquêtes humanistes forgées sur cette terre caraïbe, s’ils savent les éclairer de la lumière des lieux où ils demeurent.

Je m’incline devant la bravoure avec laquelle, jour après jour, obstinément, vous arrosez la certitude hardie que la liberté, la justice, la solidarité, la vie dans son cœur de cristal, refleuriront tantôt. Tous ceux qui tournent le regard vers cette moitié d’île avec respect et bienveillance, retrouvent en vous les dignes descendants de ces géants de tous les talents qui, à chaque génération, ont sculpté dans le granit de la mémoire du monde les contours d’Ayti, terre de liberté et de fraternité.

Que cette année resplendisse de nos espoirs et de notre force pour que reviennent des jours ensoleillés de joie et de bonheur. Pour chacun et pour tous.











Lorsque, dans le cours des événements humains, il devient nécessaire pour un peuple de dissoudre les liens politiques qui l'ont attaché à un autre et de prendre, parmi les puissances de la Terre, la place séparée et égale à laquelle les lois de la nature et du Dieu de la nature lui donnent droit, le respect dû à l'opinion de l'humanité oblige à déclarer les causes qui le déterminent à la séparation.

Nous tenons pour évidentes pour elles-mêmes les vérités suivantes : tous les hommes sont créés égaux ; ils sont doués par le Créateur de certains droits inaliénables; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur. Les gouvernements sont établis parmi les hommes pour garantir ces droits, et leur juste pouvoir émane du consentement des gouvernés. Toutes les fois qu'une forme de gouvernement devient destructive de ce but, le peuple a le droit de la changer ou de l'abolir et d'établir un nouveau gouvernement, en le fondant sur les principes et en l'organisant en la forme qui lui paraîtront les plus propres à lui donner la sûreté et le bonheur. La prudence enseigne, à la vérité, que les gouvernements établis depuis longtemps ne doivent pas être changés pour des causes légères et passagères, et l'expérience de tous les temps a montré, e n effet, que les hommes sont plus disposés à tolérer des maux supportables qu'à se faire justice à eux-mêmes en abolissant les formes auxquelles ils sont accoutumés.

Mais lorsqu'une longue suite d'abus et d'usurpations, tendant invariablement au même but, marque le dessein de les soumettre au despotisme absolu, il est de leur droit, il est de leur devoir de rejeter un tel gouvernement et de pourvoir, par de nouvelles sauvegardes, à leur sécurité future. Telle a été la patience de ces Colonies, et telle est aujourd'hui la nécessité qui les force à changer leurs anciens systèmes de gouvernement. L'histoire du roi actuel de Grande-Bretagne est l'histoire d'une série d'injustices et d'usurpations répétées, qui toutes avaient pour but direct l'établissement d'une tyrannie absolue sur ces États.

Pour le prouver, soumettons les faits au monde impartial :

Il a refusé sa sanction aux lois les plus salutaires et les plus nécessaires au bien public.

Il a défendu à ses gouverneurs de consentir à des lois d'une importance immédiate et urgente, à moins que leur mise en vigueur ne fût suspendue jusqu'à l'obtention de sa sanction, et des lois ainsi suspendues, il a absolument négligé d'y donner attention.

Il a refusé de sanctionner d'autres lois pour l'organisation de grands districts, à moins que le peuple de ces districts n'abandonnât le droit d'être représenté dans la législature, droit inestimable pour un peuple, qui n'est redoutable qu'aux tyrans.

Il a convoqué des Assemblées législatives dans des lieux inusités, incommodes et éloignés des dépôts de leurs registres publics, dans la seule vue d'obtenir d'elles, par la fatigue, leur adhésion à ses mesures. À diverses reprises, il a dissous des Chambres de représentants parce qu'elles s'opposaient avec une mâle fermeté à ses empiétements sur les droits du peuple. Après ces dissolutions, il a refusé pendant longtemps de faire élire d'autres Chambres de représentants, et le pouvoir législatif, qui n'est pas susceptible d'anéantissement, est ainsi retourné au peuple tout entier pour être exercé par lui, l'État restant, dans l'intervalle, exposé à tous les dangers d'invasions du dehors et de convulsions au-dedans.

Il a cherché à mettre obstacle à l'accroissement de la population de ces États. Dans ce but, il a mis empêchement à l'exécution des lois pour la naturalisation des étrangers; il a refusé d'en rendre d'autres pour encourager leur émigration dans ces contrées, et il a élevé les conditions pour les nouvelles acquisitions de terres. Il a entravé l'administration de la justice en refusant sa sanction à des lois pour l'établisse ment de pouvoirs judiciaires.

Il a rendu les juges dépendants de sa seule volonté, pour la durée de leurs offices et pour le taux et le paiement de leurs appointements.

Il a créé une multitude d'emplois et envoyé dans ce pays des essaims de nouveaux employés pour vexer notre peuple et dévorer sa substance. Il a entretenu parmi nous, en temps de paix, des armées permanentes sans le consentement de nos législatures. Il a affecté de rendre le pouvoir militaire indépendant de l'autorité civile et même supérieur à elle. Il s'est coalisé avec d'autres pour nous soumettre à une juridiction étrangère à nos Constitutions et non reconnue par nos lois, en donnant sa sanction à des actes de prétendue législation ayant pour objet : de mettre en quartier parmi nous de gros corps de troupes armées; de les protéger par une procédure illusoire contre le châtiment des meurtres qu'ils auraient commis sur la personne des habitants de ces États; de détruire notre commerce avec toutes les parties du monde; de nous imposer des taxes sans notre consentement; de nous priver dans plusieurs cas du bénéfice de la procédure par jurés; de nous transporter au-delà des mers pour être jugés à raison de prétendus délits; d'abolir dans une province voisine le système libéral des lois anglaises, d'y établir un gouvernement arbitraire et de reculer ses limites, afin de faire à la fois de cette province un exemple et un instrument propre à introduire le même gouvernement absolu dans ces Colonies; de retirer nos chartes, d'abolir nos lois les plus précieuses et d'altérer dans leur essence les formes de nos gouvernements ; de suspendre nos propres législatures et de se déclarer lui-même investi du pouvoir de faire des lois obligatoires pour nous dans tous les cas quelconques.

Il a abdiqué le gouvernement de notre pays, en nous déclarant hors de sa protection et en nous faisant la guerre. Il a pillé nos mers, ravagé nos côtes, brûlé nos villes et massacré nos concitoyens. En ce moment même, il transporte de grandes armées de mercenaires étrangers pour accomplir l'oeuvre de mort, de désolation et de tyrannie qui a été commencée avec des circonstances de cruauté et de perfidie dont on aurait peine à trouver des exemples dans les siècles les plus barbares, et qui sont tout à fait indignes du chef d'une nation civilisée. Il a excité parmi nous l'insurrection domestique, et il a cherché à attirer sur les habitants de nos frontières les Indiens, ces sauvages sans pitié, dont la manière bien connue de faire la guerre est de tout massacrer, sans distinction d'âge, de sexe ni de condition.

Dans tout le cours de ces oppressions, nous avons demandé justice dans les termes les plus humbles ; nos pétitions répétées n'ont reçu pour réponse que des injustices répétées. Un prince dont le caractère est ainsi marqué par les actions qui peuvent signaler un tyran est impropre à gouverner un peuple libre.

Nous n'avons pas non plus manqué d'égards envers nos frères de la Grande-Bretagne. Nous les avons de temps en temps avertis des tentatives faites par leur législature pour étendre sur nous une injuste juridiction. Nous leur avons rappelé les circonstances de notre émigration et de notre établissement dans ces contrées. Nous avons fait appel à leur justice et à leur magnanimité naturelle, et nous les avons conjurés, au nom des liens d'une commune origine, de désavouer ces usurpations qui devaient inévitablement interrompre notre liaison et nos bons rapports. Eux aussi ont été sourds à la voix de la raison et de la consanguinité. Nous devons donc nous rendre à la nécessité qui commande notre séparation et les regarder, de même que le reste de l'humanité, comme des ennemis dans la guerre et des amis dans la paix.

En conséquence, nous, les représentants des États-Unis d'Amérique, assemblés en Congrès général, prenant à témoin le Juge suprême de l'univers de la droiture de nos intentions, publions et déclarons solennellement au nom et par l'autorité du bon peuple de ces Colonies, que ces Colonies unies sont et ont le droit d'être des États libres et indépendants; qu'elles sont dégagées de toute obéissance envers la Couronne de la Grande-Bretagne; que tout lien politique entre elles et l'État de la Grande-Bretagne est et doit être entièrement dissous; que, comme les États libres et indépendants, elles ont pleine autorité de faire la guerre, de conclure la paix, de contracter des alliances, de réglementer le commerce et de faire tous autres actes ou choses que les États indépendants ont droit de faire; et pleins d'une ferme confiance dans la protection de la divine Providence, nous engageons mutuellement au soutien de cette Déclaration, nos vies, nos fortunes et notre bien le plus sacré, l'honneur.

Thomas Jefferson

Permettez-moi un commentaire initial qu’il faut prendre comme faisant parti des points préalablement soulevés par les délégations du Brésil, de la Chine, de l’Inde, et de la Bolivie — nous demandions la parole mais il n’a pas été possible de la prendre.
La représentante de la Bolivie — j’en profite pour saluer le président Evo Morales, qui est là-bas(Applaudissements), président de la République de la Bolivie — a dit parmi d’autres choses — j’ai pris note — : « Le texte présenté n’est pas démocratique, il n’est pas inclusif ».
J’arrivais à peine et nous nous asseyions quand nous entendons la Présidente de la séance précédente, la Ministre, dire qu’il y avait un document là, mais que personne ne connaît. J’ai demandé ce document, nous ne l’avons pas encore ; je crois que personne ne sait rien de ce document, top secret. Maintenant, certainement la camarade bolivienne l’a dit : « Il n’est pas démocratique, il n’est pas inclusif ».
Maintenant, mesdames, messieurs : est-ce que n’est pas précisément la réalité de ce monde ? Est-ce que nous sommes dans un monde démocratique ? Est-ce que le système mondial est inclusif ? Pouvons-nous attendre quelque chose de démocratique, inclusif du système mondial actuel ? Ce que nous vivons sur cette planète est une dictature impériale et depuis ici nous continuons de la dénoncer : A bas la dictature impériale et que vivent les peuples, la démocratie et l’égalité sur cette planète ! (Applaudissements).
Ce que nous voyons ici est reflet de cela : une exclusion. Il y a un groupe de pays qui se croient supérieurs à nous ceux du Sud, à nous le Tiers Monde, à nous les sous-développés, ou comme dit mon grand ami Eduardo Galeano, nous les pays écrasés comme écrasés par un train qui nous a roulé dessus durant l’histoire.
Ne nous étonnons donc pas de cela, ne nous étonnons pas : Il n’y a pas de démocratie dans le monde, et ici nous sommes, une fois encore, devant une preuve de la puissante dictature impériale mondiale.
Ici deux jeunes hommes sont montés [NDT : il parle de deux militants de Greenpeace], heureusement, les agents de l’ordre ont été décents, quelques poussées par là, et ils ont collaboré : non ?
Là-dehors il y a beaucoup de gens : vous le savez ? Clairement ils ne tiennent pas dans ce salon. J’ai lu dans la presse qu’il y a eu de multiples détentions, de multiples protestations intenses là dans les rues de Copenhague, et je veux saluer tous ces gens qui sont là-dehors, la plupart d’entre eux sont des jeunes(Applaudissements). Certes, ce sont des jeunes gens préoccupés beaucoup plus que nous je crois, et avec juste raison par l’avenir du monde. La majorité de ceux qui sont ici ont le soleil dans le dos ; ceux qui sont dehors ont le soleil devant eux et ils s’inquiètent beaucoup.
On pouvait me dire, monsieur le président, un fantôme parcourt le Copenhague, en paraphrasant Karl Marx, le grand Karl Marx. Un fantôme parcourt les rues de Copenhague, et je crois que ce fantôme marche en silence dans cette salle, il passe entre nous, il passe par les couloirs, sort par dessous, monte. Ce fantôme est un fantôme épouvantable, presque personne ne veut le nommer. Le capitalisme est le fantôme ! (Applaudissements) Presque personne ne veut le nommer, c’est le capitalisme. Là les peuples rugissent, là dehors ils sont entendus.
J’ai lu plusieurs slogans qui sont peints dans les rues, et je crois que les slogans de ces jeunes gens j’en ai entendu certains quand son venu le jeune homme et la jeune fille là-bas. Il y en a deux que j’ai noté, deux slogans puissants entendus parmi d’autres :
L’un est : « Ne changez pas le climat, changez le système » (Applaudissements), et je prends cette phrase pour nous : Ne changeons pas le climat, changeons le système et, par conséquent, nous commencerons à sauver la planète. Le capitalisme, le modèle de développement destructif est entrain d’en finir avec la vie, et menace certainement d’en finir avec l’espèce humaine.
L’autre phrase pousse à la réflexion, très en phase avec la crise bancaire qui a parcourue le monde et qui le frappe encore, et la manière dont les pays riches du Nord ont aidé les banquiers et les grandes banques ; les seuls États-Unis pour sauver des banques…, bon, j’ai perdu le chiffre, mais c’est astronomique. Ils disent dans les rues : « Si le climat était une banque, ils l’auraient déjà sauvé », et je crois que c’est vrai(Applaudissements). Si le climat était une banque capitaliste, les plus grands, les gouvernements riches l’auraient déjà sauvé.
Je crois qu’Obama n’est pas arrivé, il a reçu le Prix Nobel de la Paix presque le même jour où il envoyait encore 30 000 soldats pour tuer des innocents en Afghanistan, et il vient se présenter maintenant ici avec le Prix Nobel de la Paix le Président des États-Unis.
Les États-Unis ont la petite machine pour faire des billets, pour faire des dollars et ils ont sauvé…, bon, ils croient avoir sauvé les banques et le système capitaliste.
Bien, je ferme la parenthèse, c’est cela que je voulais faire là-bas, parce que nous levions la main pour accompagner le Brésil, l’Inde, la Bolivie, et la Chine, dans leur position intéressante que le Venezuela et les pays de l’Alliance Bolivarienne [NDT : l’Alba] partagent avec fermeté ; mais, bon, ils ne nous ont pas donné la parole, ne me comptez pas ces minutes, s’il vous plaît, Président, c’était pour dire cela(Applaudissements).
Eh bien, soyez fixés, en venant là j’ai eu le goût de connaître cet écrivain français, Hervé Kempf. Je recommande ce livre, je le recommande, il est traduit en espagnol — il est là Hervé — aussi en français, et en anglais sûrement, Comment les riches détruisent la planète, de Hervé Kempf. En cela il dit ce que le Christ a dit : « Il sera plus facile de faire passer un chameau dans le chas d’une aiguille, que de faire entrer un riche dans le royaume des cieux ». Le Christ Notre Seigneur a dit cela (Applaudissements).
Les riches détruisent la planète. Est-ce que cela veut dire qu’ils pensent partir ailleurs quand ils auront détruit ici, ils ont des plans pour partir pour une autre planète ? Jusqu’à présent onr n’a rien vu sur l’ensemble de la galaxie.
À peine j’ai reçu ce livre — Ignacio Ramonet me l’a offert, il est aussi ici dans la salle — et en terminant le prologue ou le préambule il y a cette phrase très importante. Kempf dit ceci : « Nous ne pourrons pas réduire la consommation matérielle au niveau mondial si nous ne faisons pas en sorte que les puissants descendent de quelques marches, et si nous ne combattons pas l’inégalité ; il est nécessaire d’avoir en tête le principe de base écologiste, si utile à l’heure de prendre conscience : penser globalement et agir localement, additionnons-y le principe qu’impose la situation : moins consommer et mieux distribuer ». Je crois que c’est un bon conseil que nous donne cet écrivain français Hervé Kempf.
Et bien, monsieur le président, le changement climatique est, sans doute, le problème environnemental le plus dévastateur de ce siècle : des inondations, des sécheresses, des orages violents, des ouragans, le dégel, la montée du niveau moyen de la mer, l’acidificacion des océans et des vagues de chaleur, tout cela accentue l’impact des crises globales qui nous frappent.
L’actuelle activité humaine surpasse les seuils de soutenabilité en mettant en danger la vie sur la planète ; mais face à cela aussi nous sommes profondément inégaux, je veux le rappeler. Les 500 millions de personnes les plus riches : cinq cents millions !, c’est 7% : sept pour cent !, seven percent de la population mondiale. Ceux là, les 7% sont responsables, ces 500 millions de personnes les plus riches sont responsables de 50% des émissions polluantes, tandis que les 50% plus pauvres sont responsable de seulement 7% des émissions polluantes.
C’est pourquoi j’attire l’attention, il est un peu bizarre de placer ici les États-Unis et la Chine au même niveau. Les États-Unis ont environ 300 millions d’habitants ; la Chine a presque cinq fois plus population que les États-Unis. Les États-Unis consomment plus de 20 millions de barils de pétrole quotidiens, la Chine arrive à peine à 5 ou 6 millions de barils quotidiens. On ne peut pas demander la même chose aux États-Unis et à la Chine. Je crains que là il faille discuter.
Que nous pouvions les chefs de l’état et de gouvernement nous asseoir et discuter vraiment, vraiment, de ces sujets.
Ensuite, monsieur le président, 60% des écosystèmes de la planète sont abîmés, 20% de l’écorce terrestre est dégradé. Nous avons été les témoins impassibles de la déforestation, de la transformation des terres, de la désertification, des altérations des cours d’eau douce, la surexploitation des ressources de la mer, de la contamination et de la perte de la diversité biologique. L’utilisation exacerbée de la terre dépasse de 30% sa capacité de régénération. La planète perd sa capacité de s’autoréguler, cela la planète le perd ; chaque jour plus d’ordures qui ne peut en être absorbé sont produites. La survie de notre espèce martèle la conscience de l’humanité.
Malgré l’urgence, deux ans de négociations se sont écoulés pour conclure une deuxième période de compromis sous le Protocole de Kyoto et nous assistons à ce rendez-vous qui se terminera sans accord réel et significatif.
Et, certes, sur le texte qui ne vient d’on ne sait où — comme l’a qualifié le représentant chinois — le Venezuela dit et les pays de l’Alba nous disons, que nous n’acceptons pas, comme nous l’avons déjà dit, aucun autre texte qui n’est pas celui qui provient des groupes de travail, du Protocole de Kyoto et de la Convention, ce sont les textes légitimes qui étaient discutés avec tant d’intensité durant ces dernières années et depuis des heures ici. Je crois que vous n’avez pas dormi ; en plus de cela vous n’avez pas déjeuné, vous n’avez pas dormi : hein ? Il ne me semble pas logique que sorte un document « qui vient de nulle part », comme on dit.
L’objectif scientifiquement soutenable pour la réduction des émissions de gaz polluants est d’obtenir un accord de coopération a long terme, et on dirait bien, aujourd’hui, à cette heure, que cela semble avoir échoué, pour l’instant. Quelle est la raison ? Sans aucun doute la raison est l’attitude irresponsable et le manque de volonté politique des nations les plus puissantes de la planète.

Personne ne doit se sentir offensé, je recours au grand José Gervasio Artigas qui a dit : « Avec la vérité pas d’offense pas de peur » ; mais, en vérité c’est une attitude irresponsable, d’avancées, de reculs, d’exclusion, d’une manière élitiste d’un problème qui se posent à tous et que nous pourrons seulement résoudre tous ensemble.

Le conservatisme politique et l’égoïsme des grands consommateurs, des pays les plus riches dénotent une haute insensibilité et un manque de solidarité envers les plus pauvres, les affamés, les plus vulnérables aux maladies, aux catastrophes naturelles.
Monsieur le président, un nouvel accord unique applicable est indispensable. Un accord unique appliqué à des parties absolument inégales, de part l’ampleur de leurs contributions et de leurs capacités économiques, financières et technologiques et qui est basée sur le respect stricte des principes contenus dans la Convention.
Les pays développés devraient établir des compromis inaliénables, clairs et concrets dans la diminution substantielle de leurs émissions et assumer les obligations d’assistance financière et technologique aux pauvres pays, pour faire face aux dangers destructeurs du changement climatique. En ce sens, la singularité des états insulaires et des pays les moins développés devrait être pleinement reconnue.
Monsieur le président, le changement climatique n’est pas le seul problème qui affecte aujourd’hui l’humanité ; d’autres fouets et injustices nous guettent, le fossé qui sépare les pays riches et pauvres n’a pas arrêté de s’agrandir, malgré tous les Objectifs du Millénaire, le Sommet de Monterrey sur le financement, tous ces sommets — comme le disait ici le Président du Sénégal, en dénonçant une grande vérité, des promesses et des promesses et des promesses inaccomplies, et le monde continue sa marche destructive.
Le total des revenus des 500 individus les plus riches du monde est supérieur aux total des revenus des 416 millions des personnes les plus pauvres. 2 800 millions de personnes vivent dans la pauvreté, avec moins de deux dollars par jour, cela représente 40% de la population globale : 40% de la population globale ! Qui obtiennent seulement 5% des revenus mondiaux.
Aujourd’hui environ 9,2 millions d’enfants par an meurent avant d’atteindre la cinquième année de vie, et 99,9% de ces morts arrivent dans les pays pauvres. Dans ces pays le taux de mortalité infantile est de 47 morts pour 1 000 naissances ; mais il est de seulement 5 pour 1 000 dans les pays riches. L’espérance de vie de la planète est de 67 ans, dans les pays riches elle est de 79, tandis que dans plusieurs nations pauvres cet âge est de seulement 40 ans.
S’ajoutent les 1 100 millions d’habitants qui n’ont pas accès à l’eau potable ; 2 600 millions sans service d’assainissement ; plus de 800 millions d’analphabètes et 1 020 millions de personnes affamées. C’est là la scène du monde.
Maintenant, la cause : quelle est la cause ? Parlons de la cause, ne fuyons pas les responsabilités, ne fuyons pas la profondeur de ce problème. La cause, sans doute — je reviens au sujet — de tout ce panorama désastreux est le système métabolique, destructif du capital et de son modèle incarné : le capitalisme.
Ici il y a une citation que je veux vous lire, brièvement, de ce grand théologien de la Libération, Leonardo Boff, comme nous savons, un brésilien, nuestroamericano.
Leonardo Boff dit, sur ce sujet, ce qui suit : « Quelle est la cause ? Ah !, la cause est le rêve de chercher le bonheur à travers de l’accumulation matérielle et le progrès sans fin, en utilisant pour cela la science et la technique, avec lesquelles toutes les ressources de la Terre peuvent être exploités sans bornes », et il cite ici Charles Darwin et sa sélection naturelle, la survie des plus forts ; mais nous savons que les plus forts survivent sur les cendres des plus faibles.
Jean Jacques Rousseau — faut-il toujours le rappeler — disait cela : « Entre le fort et le faible la liberté opresse ». C’est pourquoi l’empire parle de liberté, c’est la liberté pour opresser, pour envahir, pour assassiner, pour anéantir, pour exploser, c’est sa liberté. Et Rousseau ajoute la phrase salvatrice : « Seule la loi libère ».
Il y a plusieurs pays qui jouent à « ici il n’y a pas de document [secret] », parce que précisément ils ne veulent pas de loi, ils ne veulent pas de norme, parce que l’inexistence de cette norme leur permet de jouer leur liberté exploitante, leur liberté irrésistible. [immuable ?]
Faisons un effort et pressons-nous, ici et dans les rues, pour que sorte d’ici un compromis, que l’on sorte un document qui engage les pays les plus puissants de la Terre ! (Applaudissements).
Je vous demande, Président, Leonardo Boff : l’avez-vous connu, Boff ? Je ne sais pas s’il a pu venir Leonardo, je l’ai connu il y a peu au Paraguay ; je l’ai toujours lu — : « Une Terre finie peut-elle supporter un projet infini ? » La thèse du capitalisme : le développementisme infini, c’est un modèle destructif, acceptons-le.
Ensuite Boff nous demande : « Qu’est-ce que nous pourrions attendre de Copenhague ? ». À peine cette confession simple : ainsi que nous sommes nous ne pouvons pas continuer, et une intention simple : Allons-nous changer d’une direction ? Faisons-le, mais sans cynisme, sans mensonges, sans doubles calendriers, sans documents « venus de nulle part », avec la vérité en avant.
Jusqu’à quand, nous demandons-nous depuis le Venezuela, monsieur le président, mesdames, messieurs, jusqu’à quand allons-nous permettre de telles injustices et inégalité ? Jusqu’à quand allons-nous tolérer l’actuel ordre économique international et les mécanismes de marché en vigueur ? Jusqu’à quand allons-nous permettre que de grandes épidémies comme le Sida frappe des populations entières ?
Jusqu’à quand allons-nous permettre que les affamés ne puissent pas se nourrir ni nourrir leurs propres enfants ? Jusqu’à quand allons-nous permettre que des millions d’enfants continuent de mourir de maladies guérissables ? Jusqu’à quand allons-nous permettre des conflits armés qui massacrent des millions d’êtres humains innocents, pour s’approprier le pouvoir sur les ressources d’autres peuples ?
Arrêtez les agressions et les guerres, nous demandons nous les villages du monde aux empires, à ceux qui cherchent à continuer de dominer le monde et nous exploitent ! Plus de bases militaires impériales ni de coups d’État !
Construisons un ordre économique et social plus juste et équitable. Éradiquons la pauvreté. Arrêtons tout de suite les hauts niveaux d’émission, freinons la dégradation de l’environnement et évitons la grande catastrophe du changement climatique. Intégrons-nous dans le noble objectif d’être tous plus libres et solidaires !
Monsieur le président, il y a deux siècles presque un vénézuélien universel, un libérateur de nations et un précurseur de consciences, a laissé pour la postérité un apophtegme empli de volonté : « Si la nature s’oppose, nous lutterons contre elle et nous ferons qu’elle nous obéit ». C’était Simón Bolívar, Le Libérateur.
Depuis le Venezuela bolivarien, où un jour comme aujourd’hui, certes, depuis 10 ans exactement nous vivons la plus grande tragédie climatique de notre histoire, la tragédie de Vargas, comme on l’appelle ; depuis ce Venezuela dont la révolution essaie de conquérir une justice pour tout son peuple, ce qui est seulement possible par le chemin du socialisme…
Le socialisme, l’autre fantôme dont parlait Karl Marx, celui-là marche aussi par là ; ou plutôt c’est comme un contre-fantôme. Le socialisme, c’est la direction, c’est la direction pour le salut de la planète, je n’ai pas de moindre doute. Et le capitalisme est le chemin vers l’enfer, vers la destruction du monde.
Le socialisme, depuis ce Venezuela qui affronte les menaces de l’empire nord-américain, depuis ces pays nous façonnons l’ALBA, l’Alliance Bolivarienne, nous exhortons, avec respect, mais de tout mon âme j’exhorte, au nom de nombreux sur cette planète, les gouvernements et les peuples de la Terre, en paraphrasant Simón Bolívar,
Le Libérateur : si la nature destructive du capitalisme s’oppose, nous lutterons contre lui et nous feront qu’il nous obéisse, nous n’attendront pas des bras croisés la mort de l’humanité.
L’histoire nous appelle à l’union et à la lutte. Si le capitalisme résiste, nous sommes obligés d’engager la bataille contre le capitalisme et à ouvrir les chemins du salut de l’espèce humaine. Cela nous échoit, en levant les drapeaux du Christ, de Mahomet, de l’égalité, de l’amour, de la justice, de l’humanisme, du vrai humanisme le plus profond. Si nous ne le faisions pas, la création la plus merveilleuse de l’univers, l’être humain, disparaîtra : il disparaîtra !
Cette planète a des milliers de millions d’années, et cette planète a vécu milliers de millions d’années sans nous, l’espèce humaine ; c’est-à-dire qu’elle n’a pas besoin de nous pour exister. Maintenant, nous sans la Terre nous ne pouvons pas vivre, et nous cassons la Pachamama, comme dit Evo, comme disent nos frères aborigènes d’Amérique du Sud.
Finalement, monsieur le président, déjà pour finir, écoutons Fidel Castro quand il dit : « Une espèce est en danger d’extinction : l’homme ». Ecoutons Rosa Luxemburg quand elle dit : « Le socialisme ou la barbarie ». Ecoutons le Christ Rédempteur, quand il dit : « Bienheureux les pauvres, parce que le royaume des cieux sera pour ceux-ci ».
Monsieur le président, des mesdames et messieurs, soyons capables de faire de cette Terre ne soit pas la tombe de l’humanité, faisons de cette Terre un ciel, un ciel de vie, de paix et de fraternité pour toute l’humanité, pour l’espèce humaine.
Monsieur le président, des mesdames et messieurs, très grandes merci et bon appétit(Applaudissements)
Source : Blog Hugo Chavez en français
Le 25 juillet 1914, Jaurès est à Vaise, près de Lyon, pour soutenir Marius Moutet, socialiste bientôt député. Sous la pression des événements, il y parle essentiellement de la menace de guerre et des causes de la guerre. Souvent présenté comme le dernier discours de Jaurès, le « discours de Vaise » est en réalité son avant-dernier discours : le dernier sera prononcé le 29 juillet, à Bruxelles.

Citoyens,

Je veux vous dire ce soir que jamais, nous n’avons été, que jamais depuis quarante ans l’Europe n’a été dans une situation plus menaçante et plus tragique que celle où nous sommes à l’heure où j’ai la responsabilité de vous adresser la parole.

Ah! citoyens, je ne veux pas forcer les couleurs sombres du tableau, je ne veux pas dire que la rupture diplomatique dont nous avons eu la nouvelle il y a une demie heure, entre l’Autriche et la Serbie, signifie nécessairement qu’une guerre entre l’Autriche et la Serbie va éclater et je ne dis pas que si la guerre éclate entre la Serbie et l’Autriche le conflit s’étendra nécessairement au reste de l’Europe, mais je dis que nous avons contre nous, contre la paix, contre la vie des hommes à l’heure actuelle, des chances terribles et contre lesquelles il faudra que les prolétaires de l’Europe tentent les efforts de solidarité suprême qu’ils pourront tenter.

Citoyens, la note que l’Autriche a adressée à la Serbie est pleine de menaces et si l’Autriche envahit le territoire slave, si les Germains, si la race germanique d’Autriche fait violence à ces Serbes qui sont une partie du monde slave et pour lesquels les slaves de Russie éprouvent une sympathie profonde, il y a à craindre et à prévoir que la Russie entrera dans le conflit, et si la Russie intervient pour défendre la Serbie, l’Autriche ayant devant elle deux adversaires, la Serbie et la Russie, invoquera le traité d’alliance qui l’unit à l’Allemagne et l’Allemagne fait savoir qu’elle se solidarisera avec l’Autriche. Et si le conflit ne restait pas entre l’Autriche et la Serbie, si la Russie s’en mêlait, l’Autriche verrait l’Allemagne prendre place sur les champs de bataille à ses côtés. Mais alors, ce n’est plus seulement le traité d’alliance entre l’Autriche et l’Allemagne qui entre en jeu, c’est le traité secret mais dont on connaît les clauses essentielles, qui lie la Russie et la France et la Russie dira à la France : « J’ai contre moi deux adversaires, l’Allemagne et l’Autriche, j’ai le droit d’invoquer le traité qui nous lie, il faut que la France vienne prendre place à mes côtés. » A l’heure actuelle, nous sommes peut-être à la veille du jour où l’Autriche va se jeter sur les Serbes et alors l’Autriche et l’Allemagne se jetant sur les Serbes et les Russes, c’est l’Europe en feu, c’est le monde en feu.

Dans une heure aussi grave, aussi pleine de périls pour nous tous, pour toutes les patries, je ne veux pas m’attarder à chercher longuement les responsabilités. Nous avons les nôtres, Moutet l’a dit et j’atteste devant l’Histoire que nous les avions prévues, que nous les avions annoncées; lorsque nous avons dit que pénétrer par la force, par les armes au Maroc, c’était ouvrir l’ère des ambitions, des convoitises et des conflits, on nous a dénoncés comme de mauvais Français et c’est nous qui avions le souci de la France.

Voilà, hélas! notre part de responsabilités, et elle se précise, si vous voulez bien songer que c’est la question de la Bosnie-Herzégovine qui est l’occasion de la lutte entre l’Autriche et la Serbie et que nous, Français, quand l’Autriche annexait la Bosnie-Herzégovine, nous n’avions pas le droit ni le moyen de lui opposer la moindre remontrance, parce que nous étions engagés au Maroc et que nous avions besoin de nous faire pardonner notre propre péché en pardonnant les péchés des autres. Et alors notre ministre des Affaires étrangères disait à l’Autriche: « Nous vous passons la Bosnie-Herzégovine, à condition que vous nous passiez le Maroc » et nous promenions nos offres de pénitence de puissance en puissance, de nation en nation, et nous disions à l’Italie. « Tu peux aller en Tripolitaine, puisque je suis au Maroc, tu peux voler à l’autre bout de la rue, puisque moi j’ai volé à l’extrémité. »

Chaque peuple paraît à travers les rues de l’Europe avec sa petite torche à la main et maintenant voilà l’incendie. Eh bien! citoyens, nous avons notre part de responsabilité, mais elle ne cache pas la responsabilité des autres et nous avons le droit et le devoir de dénoncer, d’une part, la sournoiserie et la brutalité de la diplomatie allemande, et, d’autre part, la duplicité de la diplomatie russe. Les Russes qui vont peut-être prendre parti pour les Serbes contre l’Autriche et qui vont dire « Mon cœur de grand peuple slave ne supporte pas qu’on fasse violence au petit peuple slave de Serbie. « Oui, mais qui est-ce qui a frappé la Serbie au cœur? Quand la Russie est intervenue dans les Balkans, en 1877, et quand elle a créé une Bulgarie, soi-disant indépendante, avec la pensée de mettre la main sur elle, elle a dit à l’Autriche « Laisse-moi faire et je te confierai l’administration de la Bosnie-Herzégovine. « L’administration, vous comprenez ce que cela veut dire, entre diplomates, et du jour où l’Autriche-Hongrie a reçu l’ordre d’administrer la Bosnie-Herzégovine, elle n’a eu qu’une pensée, c’est de l’administrer au mieux de ses intérêts. »

Dans l’entrevue que le ministre des Affaires étrangères russe a eu avec le ministre des Affaires étrangères de l’Autriche, la Russie a dit à l’Autriche: « Je t’autoriserai à annexer la Bosnie-Herzégovine à condition que tu me permettes d’établir un débouché sur la mer Noire, à proximité de Constantinople. » M. d’Ærenthal a fait un signe que la Russie a interprété comme un oui, et elle a autorisé l’Autriche à prendre la Bosnie-Herzégovine, puis quand la Bosnie-Herzégovine est entrée dans les poches de l’Autriche, elle a dit à l’Autriche : « C’est mon tour pour la mer Noire. » – « Quoi? Qu’est-ce que je vous ai dit? Rien du tout !« , et depuis c’est la brouille avec la Russie et l’Autriche, entre M. Iswolsky, ministre des Affaires étrangères de la Russie, et M. d’Ærenthal, ministre des Affaires étrangères de l’Autriche ; mais la Russie avait été la complice de l’Autriche pour livrer les Slaves de Bosnie-Herzégovine à l’Autriche-Hongrie et pour blesser au cœur les Slaves de Serbie. C’est ce qui l’engage dans les voies où elle est maintenant.

Si depuis trente ans, si depuis que l’Autriche a l’administration de la Bosnie-Herzégovine, elle avait fait du bien à ces peuples, il n’y aurait pas aujourd’hui de difficultés en Europe; mais la cléricale Autriche tyrannisait la Bosnie-Herzégovine; elle a voulu la convertir par force au catholicisme; en la persécutant dans ses croyances, elle a soulevé le mécontentement de ces peuples.

La politique coloniale de la France, la politique sournoise de la Russie et la volonté brutale de l’Autriche ont contribué à créer l’état de choses horrible où nous sommes. L’Europe se débat comme dans un cauchemar.

Eh bien! citoyens, dans l’obscurité qui nous environne, dans l’incertitude profonde où nous sommes de ce que sera demain, je ne veux prononcer aucune parole téméraire, j’espère encore malgré tout qu’en raison même de l’énormité du désastre dont nous sommes menacés, à la dernière minute, les gouvernements se ressaisiront et que nous n’aurons pas à frémir d’horreur à la pensée du cataclysme qu’entraînerait aujourd’hui pour les hommes une guerre européenne.

Vous avez vu la guerre des Balkans; une armée presque entière a succombé soit sur le champ de bataille, soit dans les lits d’hôpitaux, une armée est partie à un chiffre de trois cent mille hommes, elle laisse dans la terre des champs de bataille, dans les fossés des chemins ou dans les lits d’hôpitaux infectés par le typhus cent mille hommes sur trois cent mille.

Songez à ce que serait le désastre pour l’Europe: ce ne serait plus, comme dans les Balkans, une armée de trois cent mille hommes, mais quatre, cinq et six armées de deux millions d’hommes. Quel massacre, quelles ruines, quelle barbarie! Et voilà pourquoi, quand la nuée de l’orage est déjà sur nous, voilà pourquoi je veux espérer encore que le crime ne sera pas consommé. Citoyens, si la tempête éclatait, tous, nous socialistes, nous aurons le souci de nous sauver le plus tôt possible du crime que les dirigeants auront commis et en attendant, s’il nous reste quelque chose, s’il nous reste quelques heures, nous redoublerons d’efforts pour prévenir la catastrophe. Déjà, dans le Vorwaerts, nos camarades socialistes d’Allemagne s’élèvent avec indignation contre la note de l’Autriche et je crois que notre bureau socialiste international est convoqué.

Quoi qu’il en soit, citoyens, et je dis ces choses avec une sorte de désespoir, il n’y a plus, au moment où nous sommes menacés de meurtre et, de sauvagerie, qu’une chance pour le maintien de la paix et le salut de la civilisation, c’est que le prolétariat rassemble toutes ses forces qui comptent un grand nombre de frères, Français, Anglais, Allemands, Italiens, Russes et que nous demandions à ces milliers d’hommes de s’unir pour que le battement unanime de leurs cœurs écarte l’horrible cauchemar.

J’aurais honte de moi-même, citoyens, s’il y avait parmi vous un seul qui puisse croire que je cherche à tourner au profit d’une victoire électorale, si précieuse qu’elle puisse être, le drame des événements. Mais j’ai le droit de vous dire que c’est notre devoir à nous, à vous tous, de ne pas négliger une seule occasion de montrer que vous êtes avec ce parti socialiste international qui représente à cette heure, sous l’orage, la seule promesse d’une possibilité de paix ou d’un rétablissement de la paix.

Vaise, le 25 juillet 1914.


Source : http://www.jaures.eu/ressources/de_jaures/discours-de-vaise-25-juillet-1914/




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Les présidents dominicains d'origine haïtienne

Beaucoup de gens ignorent que la République dominicaine a eu quatre présidents d'origine haïtienne. C'est un sujet peu traité et même caché par les historiens traditionnels. General Gregorio Luperon Gregorio Luperon Le premier président dominicain d'origine haïtienne fut Gregorio Luperon qui fut président provisoire de la République du 18 décembre 1879 au 1er septembre 1880. Concernant ses origines haïtiennes, l'historien Emilio Cordero Michel déclare : "Bien que du côté de sa mère, Luperon était d'origine haïtienne, à certains moments de sa vie, il a manifesté des préjugés contre Haïti qui ont refait surface au sein du peuple dominicain en raison du processus historique qu'il a vécu de 1844 à 1861" (Emilio Cordero Michel. Article Luperon et Haïti. Clio Magazine №152. 1995. Académie dominicaine d'histoire). Un autre historien qui fait référence à l'ascendance haïtienne de Luperon est le Dr Tirso Mejia Ricart qui établit ...
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Lettre de remerciement du général dominicain Gregorio Luperón au président Nissage Saget

Les présidents haïtiens Fabre Nicolas Geffrard et Nissage Saget ont aidé la République Dominicaine à maintenir sa souveraineté et son indépendance face à la volonté d'une certaine élite emmenée par les présidents Pedro Santana et Buenaventura Baez de livrer le pays à l'Espagne et de redevenir ainsi une colonie. Quant au président Nissage Saget, il a offert l'asile à des résistants dominicains, leur a donné des hommes, des armes, des munitions, de l'argent pour aller libérer leur pays. Ci-dessous, la lettre de remerciement de Gregorio Luperón au président Saget, dans laquelle il a également reconnu que son pays est redevable d'une immense dette envers Haïti en raison de son soutien au peuple dominicain. Une circonstance imprévue m'a emmené à Saint-Marc sur le bateau que je commandais. Votre accueil franc, loyal et sympathique a fait déborder en moi l'instinct de fraternité envers le peuple haïtien, et m'a rendu redevable à votre gouvernement d'une...
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Lettre de refus d'Anténor Firmin à la demande des États-Unis d'affermer le Môle Saint-Nicolas

Joseph Auguste Anténor Firmin, Ministre des Relations extérieures de la République d'Haïti Port-au-Prince, 22 avril 1891 Messieurs les plénipotentiaires, J'ai l'honneur de vous accuser réception à Vos Excellences de votre dépêche du 21 de ce mois, par laquelle vous avez bien voulu m'adresser une copie officielle du document signé par son Excellence le Président des États-Unis et vous investissant de pleins - pouvoirs pour - conférer avec toutes personnes revêtues des mêmes pouvoirs par Haïti, afin de négocier une convention entre les deux gouvernements. En examinant ce document et me référant à l'entrevue que j'eus l'honneur d'avoir avec Vos Excellences le jour même de la réception de votre dépêche, je dois inférer que vos pleins pouvoirs se rapportent à la demande faite le 7 février dernier au gouvernement d'Haïti, par l'honorable amiral Gherardi, en qualité de commissaire spécial des États-Unis, d'exprimer son consentement d'accorder au...
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Haïti : la malédiction blanche

Par Eduardo Galeano, intellectuel uruguayen 6 Avril 2004 Le premier jour de cette année, la liberté a fêté deux siècles de vie dans le monde. Personne ne s’en est rendu compte ou presque. Quelques jours plus tard, le pays de l’anniversaire, Haïti, occupait une certaine place dans les médias ; non pas à cause de cet anniversaire de la liberté universelle, mais parce qu’a été provoqué un bain de sang qui a fini par faire tomber le président Aristide. Haïti a été le premier pays où on a aboli l’esclavage. Toutefois, les encyclopédies les plus répandues et presque tous les textes d’éducation attribuent à l’Angleterre cet honneur historique. Il est vrai qu’un beau jour l’empire a changé d’avis, lui qui avait été le champion mondial du trafic négrier ; mais l’abolition britannique s’est produite en 1807, trois années après la révolution haïtienne, et s’est avérée tellement peu convaincante qu’en 1832 l’Angleterre a dû interdire à nouveau l’esclavage. La négation d’Haïti n’a rien de nouveau....
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La prière de Boukman Dutty

Cette prière a été prononcée par le prêtre vodou, Dutty Boukman, esclave né à la Jamaïque, lors de la cérémonie du Bois-Caïman tenue dans la nuit du 13 au 14 août 1791.  Cérémonie qui a permis quelques jours plus tard le soulèvement général des esclaves et qui constitue l'une des premières marches vers l'indépendance d'Haiti en 1804. Kreyol Bon Dje ki fè latè. Ki fè solèy ki klere nou anwo. Bon Dje ki soulve lanmè. Ki fè gronde loray. Bon Dje nou ki gen zorèy pou tande. Ou ki kache nan nyaj. Kap gade nou kote ou ye la. Ou wè tout sa blan fè nou sibi. Dje Blan yo mande krim. Bon Dje ki nan nou an vle byen fè. Bon Dje nou an ki si bon, ki si jis, li odone vanjans. Se li kap kondui bra nou pou nou ranpote la viktwa. Se li kap ba nou asistans. Nou tout fèt pou nou jete potre dje Blan yo ki swaf dlo lan zye. Koute vwa la libète kap chante lan kè nou. Français Le dieu qui créa la terre, qui créa le soleil qui nous donne la lumière. Le dieu qui détient les océans, qui fait gronder...
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Lettre de Jean-Jacques Dessalines au président Thomas Jefferson des Etats-Unis

Au quartier Général, Habitation de Frère, Plaine du Cul de Sac 23 Juin 1803 Jean Jacques Dessalines, Général en chef de l’Armée de Saint-Domingue à Monsieur le président des Etats-Unis d'Amérique Monsieur Le Président, La Goélette des États-Unis (La Fédérale, Capitaine Neheniah Barr) forcée d’entrer dans le port du Petit Goâve par nos chaloupes en croisière, m’offre l’honneur de vous instruire des événements survenus dans notre malheureuse isle depuis l’arrivée des Français et de la révolution qu’y a occasionné la tirannie de leur gouvernement oppresseur. Lassé de payer par l’effusion de tout notre sang le prix de notre aveugle fidélité à une métropole qui égorge ses enfans , le peuple de Saint Domingue, à l’exemple des nations les plus sages, a secoué le joug de la tirannie et juré l’expulsion de ses bourreaux. Déjà nos campagnes sont purgées de leur aspect; quelques villes leur restent encore, mais n’offrent plus rien à leur avide rapacité. Le...
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Lettre de Toussaint Louverture à Napoléon Bonaparte

Général Toussaint Louverture Militaire et Homme d'État haïtien Citoyen Consul,  Votre lettre m’a été transmise par le citoyen Leclerc, votre beau-frère, que vous avez nommé capitaine-général de cette île : titre qui n’est point reconnu par la constitution de Saint-Domingue. Le même messager a rendu deux enfants innocents aux embrassements et à la tendresse de leur père. Mais quelques chers que me soient mes fils, je ne veux point avoir d’obligation à mes ennemis, et je les renvoie à leurs geôliers. Les forces destinées à faire respecter la souveraineté du peuple français ont aussi effectué une descente ; elles répandent partout le carnage et la dévastation. De quel droit veut-on exterminer, par le fer et par le feu, un peuple grossier, mais innocent ? Nous avons osé former une constitution adaptée aux circonstances. Elle contient de bonnes choses, comme vous en convenez vous-même ; mais il s’y trouve aussi, dites-vous, des articles contraires à la souveraineté du peupl...
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I have a dream : Discours historique de Martin Luther King le 28 Août 1963 à Washington

J e suis heureux de me joindre à vous aujourd’hui pour participer à ce que l’histoire appellera la plus grande démonstration pour la liberté dans les annales de notre nation. Il y a un siècle de cela, un grand Américain qui nous couvre aujourd’hui de son ombre symbolique signait notre Proclamation d’Émancipation. Ce décret capital se dresse, comme un grand phare illuminant d’espérance les millions d’esclaves marqués au feu d’une brûlante injustice. Ce décret est venu comme une aube joyeuse terminer la longue nuit de leur captivité. Mais, cent ans plus tard, le Noir n’est toujours pas libre. Cent ans plus tard, la vie du Noir est encore terriblement handicapée par les menottes de la ségrégation et les chaînes de la discrimination. Cent ans plus tard, le Noir vit à l’écart sur son îlot de pauvreté au milieu d’un vaste océan de prospérité matérielle. Cent ans plus tard, le Noir languit encore dans les coins de la société américaine et se trouve exilé dans son propr...
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Les péchés d'Haïti

Eduardo Hughes Galeano Article écrit par Eduardo Galeano en 1996, journaliste et écrivain uruguayen, est l'une des personnalités les plus en vue de la littérature latino-américaine. Ses livres ont été traduits en plusieurs langues. Ses œuvres les plus connues sont Memoria del fuego (1986) et Las venas abiertas de América Latina (1971). La démocratie haïtienne est née il y a peu de temps. Au cours de sa brève vie, cette créature affamée et malade n'a reçu que des gifles. Elle est née récemment au cours des fêtes de fin d'années de 1991, quand elle a été assassinée par le coup-d'état du général Raoul Cédras. Trois ans plus tard, il a été ressuscité. Après avoir fait entrer et sortir tant de dictateurs militaires, les États-Unis ont fait déposé et remis au pouvoir le président Jean-Bertrand Aristide, qui avait été le premier dirigeant  élu par le vote populaire dans l'histoire d'Haïti et qui avait eu la folie de vouloir un pays moins injuste. Le vote et le vet...
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L'île de La Navase : trésor haïtien confisqué par les États-Unis d'Amérique

Une île haïtienne intacte, appelée La Navase, a été revendiquée par les États-Unis et rebaptisée Navassa Island, bien qu'elle se trouve à seulement 25 miles (40 km) au Sud-ouest de la ville de Jérémie et à 37 miles (60 km) de la péninsule la plus occidentale d'Haïti. La Navase est inhabitée, mais les Haïtiens pêchent sur ses côtes depuis plus de deux siècles, et toutes les îles adjacentes à Haïti, quelle que soit leur population, sont considérées comme faisant partie intégrante du pays depuis la première Constitution de Toussaint Louverture en 1801. De plus, l'article 2 de la Constitution haïtienne de 1874 mentionne expressément que les possessions insulaires d'Haïti comprennent La Navaze. L'île de 1300 acres (5,26 km²) en forme de déchirure pose un défi à l'habitation humaine parce qu'elle ne contient pas d'eau douce et les falaises abruptes le long de sa côte rendent presque impossible le débarquement d'un bateau ; cependant, elle a accueilli telle...
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Lettre de remerciement du général dominicain Gregorio Luperón au président Nissage Saget

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Lettre de Jean-Jacques Dessalines au président Thomas Jefferson des Etats-Unis

Au quartier Général, Habitation de Frère, Plaine du Cul de Sac 23 Juin 1803 Jean Jacques Dessalines, Général en chef de l’Armée de Saint-Domingue à Monsieur le président des Etats-Unis d'Amérique Monsieur Le Président, La Goélette des États-Unis (La Fédérale, Capitaine Neheniah Barr) forcée d’entrer dans le port du Petit Goâve par nos chaloupes en croisière, m’offre l’honneur de vous instruire des événements survenus dans notre malheureuse isle depuis l’arrivée des Français et de la révolution qu’y a occasionné la tirannie de leur gouvernement oppresseur. Lassé de payer par l’effusion de tout notre sang le prix de notre aveugle fidélité à une métropole qui égorge ses enfans , le peuple de Saint Domingue, à l’exemple des nations les plus sages, a secoué le joug de la tirannie et juré l’expulsion de ses bourreaux. Déjà nos campagnes sont purgées de leur aspect; quelques villes leur restent encore, mais n’offrent plus rien à leur avide rapacité. Le...
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Lettre de Toussaint Louverture à Napoléon Bonaparte

Général Toussaint Louverture Militaire et Homme d'État haïtien Citoyen Consul,  Votre lettre m’a été transmise par le citoyen Leclerc, votre beau-frère, que vous avez nommé capitaine-général de cette île : titre qui n’est point reconnu par la constitution de Saint-Domingue. Le même messager a rendu deux enfants innocents aux embrassements et à la tendresse de leur père. Mais quelques chers que me soient mes fils, je ne veux point avoir d’obligation à mes ennemis, et je les renvoie à leurs geôliers. Les forces destinées à faire respecter la souveraineté du peuple français ont aussi effectué une descente ; elles répandent partout le carnage et la dévastation. De quel droit veut-on exterminer, par le fer et par le feu, un peuple grossier, mais innocent ? Nous avons osé former une constitution adaptée aux circonstances. Elle contient de bonnes choses, comme vous en convenez vous-même ; mais il s’y trouve aussi, dites-vous, des articles contraires à la souveraineté du peupl...
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Eduardo Hughes Galeano Article écrit par Eduardo Galeano en 1996, journaliste et écrivain uruguayen, est l'une des personnalités les plus en vue de la littérature latino-américaine. Ses livres ont été traduits en plusieurs langues. Ses œuvres les plus connues sont Memoria del fuego (1986) et Las venas abiertas de América Latina (1971). La démocratie haïtienne est née il y a peu de temps. Au cours de sa brève vie, cette créature affamée et malade n'a reçu que des gifles. Elle est née récemment au cours des fêtes de fin d'années de 1991, quand elle a été assassinée par le coup-d'état du général Raoul Cédras. Trois ans plus tard, il a été ressuscité. Après avoir fait entrer et sortir tant de dictateurs militaires, les États-Unis ont fait déposé et remis au pouvoir le président Jean-Bertrand Aristide, qui avait été le premier dirigeant  élu par le vote populaire dans l'histoire d'Haïti et qui avait eu la folie de vouloir un pays moins injuste. Le vote et le vet...
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