L'envoyé du Roi Charles X s'exprime devant le Sénat haïtien au sujet de l'ordonnance du Monarque français reconnaissant l'indépendance Haïti contre le paiement d'une indemnité
Messieurs du Sénat,
Le Roi m’a ordonné de venir vers vous et de vous offrir en son nom le pacte le plus généreux dont l’époque actuelle offre l’exemple. Vous y trouverez la preuve, Messieurs, qu’en ces grandes circonstances, la royale pensée de Sa Majesté ne s’est pas moins portée sur l’état précaire des Haïtiens que sur les intérêts de ses sujets.
Sans doute, Messieurs, les hautes vertus de votre digne Président, et les prières d’un Prince qui est tout à la fois l’orgueil et de son père et de la France, ont exercé une grande influence sur la détermination de Sa Majesté ; mais il suffirait qu’il y eût du bien à faire à une réunion d’hommes, pour que le cœur de Charles X fût vivement intéressé.
Dieu bénira, Messieurs, cette sincère et grande réconciliation, et permettra qu’elle serve d’exemple à d’autres États déchirés encore par des maux dont l’humanité gémit,
Aussi nous est-il permis, d’espérer que, dans le Nouveau-Monde comme dans l’Ancien, nous trouverons tous les cœurs, ouverts à cet amour qui nous fut légué par nos pères, dont héritera notre postérité la plus reculée, pour cette auguste Maison de France qui, après, avoir fait le bonheur de notre pays, a voulu fonder celui de ce nouvel État.
Nota : Ce discours date du 11 juillet 1825 et fut prononcé devant le Sénat à Port-au-Prince.
Source : Études sur l'histoire d'Haiti (Beaubrun Ardouin)
0 Comments