Le président Lysius Salomon propose aux États-Unis-Unis de leur céder le Môle Saint-Nicolas ou à défaut l'île de la Tortue



RÉPUBLIQUE D'HAÏTI

Port-au-Prince, le 8 novembre 1883, an 80e de l'indépendance

SALOMON, PRÉSIDENT D'HAÏTI

Par le fait de l'ouverture du canal de Panama, la presqu'ile du Môle et sa baie qui peut recevoir plus de cent navires acquièrent une importance capitale. En effet le Môle et sa baie dans le trajet d'Europe au Pacifique, sont les points les plus faciles et pour ainsi dire naturels, pour le ravitaillement des navires, aussi ces points font-ils la convoitise de l'Angleterre et lui ont-ils été promis par ceux qui sont aujourd'hui en armes contre le gouvernement et c'est ce qu'explique ce concours et les encouragements que les insurgés ont trouvés et trouvent aux iles, à Inague, à Kingston et à St. Thomas en dépit des réclamations et des observations faites par les agents de mon gouvernement auprès des autorités et des agents britanniques dans différents endroits.

Comme il est de l'intérêt d'Haiti de se rapprocher le plus possible de sa sœur ainée, la République des États-Unis d'Amérique, le gouvernement haïtien propose au cabinet de Washington de lui faire la cession de la baie et d'une partie de la pointe du Môle St. Nicolas à la charge par le gouvernement des États-Unis.

I- De garantir l'autonomie de l'Indépendance de la République d'Haïti.
II- De compter au gouvernement haïtien la somme de ... qui servira à éteindre la dette publique de l'État d'Haiti.
III- De fournir au gouvernement dans le délai de ... deux corvettes de guerre et deux chaloupes cannonières armées.
IV- Lui prêter ces bons offices et s'il en est requis, de s'interposer pour le règlement des questions diplomatiques et internationales qui peuvent se présenter dans les rapports de la République d'Haïti avec les puissances étrangères.

À défaut de la presqu'ile et la baie du Môle des conditions peuvent être passées pour la cession de l'île de la Tortue.

Les présentes propositions pourraient être débattues entre les deux gouvernements, amendées ou modifiées après examen et il est à désirer que le cabinet de Washington envoie un commissionnaire à Port-au-Prince pour traiter avec le gouvernement haïtien.

Il est bien entendu que la présente proposition restera secrète entre les deux gouvernements et qu'elle ne sera livrée à la publicité qu'après que les parties seront tombées d'accord et qu'il s'agira alors de soumettre le contrat à la sanction des deux parlements.


SALOMON


Nota : Cette offre de Salomon a été rejetée par le gouvernement américain qui avait d'autres priorités à ce moment-là.

Source : Turnier, Alain. Avec Mérisier Jeannis : une tranche de vie jacmélienne et nationale. Port au Prince: Imprimerie Le Natal. 1982. Pp. 111-112


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