Jean-Jacques Dessalines, qui est ce Libérateur d'Haïti qui a influencé le Monde et particulièrement la Russie ?

Le 18 novembre 1803, Jean Jacques Dessalines mène la plus grande révolution ethnico-raciale et sociale de l'histoire du monde : une révolution antiraciste, anti-discrimination et anti-ségrégation. Ce grand stratège militaire haïtien a incendié sa propre maison et a ordonné aux autres généraux de faire de même. Ce fait est entré dans les annales de l’histoire militaire et de la guerre et a été appelé « stratégie de la terre brûlée ». Elle consiste à attirer l’ennemi sur son territoire, à le priver de ressources et finalement à l’encercler. Cette stratégie réussit à faire capituler la plus grande armée d’Europe et donna naissance à la première République noire, créée de toute pièce par des personnes racisées, en janvier 1804.

Le propre gendre de Napoléon, le général Leclerc, décédé sur l'Île lors de sa dernière tentative de reconquête de l'Île contrôlée par Dessalines, lui écrivit une lettre disant : « Nous, les soldats français, étions devant eux comme des écoliers. »

Lors de l'événement, les spécialistes de la révolution haïtienne ont également souligné l'intelligence diplomatique de Jean Jacques Dessalines. L'histoire rappelle que Napoléon envoya une légion de Polonais à Saint-Domingue (aujourd'hui Haïti) pour vaincre les insurgés noirs. Certains historiens soutiennent que Napoléon aurait pactisé avec les dirigeants polonais dans le cadre de leurs luttes communes contre la Russie des tsars. En récompense de sa participation à la guerre, le monarque dut réhabiliter la nation polonaise affaiblie. En juin 1802, quelque 2 270 soldats polonais arrivèrent au Cap-Français (aujourd'hui Cap-Haïtien), alors capitale coloniale de Saint-Domingue, tandis qu'en septembre de la même année, 2 500 autres arrivèrent à Port-Républicain (aujourd'hui Port-au-Prince). Des Allemands et des Suisses se sont également retrouvés dans cette dernière. Paradoxalement, Dessalines a tous convaincu de lutter contre la France sur l'île. Dans une lettre déclassifiée du général polonais Ludwik Mateusz Dembowski, promu commandant par Rochambeau, général des armées françaises, il écrit : « J'ai eu l'occasion de rencontrer le chef des insurgés [Dessalines], étant retenu en otage depuis 24 heures. Malgré la grande sauvagerie qu'ils exprimaient généralement, ils m'ont accueilli, et malgré la grande ignorance qu'on suppose en eux, ils raisonnent à leur manière et avec justice ».

Luiz Mott, très célèbre historien, a publié une historiographie décrivant l'appréciation et l'admiration exprimées à travers divers types de manifestations en l’honneur de l'empereur haïtien Jean Jacques Dessalines dans les rues et les Quilombos (lieux de résistance des afro-descendants), surtout à Rio de Janeiro. Certains historiens affirment que « des esclaves de Rio furent arrêtés en 1805 pour avoir porté des médailles à l'effigie de Dessalines », d’autres contre-affirment qu'il s'agissait de « chèvres et milices créoles et non d'esclaves ».

Dessalines a inspiré Francisco Miranda en 1806, ainsi que d'autres dirigeants latino-américains et esclaves. Le chercheur Gabriel Di Meglo a relaté un événement très intéressant sur l'influence de la stratégie de libération de Jean Jacques Dessalines en Argentine également. Il raconte qu'en 1812, dans la province de Cuyo, des insurgés esclaves organisèrent une rébellion afin d'obtenir le dénommé “document de la liberté. Bernardo - réduit en esclavage par Francisco Aragón - était l'un des dirigeants qui co-dirigeaient le réseau des révoltés avec le Noir libre, Joaquín Fretes. Bernardo a déclaré, selon plusieurs témoins « qu'il fallait faire dans cette ville ce que [Jean Jacques Dessalines et] les Noirs des îles Saint-Domingue ont fait, tuer les blancs pour devenir libres ». Ils avaient développé d'importantes activités clandestines pour gagner des adeptes. Un ami de Bernardo déclara : "ils allaient incendier tous les riches colons, prendre leur argent et leurs chevaux".

En 1812, il inspira également le révolutionnaire cubain José Antonio Aponte. La même année, lors de la campagne de Russie mettant aux prises les Armées impériales de l'Empire russe et celles de Napoléon Bonaparte, Mikhaïl Koutouzov, général en chef de l’Armée tsariste de l’Empire russe, adopta également la « stratégie de la Terre brûlée ». Évitant jusqu'au bout l'affrontement, Koutouzov parvient à faire approcher 200 000 hommes de la Grande Armée de la ville de Moscou. Il incendia, ensuite, la ville sur ordre du gouverneur Rostopchine, privant d'abri les 200 000 hommes de la Grande Armée française pendant l'hiver. Le 18 octobre, en plein hiver russe, Napoléon était contraint de capituler.

Certains divulgateurs historiques racontent que l’Union soviétique (URSS) aurait même vaincu les nazis avec le même piège dessalinien au cours de l’hiver 1842 : la stratégie de la « Terre brûlée » avec évidemment quelques modernisations de la technique. Même un général vietnamien, Võ Nguyên Giáp, raconte en 1970 qu'il s'était inspiré de la stratégie militaire de Dessalines et que, grâce à cette dernière, ils avaient vaincu à la fois les États-Unis et la France.

"L'une des plus grandes folies que j'ai faites a été d'envoyer cette armée à Saint-Domingue (Haïti)", a regretté Bonaparte, selon son propre médecin britannique, Barry Edward O'Meara, dans son livre "Une voix de Sainte-Hélène".

Malgré le fait que Dessalines ait mis son intelligence et sa stratégie au service de l'humanité toute entière, que ses tactiques militaires font l'objet d'études dans de nombreux espaces académiques et militaires, il continue néanmoins de faire face à des considérations ignominieuses, aux mensonges, aux diffamations et aux attaques du système éducatif et journalistique colonial, après la révolution, notamment par des ex-colons comme Mazères - qui défendait publiquement l’infériorité des Noirs - pendant que Dubocra (Jean Louis) - qui décrivait et caricaturait le libérateur des Noirs avec la tête d’une femme blanche afin d’inciter la haine et le dégoût à l'égard des Haïtiens. Le plan de ces derniers, entre autres, jusqu'à aujourd'hui, continue à être faire son petit chemin en raison de l'infiltration du racisme au sein du système et des structures de notre société traumatisée et néo-colonisée.

 Par : Jackson JEAN, journaliste 

 

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