Toussaint Louverture dénonce dans une lettre les humiliations et les mauvais traitements dont il est victime au Fort de Joux


Copie de la lettre écrite par Toussaint, prisonnier d'Etat, au Citoyen Baille, commandant d'armes au château de Joux, le jour que ledit commandant a fait faire une recherche scrupuleuse et générale dans le local qu'occupe ledit prisonnier d'Etat.

Rien n'est plus fort que l'humiliation que j'ai reçu de vous aujourd'hui, vous m'avez dépouillez (dépouillé) de fonds en comble pour me fouiller et voir si je n'avois (n'avais) pas de l'argent, vous avez enfin tout bouleversez (bouleversé) tout mon linge et fouillez (fouillé) jusque dans la paillasse, heureusement que vous n'avez rien trouvé, les dix quadruples que je vous ai remis sont à moi et qui vous la déclaré.

Vous m'avez ôté ma montre et quinze et sept sols que j'avois (j'avais) dans la poche, m'avez pris jusqu'à mon éperon, je vous préviens que tous les objets sont à moi et vous devez m'en tenir compte le jour qu'on m'enverra au supplice. Vous remettrez le tout à mon épouse et à mes enfants; quand un homme est déjà malheureux, ont (on) ne dois (doit) pas chercher à l'humilier et vexer sans humanité n'y la charité sans aucune considération pour lui comme un serviteur de la République et on n'a pris toutes les précautions et les machinations contre moi comme si j'étois (j'étais) un criminel, je vous ai déjà dit et je vous le répète encore, je suis honnête homme et je n'avois (n'avais) pas l'honneur, je n'aurois (aurais) pas servi ma patrie fidèlement comme je l'ai servi et je ne serois (serais) pas non plus ici par ordre de mon Gouvernement.

Je vous salue, signé Toussaint, etc., au cachot du Fort de Joux


Source : Archives du Ministère des Outre-mer


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