Haïtianaute
  • Accueil
  • Boutique Ayiti Shopee
  • Social
  • Éphémérides
    • Janvier
    • Février
    • Mars
    • Avril
    • Mai
    • Juin
    • Juillet
    • Août
    • Septembre
    • Octobre
    • Novembre
    • Décembre
  • Citations
  • Contact
  • À propos de nous

Cliquez ICI pour ouvrir ou télécharger le document.

 

1

Fête de l’indépendance

1ER Janvier

2

Fête de la fondation de la Monarchie

26 Mars

3

Fête de l’agriculture

15 Avril

4

Fête du Couronnement du Roi et de la Reine

2 Juin

5

Fête du Roi

15 Juillet

6

Fête du Prince royal

21 Juillet

7

Fête de la Reine

15 Août

8

Anniversaire de l’expulsion de l’Armée française

29 Novembre


Source : Almanach royal de 1820


Composés par Juste Chanlatte, secrétaire général de l'Empereur JACQUES Premier, sur l'air de Quels accents ! Quels transports ! ou La Versaillaise, vieux chant patriotique français de 1792.

Quels apprêts? Quels momens? O jour plein d'allégresse!

Où se forgeaient ses fers, il marche avec fierté,

Dans sa force et sa Liberté (bis)

Il bénit les Héros de son indépendance,

Il chante, transporté d'une mille assurance;

Qui de JACQUES premier a reconnu la loi,

Célèbre aussi la fête en celle de son roi.


Que pourrait des tyrans la fureur despotique,

Contre les fiers enfans de ce brulant tropique,

C'est le flot qui s'irrite et qui court se briser,

Contre l'immobile rocher (bis)

Sous l'abri protecteur d'un invincible égide,

Nous chantons en dépit d'une race perfide, 

Qui, etc.


Vous qu'il vient d'affranchir de l'antique esclavage.

Pour prix de ses travaux offrez-lui votre hommage;

Qu'un serment solennel soit par vous répété,

De respect et de fidélité; (bis)

Autour de ses drapeaux, même sort nous rassemble.

Nous vivrons à ses pieds, où nous mourrons ensemble;

Car de JACQUES premier, qui reconnait la loi,

N'a qu'un esprit, qu'un cœur pour l'état et son roi.


Source : Gazette politique et commerciale d'Haïti, numéro du 1er Août 1805




La nature infiniment sage,

Nous enflamme des mêmes feux;

Justice, plaisir, amour et courage,

Un jour devaient nous rendre heureux;

Mais les tyrans, pour enchainer nos frères,

Nous ont soumis à de perfides lois;

Au nom de Dieu, ils ont trompés nos pères,

Aux pieds, ils ont foulé nos droits.

O jour heureux ! O siècle de mémoire !

Le peuple a conquis ses droits.

Chantons, chantons avec courage,

Vive, vive l'égalité!

Vive, vive la Liberté!


C'est en vain qu'on nous fait la guerre,

Nos cœurs sont pris des mêmes feux;

Apprenez tyrans de la Terre,

Qu'un peuple est libre quand il veut.

Lancez, lancez vos bombes meurtrières,

Contre nous ralliez vos voisins;

Faites marchez vos hordes sanguinaires,

Tyrans, tigres, rois inhumains!

Venez, venez apprendre aux téméraires,

Que votre sort est dans leurs mains,

Chantons, etc.


Marche avec nous, chère espérance,

Abandonne nos ennemis;

Jette un regard sur l'indépendance,

Soucieux de nos soldats aguerris!

Dieu des combats, maintiens notre vengeance,

Haïtiens en voici le moment.

Vaincre ou mourir, et notre indépendance;

Tel est notre dernier serment.

Chantons, etc.


Source : Gazette commerciale et politique d'Haïti, numéro du 24 janvier 1805





Madame Bouqui avait une magnifique plantation d'ignames qui faisait grande envie à Compère Malice. Elle avait aussi un porc magnifique. Malice décida de s'emparer du porc et de la récolte. Il alla trouver Bouqui.

"Noncque, je viens d'examiner  vos plants d'ignames, ils sont très beaux  réellement , mais quand je pense à ceux de mon grand-père, je ne puis rien d'admirer".
- Et comment étaient ceux de ton grand-père?
- Ils étaient tellement gros que les ignames que nous avons fouillées étaient plus longues que vous.
- Une igname plus groche que moi ! Mayiche tu veux rire.
- Aussi vrai que je m'appelle Malice. Ce n'est pas étonnant avec le fumier qu'il leur donnait!
- Plus groche que moi ! Ch'était du fumier de vache?
- Non, il engraissait un porc et quand la bête  était à point, il la découpait et enterrait chaque morceau, sans en excepter aucun, bien enveloppé dans des feuilles de banane, au-dessus de chaque plant.
- Et tu dis que les ignames étaient plus groches que moi?
Oui, Noncque, plus grosses que vous !"

Toute la journée, Bouqui fut préoccupé. Au coucher du soleil, il entraina le porc jusqu'au près de la source pour lui donner à boire. Là, il le tua et puis le dépeça. Ensuite, il suivit les conseils de Malice et enterra tous les morceaux dans son jardin d'ignames.

Pendant la nuit, Malice vint fouiller les ignames et la viande de sorte que le lendemain, Madame Bouqui s'aperçut à la fois de  la disparition de son cochon et du vol des ignames. Bouqui accusa Malice et lança contre lui les plus terribles imprécations.

De son coté Malice  inquiet du résultat de son larcin envoya l'un de ses petits filleuls jouer chez les Bouqui afin de savoir ce que disaient ceux-ci. Il revint très vite, effrayé de menaces qu'il avait entendues et annonça à Malice une visite très prochaine de l'oncle. "N'aie pas peur, Noncque Bouqui plaisante, il ne me fera rien de rien".

Malice se coucha, et puis fit mettre à portée de sa main un œuf pourri. Dès que Bouqui parut, il fut incommodé par l'odeur de l'œuf que Malice avait mis dans sa bouche.

"Mayiche, voleur, assassin! Che souis venu pour te demander compte de toutes mes ignames et de mon petit cochon. tu n'as pas de coeur de ainsi ton Noncque. Mais qu'est-che que ch'est que cette odeur? Qu'est-che qui t'arrive?
-Ah! Noncque, je suis bien malade. Depuis que j'ai goûté à ce maudit cochon et à vos ignames je suis couché. Mes intestins sont en pourriture. Och, och!"
Il cracha l'oeuf pourri et l'odeur augmenta  d'intensité.
"Mayiche, mon enfant est-che que cha s'attrape?
- Je ne sais pas. Aie, aie, je meurs!"

Et il se tordait dans le lit. Bouqui se retira doucement  et resta persuadé que Dieu lui-même s'était chargé de punir Malice de son vol en lui envoyant la plus terrible des maladies.

Source : Suzanne Comhaire-Sylvain, Le roman de Bouqui, Les éditions Leméac Inc., Québec, 1973.

Refrain unique

Pawòl la te pale deja
Dessalines gangan
Pawòl la te pale deja
Toulejou Makandal ape pale Dessalines
Dessalines ve pa koute
Lape monte desann
Defile wè
Defile pe
Nan Pon Wouj sila a
Loman fè Dessalines dousouman
Konplo sila a
Li fò pase wanga
Jeneral Dessalines o gade mizè mwen
Gade traka peyi la
Peyi la chavire
Lanperè Dessalines
Ou se vayan gason
Pa kite peyi a tonbe
Pa kite peyi a gate


Source : Jean Fouchard, la méringue danse nationale d'Haïti, Les éditions Leméac Inc., Québec, pages 77-78.

 


Cliquez ICI pour ouvrir le document.


Malice et Bouqui ayant réuni quelques économies s'associèrent et achetèrent pour le Nouvel-An un bateau de pêche qu'ils appelèrent "Piège". Le premier jour qu'il relevèrent la nasse elle contenait une douzaine de poissons. Malice dit à Bouqui :

"Gardez le tout, Noncque, demain ce sera mon tour, nous en aurons quinze!

- Non, non. Mayiche, mon cher , tu n'as pas réfléchi, ch'ai six enfants, ch'ai besoin de beaucoup de poissons, prends tout aujourd'hui, ch'aurai tout demain!"

Le lendemain, il y avait bien une vingtaine de poissons, mais rien que des petits poissons.

"Noncque, c'est pour vous, prenez le tout, demain nous n'aurons que de gros poissons je les garderai tous, je n'ai que faire  de ce menu fretin.

- Mayiche, che souis père de famille, il me faut de gros poissons à ma table, prends ceux-là, tu me donneras les autres".

Le même manège se poursuivit durant tout le mois de janvier. A la Chandeleur, Malice arriva chez Bouqui :

"Nous avons commis une grosse bêtise en achetant Piège, le poisson ne se vend pas en ville, il vaut mieux en faire du charbon, nous en aurons bien cinquante charges, à cinq gourdes la charge, deux cent cinquante gourdes, tu entends deux cent cinquante gourdes"!

Ils brulèrent donc le bateau. comme toujours Bouqui fit tout le travail, Malice passant des ordres et donnant des conseils. Quand la cuisson fut terminée et la cendre séparée du charbon, Malice déclara:

"Noncque, prenez le charbon, moi je garde la cendre.

- Et pourquoi chela Monsieur?

- La cendre se vend plus cher.

- Donnez-la moi alors. Che veux la cendre si elle se vend plus cher.

Ils se rendirent donc en ville, Malice avec une bourrique chargée de charbon et Bouqui portant sur son dos un sac plein de cendres. Arrivés au portail, Malice dit à l'oncle :

"Noncque, il faut nous séparer: le charbon se vend au cœur de la ville et la cendre au bord de mer dans les magasins de parfumerie. Je ne vous dis pas "bonne chance", il parait que cela porte malheur". Malice vendit son charbon à la Gendarmerie et partit à la recherche de son camarade. Du coté de la Banque Nationale, il vit un attroupement.

"Qu'est-ce qu'il y a Messieurs?

- Un pauvre fou qu'on vient d'arrêter pour le conduire à Pont-Beudet. Figurez-vous qu'il parcourait la rue en semant de la cendre et en disant à qui voulait l'entendre : "De la cendre! Voulez-vous de la cendre? De la belle cendre de Piège!".

Source : Comhaire-Sylvain Suzanne, Le roman de Bouqui, Les éditions Leméac Inc., Québec.

 


Cliquez ICI pour ouvrir le document.


Nous publions en version PDF et téléchargeable le Traité de commerce, d'amitié et d'arbitrage signé entre la République d'Haïti et la République Dominicaine en 1929.

Cliquez ICI pour ouvrir le document.


Nous publions in extenso l'avis de décès du général Louis Gabart, paru dans la Gazette politique et commerciale d'Haïti en date du 14 Novembre 1805.

Le 30 Octobre dernier le général Gabart est décédé à Saint-Marc. Ses restes ont été déposés le lendemain dans l'église de cette ville, et son cœur a été transporté au fort Culbulté, à la ville de Dessalines, où l'on a gravé l'inscription suivante :

Ci-git LOUIS GABART, général de division de l'Ouest, conseiller d'Etat, commandant en chef de la première division de l'Ouest, chef-lieu de l'Empire d'Haïti, né le 28 Octobre 1776, dans la paroisse de Saint-Martin du Dondon, département du Nord, décédé à Saint-Marc, département de l'Ouest, le 30 Octobre 1805, deuxième année de l'indépendance d'Haïti, et la première du règne glorieux de JACQUES Ier.

Tant qu'il veut, il consacra ses momens à la liberté de son pays, et mérita le titre d'ami du Souverain.
Soldat, si tu aimes la gloire, repose un instant tes regards sur sa tombe, et plains celui qui fut un Héros, avant d'avoir atteint l'âge où les grands hommes se font même deviner.

  Citoyen haïtien, descendant de Polonais

Par Lautaro Rivara - Sociologue, journaliste et poète argentin

Parmi les archétypes historiques des internationalistes, nous en trouvons un particulièrement contradictoire et complexe. C'est le renégat, le déserteur, le traître ou le converti. Chacun lui donnera une étiquette en fonction de ses propres convictions. Dans la longue histoire des politiques coloniales, les sujets ou les groupes qui, chargés d'une tâche coloniale - invasion, guerre, viol, pillage - n'ont pas manqué de prendre un tour humanisant, sympathisant avec leurs victimes probables et mordant la main de l'agresseur.

Le cas dont nous nous occupons concerne Haïti et la Pologne, avec les deux côtés d'un large océan sans ponts. D'une part, Haïti, qui vers la fin du XVIIIe siècle n'était pas Haïti mais Saint-Domingue, la colonie sucrière la plus fabuleusement riche de la France napoléonienne. Une île nichée dans un archipel ennemi, peuplée de pirates, de corsaires, d'inquisiteurs, d'arquebusiers, d'espions et de marchands d'esclaves. La station la plus avancée, en somme, de la "civilisation" apportée par les puissances coloniales qui se sont affrontées dans l'univers des Caraïbes. De l'autre côté, la Pologne, une "île" à sa manière, prise entre la mer Baltique et un océan de terre, déchirée par des divisions successives au nom de l'Autriche, de la Prusse et de la Russie, la dernière en 1795. Ce qui était autrefois le plus grand territoire européen, réduit à une étroite bande de terre, un centre de collecte et un théâtre d'opérations pour les puissances européennes et leur guerre de proie sans fin. Haïti et Pologne, Pologne et Haïti. Dans les Caraïbes et en Europe, les dernières oreilles de la marmite d'un monde guerrier, incompréhensible et hostile.

On ne sait pas exactement ce qui a amené la Légion polonaise à Haïti. Alors que certains prétendent que les Polonais ont été capturés et forcés à se battre par la force dans la guerre coloniale lointaine, d'autres soutiennent que leurs dirigeants ont conclu un pacte avec Napoléon Bonaparte pour faire cause commune contre la Russie des Tsars. En récompense de sa participation à la guerre, le monarque de la moitié de l'Europe était censé réhabiliter la nation polonaise effilochée. Le paradoxe violent supposé à l'époque était d'écraser une patrie naissante pour reconquérir la sienne.

Le contexte est marqué par la recrudescence de la révolte des esclaves qui avait débuté dans le nord de l'île en 1791, prenant la dimension d'une révolution radicale, non seulement dans l'île mais aussi dans les Caraïbes. Ses principaux promoteurs avaient été un certain Boukman - littéralement, l'homme des livres - un ancien esclave autodidacte qui, né en Jamaïque, avait sauté d'une île antillaise à l'autre ; et Cécile Fatiman, une prêtresse de la religion vaudou, fille d'un esclave africain et d'un Français blanc de l'île de Corse. Boukman et Fatiman étaient tous deux dans une situation très difficile parmi les esclaves, tant les Créoles que les nouveaux venus - appelés bossales - qui étaient tous obligés de travailler dans les riches plantations de sucre et de café du nord. Le slogan de la rébellion était clair, et avait été inventé dans la langue anticoloniale refondue dans la chaleur de la vie dure des plantations et dans les villages mobiles construits par les marrons en fuite : koupe tèt, boule kay. "Couper des têtes et brûler des maisons." Quelques jours après le congrès clandestin de Bois-Caïman, 1 800 plantations ont été rasées et 1 000 esclavagistes ont été exécutés. Saint-Domingue, "la Perle des Antilles" - comme on l'appelait - était désormais un foyer d'enfer.

C'était juste deux ans après qu'une Révolution française pas si universelle ait clairement indiqué que le terme "libre, égal et fraternel" ne s'appliquait pas aux esclaves, aux noirs, aux femmes et aux colonisés d'outre-mer en général. Ce sont plutôt ces autres principes - moins bien connus - tels que la "sécurité" et la "propriété" qui ont été le véritable credo de la France coloniale, et en particulier celui de la bourgeoisie au pouvoir.

Ce que nous savons, c'est qu'en juin 1802, quelque 2 270 soldats polonais sont arrivés au Cap-Français (l'actuel Cap-Haitien, NdT) la capitale coloniale historique de Saint-Domingue, tandis qu'en septembre, 2 500 autres sont arrivés à Port-Républicain, l'actuel Port-au-Prince. Les Polonais, ainsi que quelques Allemands et Suisses, ont fini par constituer une fraction non négligeable du corps expéditionnaire envoyé par Napoléon pour réprimer la rébellion. L'expédition, sous le commandement de son beau-frère le général Charles-Victoire-Emmanuel Leclerc, est colossale : 35 navires de ligne, 21 frégates et une armée de 33 000 hommes. L'objectif était de rétablir l'ordre colonial, de massacrer les insurgés et, surtout, de rétablir l'esclavage. Une autre expédition jumelle de ce type a fini par écraser la révolution qui se déroulait alors sur l'île voisine de la Guadeloupe.

La performance de la Légion polonaise, au début, était loin d'être héroïque. En octobre de la même année, les Polonais du deuxième bataillon du San Marcos ont massacré plus de 400 combattants non armés de l'armée indigène. Curieusement, les chefs militaires locaux avaient donné à leur armée en l'honneur des indigènes dirigés par Tupac Amaru II lors de la rébellion qui a secoué toute la région andine du continent. Dès lors, le terme "indigène" aura de nombreuses significations dans le pays, toujours manifestement positives : national, autochtone, créole et aussi patriote. Les Polonais qui ont tué en masse sont également tués en masse. Mais ils sont aussi tombés sous l'action des fièvres des tropiques, aussi efficaces que les baïonnettes tirées par les noirs. Ils sont tombés sur les paysages inimaginables d'une terre en feu, victimes de fièvres qu'ils ne connaissaient pas, en regardant les braises incandescentes d'un soleil qu'ils ne pouvaient pas comprendre pourquoi, en cette période immobile de janvier à janvier, ne s'éteint jamais. Certains ont même pressenti non seulement l'humanité, mais aussi la justice de ces insurgés, dont le commandement était désormais entre les mains du plus déterminé d'entre eux : le général en chef Jean-Jacques Dessalines. Le général polonais Ludwik Mateusz Dembowski, qui a été promu commandant par le comte de Rochambeau, général des armées françaises, a écrit à l'époque : "J'ai eu l'occasion de rencontrer le chef des insurgés [Dessalines], ayant été pris en otage pendant 24 heures. Malgré la grande sauvagerie dont ils font généralement preuve, ils m'ont accueilli, et malgré la grande ignorance que l'on suppose en eux, ils raisonnent à leur manière et avec justice".

Mais le monopole de la sauvagerie était détenu par les Français. La légion polonaise a été témoin de la barbarie de la Métropole et des formes les plus diverses d'avilissement de la créature humaine, des gadgets médiévaux aux nouvelles méthodes scientifiques de meurtre et de torture : feux de joie avec de la poudre à canon, chiens de chasse, muselières en étain, viols collectifs, têtes empalées, enfants de moins de 12 ans fourrés dans des sacs et jetés à la mer. Et la technique favorite de Napoléon, les "suffocations", par lesquelles les noirs étaient capturés et jetés dans les cales des navires qui étaient gazés au soufre. Ce n'est pas un hasard si, après avoir conquis la France, Hitler rendra hommage en juin 1940 au tombeau de Bonaparte, situé dans la chapelle des Invalides à Paris.

Décimés par la maladie et la guerre, condamnés à mourir au milieu de cette réalité incompréhensible et déjà sûrs que Bonaparte ne tiendra pas sa promesse, les Polonais commencent à déserter en masse. Après tout, Polonais et Haïtiens se battaient pour la même chose : pour la liberté au vrai sens du terme, pour un morceau de terre où travailler et un endroit où enterrer leurs morts. Rien de moins que ce que nous appelons la patrie. La date décisive de ce tournant historique sera le 18 novembre 1803, à la bataille de Vertières, qui scellera le sort de la Révolution haïtienne et ouvrira les portes de la liberté et de l'abolition de l'esclavage sur tout le continent. Dessalines a déclaré : "Nous avons donné à ces véritables cannibales la guerre pour la guerre, le crime pour le crime, l'indignation pour l'indignation. Oui, j'ai sauvé mon pays, j'ai vengé l'Amérique.

La bataille du Fort Vertières a duré 11 longues heures. Dès le premier matin, 120 soldats polonais ont rejoint les forces révolutionnaires qui assiégeaient le fort, dernière position stratégique des Français. Là, comme dans le poème de Nicolas Guillen, toutes les mains sont jointes, les mains blanches et les mains noires, non pas pour faire un mur, mais pour le faire tomber. Là, Capois-La-Mort, le héros militaire de l'époque, avance avec l'armée indigène pour conquérir la colline située à quelques kilomètres de la capitale coloniale. Il ne s'est pas arrêté quand un boulet de canon a renversé son cheval, ni quand un coup de feu a emporté son chapeau à plumes. Après la bataille, le général français, émerveillé par le courage des troupes indigènes, envoie une lettre : "Le capitaine général Rochambeau offre ce cheval en signe d'admiration pour l'Achille noir à la place de celui que l'armée française regrette d'avoir tué".
L'événement le plus important, certainement sans précédent, n'est pas qu'une armée d'esclaves et de marrons mal armés et mal nourris ait vaincu l'armée la plus puissante et la plus expérimentée de la planète, invaincue dans les guerres européennes. Ce qui était vraiment extraordinaire, c'est que pour la première fois, les damnés de la terre, traités comme des bêtes, asservis et unis au joug de la plantation infernale, arrachaient au colonisateur la reconnaissance de sa pleine humanité. Et ils l'ont fait, bien sûr, par une violence fondatrice et libératrice.

La blessure narcissique pour la France et pour tout l'Occident serait telle qu'à la demande de Napoléon, le nom de Vertières serait littéralement banni des textes d'histoire, étant extirpé de la mémoire traumatisée des Européens. Aujourd'hui encore, il n'y a personne sur le "vieux continent" qui ne connaisse la bataille de Waterloo, mais presque tout le monde ignore que 12 ans après sa défaite en Europe, Napoléon avait déjà mordu la poussière de Vertières. Ce jour-là, les Français ont non seulement perdu le joyau le plus important de leur empire colonial, mais l'événement les conduira plus tard à vendre également le territoire de la Louisiane, craignant qu'une révolution "à la haïtienne" n'éclate dans le nord du continent.

Dessalines, stigmatisé par l'historiographie libérale-coloniale comme un barbare et un sanguinaire, fera sienne la phrase qui dit "gagner c'est pardonner", bien avant que José Martí ne la formule. Une fois la guerre révolutionnaire terminée, la Constitution impériale du 20 mai 1805, beaucoup plus avancée sur le plan éthique, politique et philosophique que celle des Jacobins français, interdira dans son article 12 que les blancs et toute nation étrangère mettent le pied dans le pays "avec le titre de maître ou de propriétaire". Mais l'article suivant exempterait de la mesure les femmes blanches naturalisées par le gouvernement, leurs enfants nés ou à naître, ainsi que les Polonais et les Allemands. La contradiction n'est qu'apparente : l'interdiction des blancs restera en vigueur jusqu'à l'occupation américaine de 1915-1934, mais les Polonais seront considérés, à partir de ce moment, comme "génériquement noirs" et comme pleinement haïtiens. Ou, comme Dessalines lui-même les a appelés, comme "les blancs noirs d'Europe". Leçons de la première et unique révolution antiraciste de notre histoire : tout le monde devait devenir "noir" dans ce sens particulier pour que les stigmates de la peau n'aient plus d'importance.

Cette mesure permettrait de toucher à terme 400 Polonais, qui déposeraient les armes pour devenir des paysans pacifiques, puisqu'en plus de la nationalité, la première nation indépendante d'Amérique leur accorderait des terres pour qu'ils se consacrent à l'agriculture. Lorsque certains des Polonais ont demandé à retourner en Europe pour rencontrer leurs familles, Dessalines a organisé lui-même l'opération, qui a été entièrement financée par l'État haïtien. Le plan de rapatriement comprenait un voyage à bord de la frégate Tartare, commandée par un commandant anglais nommé Perkins, ainsi qu'une escale sur l'île anglaise de la Jamaïque. Mais son gouverneur a essayé d'enrôler les vétérans polonais dans une nouvelle guerre coloniale, et comme ils ont refusé, il les a renvoyés à Haïti. Poussé par les Anglais à expulser les Polonais, Dessalines a insisté sur le fait que la Constitution interdisait l'expulsion des ressortissants polonais, et c'était le cas des "noirs" polonais. Mais, hors des murs, le monde restait un terrain de chasse pour les puissances coloniales, et l'odieux esclavage, aboli à Ayiti, régnait toujours sur les îles voisines. De peur d'être capturés et réduits en esclavage lors d'une nouvelle tentative de retour - tel était le destin qui se cachait derrière leur nouveau statut de "Noirs" - la plupart des Polonais finirent par s'installer sur l'île, principalement dans les régions du sud et du sud-est du pays.

Aujourd'hui encore, à La Baleine, Port-Salut, Fond-des-Blancs, Saint-Jean-du-Sud ou au village de Jacmel, à côté de musiques aux racines caribéennes et africaines, on peut être surpris par les étranges réminiscences d'une polka. Le cas du village de Cazale est particulier. Son nom viendrait de la conjonction du mot kay - maison en langue créole - et du nom de famille Zalewski, courant chez les soldats de la légion polonaise. Aujourd'hui encore, il est courant de désigner les habitants de Cazale, quelle que soit leur origine, comme des Polonais. Aujourd'hui encore, de l'autre côté de la mer, on peut voir dans les maisons de la Pologne catholique et orthodoxe une curieuse figure présidant les autels. Elle est Notre-Dame de Częstochowa, l'invocation nationale adorée de la Vierge Marie. Une vierge noire dans un pays fier de sa blancheur prétendument homogène. La Vierge de Częstochowa est identique à Erzulie Dantor, la plus importante figure féminine de la religion vaudou. Certains disent que, par un de ces caprices du destin, la vierge polonaise a voyagé en bateau vers ces terres des Caraïbes. C'est probablement vrai, et aussi l'inverse.

En Europe, pendant ce temps, Bonaparte construira un État satellite sur les territoires polonais qui portera le nom de Grand-Duché de Varsovie. Retiré de la nation, patrie vassale à la vie éphémère, le duché sera dirigé par Frédéric Auguste Ier de Saxe, marionnette de Napoléon subordonnée à la raison d'état de l'Empire français. Paradoxalement, à l'aube de ce siècle, les seuls Polonais libres sur la surface de la terre seraient ces Polonais. Les renégats, les justes, les noirs. Ceux qui avaient traversé l'océan pour se battre pour une patrie qu'ils n'auraient jamais pu imaginer. Là, ils ont vécu, en paix, et là, ils sont morts, laissant derrière eux des enfants à la peau sombre, aux cheveux noirs et raides et aux yeux électriques. Des enfants qui ont dansé des polkas au rythme d'un tambour africain et d'une flûte des Caraïbes. Ils parlaient un créole étrange qu'ils prononçaient avec des accents sérieux. Et qui vénérait deux vierges jumelles, incapable de distinguer laquelle d'entre elles était haïtienne et laquelle était polonaise.

Source : Correo del Alba (Traduit de l'espagnol)


COMMISSION COMMUNALE DE PORT-AU-PRINCE

ARRÉTÉ

Vu la loi du 27 Juillet 1951 sur l'organisation des Communes;

Considérant qu'il y a lieu d'honorer les hommes qui se sont particulièrement distingués dans l'histoire de la Patrie haïtienne par leur patriotisme, leur courage et leur sens avisé du devoir;

Considérant que le Fondateur  de la Patrie, l'immortel Jean Jacques Dessalines est déjà connu de toutes les générations haïtiennes passées, présentes et futures;

Considérant que l'Édilité de Port-au-Prince se doit de l'honorer en donnant son nom à une des rues de la capitale;

Arrête :

Article 1er.- Est dénommée "Boulevard Jean Jacques Dessalines" la grande voie qui part de la zone nord communément appelée Portail St Joseph et limitée par la zone sud désignée généralement sous le nom de Portail Léogane, ci-devant Grand'Rue.

Article 2.- Le présent arrêté après avoir été approuvé par le Secrétaire d'Etat de l'Intérieur sera publié et exécuté à la diligence de l'Administration communale de Port-au-Prince pour son plein et entier effet.

Fait à Port-au-Prince, à l'Hôtel de ville, le 12 Mai 1960

            Le Président : Philippe CHARLIER

                      Les membres : Mme Léonie Coicou Madiou, Marie Lacombe


Vu et approuvé :

Le Secrétaire d'Etat de l'Intérieur:

Dr. AURELE JOSEPH



Support au peuple haïtien 

Le 12 janvier 2010, le peuple haïtien a vécu l'une des pires tragédies de l'histoire, qui a fait plus de 200 000 morts, des milliers de blessés, environ un million de déplacés et trois millions de sinistrés.

Les infrastructures du pays ont été gravement endommagées dans le processus. À la lumière de la grande tragédie provoquée par le tremblement de terre qui a frappé Haïti, le MEC Provincial Treasury, Sa'ad Cachalia encourage tous les employés du Trésor de la Province du Limpopo à faire des contributions pour aider le peuple d'Haïti pour les efforts de secours du tremblement de terre.

"Votre contribution aux plus grands besoins permettra aux fonds d'être utilisés là où ils sont le plus nécessaires. Faites savoir à vos amis, à votre famille et à tout le monde qu'il suffit de peu pour donner tant au peuple d'Haïti", a déclaré MEC Cachalia.

À cette fin, le gouvernement sud-africain s'est associé à la Croix-Rouge sud-africaine pour canaliser les fonds là où ils sont le plus nécessaires.

Les fonds sont nécessaires pour un soutien à long terme et durable, ainsi que pour la reconstruction des infrastructures qui se sont effondrées. L'accent est mis sur les contributions financières, car le transport des marchandises peut s'avérer trop onéreux, consommant ainsi des fonds censés offrir une assistance. D'où l'utilisation du compte de la Croix-Rouge sud-africaine dont les coordonnées bancaires sont les suivantes :

Banque : Standard Bank

Nom du compte : Société de la Croix-Rouge sud-africaine

Numéro de compte : 070 822 808

Agence : Thibault Square

Code : 020 909

Référence : Lim


Pour plus de clarté sur cette campagne, veuillez contacter :

Maria Kekana

Tél : 015 298 709XX

Portable : 082 419 74XX




Original text


Support for the people of Haiti

14 Apr 2010


The people of Haiti met one of the worst tragedies in history on 12 January 2010 that resulted in more than 200 000 lives lost, thousands injured, about one million displaced and three million affected.

The country's infrastructure was severely damaged in the process. In the light of the great tragedy brought about by the earthquake that hit Haiti, the MEC Provincial Treasury, Sa'ad Cachalia encourages all the employees of the Limpopo Provincial Treasury to make contributions to helping the people of Haiti for the earthquake relief efforts.

"Your contribution to the greatest needs will allow funds to be used where they are needed most. Let your friends, family and all the people know how little it takes to give so much to the people of Haiti," said MEC Cachalia.

Towards this, the South African government has partnered with South African Red Cross Society to channel funds appropriately where they are needed most.

Funds are needed for long term and sustained support as well as rebuilding the infrastructure that has collapsed. Emphasis is on financial contributions because transporting goods might be too expensive ultimately consuming funds that are supposed to offer assistance. Hence, the use of South African Red Cross account whose bank details are as follows:

Bank: Standard Bank
Account name: The South African Red Cross Society
Account number: 070 822 808
Branch: Thibault Square
Code: 020 909
Reference: Lim

For more clarity on this campaign, please contact:
Maria Kekana
Tel: 015 298 70XX
Cell: 082 419 74XX


Source : Gouvernement sud-africain




Décret N° 1962-367 du 01 sept. 1962 portant nomination de Monsieur Nicolas EOUAGNIGNON, Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire de la République du Dahomey (l'actuel Bénin) auprès de la République d'Haïti.


Cliquez pour ICI ouvrir le document.


Loi qui érige le quartier de l'île de La Gonâve en commune de 5ème classe

BORNO

Président de la République

Vu l'article 55 de la Constitution,

Considérant le quartier de l'ile de La Gonâve, qui est d'une vaste étendue et comprend plusieurs sections rurales, a acquis une importance considérable tant au point de vue de sa population qu'au point de vue économique; et qu'il présente les conditions voulues pour être érigé en Commune de 5ème classe;

Sur le rapport des Secrétaires d'Etat de l'Intérieur et des Finances;

A PROPOSÉ,

Et le Conseil d'Etat, exerçant le pouvoir Législatif, a voté la loi suivante : 

Art. 1er.- Le quartier de l'ile de La Gonâve est érigé en commune de 5ème classe.

Art. 2.- Les limites des sections rurales de la Commune de La Gonâve, seront fixées par arrêté du Président d'Haïti.

Art. 3.- La présente loi abroge toutes les dispositions de loi qui lui sont contraires et sera imprimée, publiée et exécutée à la diligence des Secrétaires d'Etat de l'Intérieur et des Finances, chacun en ce qui le concerne.

Donné au Palais Législatif, à Port-au-Prince, le 30 Mai 1924, an 121ème de l'Indépendance.

                    Le Président :

                            J.M. GRANDOIT

                    Les Secrétaires :

                    CHS. ROUZIER, DELABARRE PIERRE LOUIS.


AU NOM DE LA RÉPUBLIQUE

Le Président de la République ordonne que la Loi ci-dessus soit revêtue du Sceau de la République, imprimée, publiée et exécutée.

Donné au Palais National, à Port-au-Prince, le 2 Juin 1924, an 121ème de l'Indépendance.

                                                                                                                BORNO

Le Secrétaire d'Etat de l'Intérieur :
      LUC THEARD.
           Le Secrétaire d'Etat des Finances :
                 AUGUSTE MAGLOIRE
    




LOI qui érige le quartier de Belladère en commune de 5ème classe et la fait relever de l'Arrondissement de Lascahobas

Votée à la Chambre le 15 Juillet - Au Sénat le 26 Juillet.

Promulguée le 2 Août 1907. (Moniteur 10 Août 1907)

NORD ALEXIS

Président de la République

Considérant que le quartier de Belladère, distante d'environs neuf lieues du siège de l'arrondissement de Lascahobas dont il relève, mérite d'avoir une administration qui lui est propre, tant pour la bonne distribution de la justice que pour la sécurité à donner à cette intéressante population;

Vu l'article 69 de la Constitution,

Sur le rapport du Secrétaire d'Etat de l'Intérieur et de la Police générale,

Et de l'avis du Conseil des Secrétaires d'Etat,

A PROPOSE

Et le corps Législatif a voté la loi suivante :

ARTICLE PREMIER. - Le quartier de Belladère est érigé en commune de 5ème classe et relève directement de l'Arrondissement de Lascahobas.

ART. 2. - Les limites de cette nouvelle commune seront ultérieurement fixées par un Arrêté du Président d'Haïti.

ART. 3 - La présente loi sera publiée et exécutée à la diligence des Secrétaires d'Etat, chacun en ce qui le concerne.


 



Les Butios [1] ont promis la victoire !

O Zémès [2] soyez-nous favorable !

Nos visages sont passés aux Xagua [3] !

Le lambi [4] résonne dans les airs !

Nul ne peut nous résister

Tuons, exterminons, brulons !

Leur peau sera le hamac [5] !

Où nos enfants dormiront

Aya bombé, aya bombé ! [6]

II

Nos pères, nos frères, nos parents

Furent naguère aussi nombreux

Que sur nos têtes, les étoiles

Avant l’arrivée, en notre ile

Des monstres vomis par la mer !

Où sont-ils maintenant ?

L’urucane [7] a soufflé sur eux !

Les Chemis [8] savent seuls à présent

Dans quels pays ils voyagent

Mais le sang appelle le sang

Aya bombé, aya bombé !

III

Ne mourons plus en lâches !

Ne vivons plus pour creuser les monts !

Non plus pour fouiller les rivières

A la recherche de l’or

Nous haïssons la poudre jaune !

Le Xagua qui tient nos mains

En rouge pour la bataille,

Le Xagua qui crache le sang

Dans son vif écarlate

Est mille fois plus beau

Ne perçons plus la terre.

Aya bombé, aya bombé!

IV

Pour mourir libres, il faut monter

Très haut, plus haut encore, toujours

Où ils ne peuvent grimper !

Leurs pieds ne sont pas purs et lestes !

La plaine nous trahit et nous livre

Bahoruco [9] nous reçoit et nous garde

O mère sacrée, o montagne sainte

O Mamona [10], refuge suprême !

Prends nos os, o fidèle

Qui osera nous chercher dans tes bras ?

Et dans la chevelure de tes lianes ?

Aya bombé, aya bombé

V

S’ils nous traquent jusque-là

Nous jurons de ne pas trembler !

Nous jurons d’être dignes de toi !

Dignes d’être tes fils o Bahoruco!

Leur tonnerre ne nous effraie pas

Ce n’est pas celui des dieux

Les dieux ne sont pas si cruels !

Les dieux ne sont pas si barbares

Nous serons fermes dans notre serment !

Notre devoir est de combattre

Aya bombé, aya bombé!

VI

Notre devoir est de mourir

Les Butios ont promis la victoire

Zémès ne veut pas notre perte !

La cause est juste ! La terre est à nous.

Défendons-là de nos flèches pointues !

De nos quartiers de roc dégringolons

Dressés vers toi, o protectrice !

Terrassons leurs têtes hardies

Tels dans la saison mure

Des guanavimas [11] écrasés sur le sol.

Aya bombé, aya bombé !


Lexique

1. Butios : Nom des prêtres et médecins des indigènes.

2. Zémès : Dieux pénates qui protégeaient leurs foyers et leurs cités.

3. Xagua : Plante qui croissait dans l’ile d’Haïti. Les premiers habitants l’utilisaient pour colorer leur visage lorsqu’ils allaient à la guerre.

4.Lambi :Gros coquillage de mer qui sert de cor jusqu’à nos jours.

5. Hamac : Espèce de lit fait avec de la toile.

6. Aya bombé : Selon certains traducteurs “mourir plutôt que d’être asservis”.

7. Urucane : Ouragan

8. Chemis : Autre appellation dont se servaient les indigènes pour désigner les dieux-lares.

9. Bahoruco : Montagne où s’était réfugié le Cacique Henry.

10. Mamona : déesse.

11. Guanavimas : Goyaves

Source : Fouchard Jean, Langue et littérature des aborigènes d'Ayti, éditions de l'école, collection histoire et littérature, Paris, 1972.

Quartier-général de Angostura, le 14 de Aout de 1818, 8°

A Monsieur le Président de la République d’Haïti. (Jean Pierre Boyer)

Monsieur le Président:

J’ai appris avec la plus grande sensibilité la mort du Mon­sieur le Président Pétion; son patriotisme, sa générosité, et toutes les autres qualités qui le caractérisaient, ont excité ma vénération, et celle de tous mes compatriotes, et elle sera aussi immortelle que son nom!

L’amitié et le désintéressement avec lesquels le peuple et les autorités de la République d’Haïti donnèrent l’hospitalité aux émigrés de la Cote Ferme, nous pénétrèrent de la plus vive reconnaissance, et en mon particulier, je formai des vœux pour sa prospérité, et pour la conservation des jours du digne chef qui le commandait.

Cette catastrophe, en trompant mes vœux, enlevé à Haïti l’un de ses plus braves défenseurs, et le prive de l’un de ses plus dignes citoyens.

Cependant, un milieu de tant de malheurs, les haïtiens doivent s’estimer heureux du nouveau choix qu’ils viennent de faire en vous nommant á la première magistrature de la République, et je vous prie de me permettre, Monsieur le Président, de vous présenter mes félicitations les plus sincères.

J’ai l'honneur de vous donner quelques détails sur l’état des affaires de Venezuela.

La campagne dernière aurait été, sans contredit, le terme du règne des espagnols, si quelques circonstances malheureuses, comme le manque de munitions, ne m’eussent pas obligé de retourner sur mes pas, jusqu’á ce que je sois à meme de frapper à coup sûr. Le moment n’est pas éloigné.

Nous avons reçu d’Angleterre, une grande quantité d’armes de toutes espèces, et nous en attendons encore, suivant les nouvelles que j’ai reçues de Londres. Le général Mac Gregor, doit arriver avant peu avec 2.000 hommes de troupes, et quelques bâtiments de guerre de première forcé, qui ont été achetés en Angleterre pour le compte de Petat.

L’Espagne se trouve dans un état très critique et la guerre entre elle et les Etats-Unis d’Amérique est inévitable; le gouvernement américain sera le premier, je crois, qui reconnaitra l’indépendance de Venezuela. J’espère même, que nous en recevrons quelques secours, car nous venons de recevoir Monsieur Irvine, député de ce Gouvernement, qui habite en cette capitale. Je serais très charmé de cette alliance, attendu qu’elle serait avantageuse a tous deux, et qu’il est indispensable que les gouvernements américains libres, se réunissent, afin de consolider leur indépendance et être à même de repousser les efforts de la tyrannie!

Nous avons la nouvelle positive de la prise de Quito et de Lima par les armées de Buenos Aires, et je viens d’envoyer des armes et des munitions aux patriotes de la Nouvelle Grenade pour terminer la pacification de ces provinces. Toutes les plaines de Caracas sont en notre pouvoir; nous avons des divisions sur tous les points essentiels, et la principale armée sera en état de lutter et détruire les derniers efforts du despotisme espagnol. Ce qui prouve la débilité de nos ennemis, c’est qu’ils abandonnent tout l’intérieur pour se concentrer sur Puerto Cabello et être à portée d’évacuer en cas de revers.

Enfin, Monsieur le Président, considérant l’état des choses sous le point de vue le plus impartial, la République ne s’est jamais trouvée dans une position aussi avantageuse, et je crois pouvoir assurer, que la fin de cette année verra le terme de la guerre dans Venezuela.

Je désire ardemment que Venezuela soit libre, afin de pouvoir ouvrir des rapports plus fréquents avec les braves haïtiens, et pouvoir leur témoigner les sentiments fraternels et amicaux, que les vénézuéliens leur portent, et mon particulier; je vous prie, Monsieur le Président, de recevoir les assurances de ma considération la plus distinguée, avec laquelle j’ai l'honneur d’être votre humble et obéissant serviteur.

BOLÍVAR

Certifié conforme a l’original.

Le Secrétaire General. B. Inginac.

TRADUCCIÓN

Cuartel general de Angostura, a 14 de agosto de 1818, 8°

Al señor Presidente de la República de Haití. (Juan Pedro Boyer).

Señor Presidente:

He sabido con el mayor sentimiento la muerte del Presidente Petión: su patriotismo, su generosidad y las demás virtudes que lo caracterizaban, han excitado mi veneración y la de todos mis compatriotas; esa veneración será tan inmortal co­mo el nombre de Petión.

La amistad y el desinterés con que el pueblo y las autorida­des de la República de Haití le dieron hospitalidad a los emi­grados de Tierra Firme, nos llenaron del más vivo reconoci­miento; y yo particularmente hice votos por su prosperidad y por la conservación de la vida del digno jefe que lo go­bernaba.

Esta catástrofe, burlando mis fervientes deseos, arrebata a Haití uno de sus más bravos defensores y le priva de uno de sus más dignos ciudadanos.

Sin embargo, en medio de tantas desgracias, los haitianos deben sentirse felices de la nueva elección que acaban de ha­cer llamando a V.E. a la primera magistratura de la República, y le ruego que me permita, señor Presidente, presentar a V.E. mis más sinceras felicitaciones.

Tengo el honor de dar a V.E. algunos datos acerca de los asuntos de Venezuela. Sin duda alguna la última campaña hubiera puesto fin al dominio de los españoles, si algTinas circunstancias desgracia­das, como la falta de municiones, no me hubiesen obligado a retirarme hasta que esté en aptitud de dar un golpe seguro. Este momento no está lejos.

Hemos recibido de Inglaterra gran cantidad de armas de todas clases, y esperamos aún más, según las noticias que he recibido de Londres. El general Mac Gregor, debe llegar en breve con 2.000 hombres de tropa y algunos buques de gue­rra de primer orden que han sido comprados en Inglaterra por cuenta del Estado.

Y La España se encuentra en un estado muy crítico, y la gue­rra entre ella y los Estados Unidos de América es inevitable; creo que el gobierno americano será el primero en reconocer la independencia de Venezuela. Espero, incluso, que nos pro­porcione algunos recursos, pues acabamos de recibir al señor Irvine agente de aquel gobierno, quien reside en esta capital. Me complacería mucho esta alianza, puesto que sería ventajosa para los dos países, y porque es indispensable que los gobiernos americanos libres se reúnan con el fin de consoli­dar su independencia y estar así en aptitud de rechazar los esfuerzos de la tiranía.

Tenemos noticias positivas de haber sido tomadas Quito y Lima por los ejércitos de Btienos Aires, y acabo de enviar ar­mas y municiones a los patriotas de la Nueva Granada para terminar la pacificación de esas provincias. Todos los llanos de Caracas están en nuestro poder; tenemos divisiones en to­dos los puntos esenciales y el ejército principal se hallará en condiciones de luchar, y destruir los últimos esfuerzos del des­potismo español. Lo que prueba la debilidad de nuestros ene­migos, es que abandonan todo el interior para concentrarse en Puerto Cabello y estar en posición de evacuar el país en caso de derrota.

En fin, señor Presidente, considerando el estado de las co­sas desde el punto de vista más imparcial, la República jamás se ha encontrado en posición tan ventajosa, y creo poder ase­gurar que el fin de este año verá el término de la guerra en Venezuela. Deseo ardientemente que Venezuela sea libre, con el fin de poder establecer relaciones más frecuentes con los valientes haitianos, y poder manifestarles los sentimientos fraternales y amistosos de los venezolanos hacia ellos, y los míos en par­ticular; le ruego, señor Presidente, reciba la seguridad de mi -más distinguida consideración, con que tengo el honor de ser de V.E. humilde y obediente servidor.

BOLÍVAR

Certificado conforme al original.

El Secretario General, B. Inginac.

Source : Les archives du Venezuela

Articles plus récents Articles plus anciens Accueil

Shopy 509

https://shopy509.com/products/jean-jacques-dessalines-snap-case-for-iphone

Visites du site

Citations

Les lâches ! Ils n'ont point senti, dans leur aveuglement, qu'ils foulaient aux pieds cette constitution qu'ils avaient juré de défendre ! Ils n'ont point compris, ces indignes descendants des fondateurs de notre indépendance que, répudiant l'héritage de nos pères, livraient à l'étranger le sol de la Patrie, tiède encore du sang de leurs ancêtres ! — Faustin Soulouque, Empereur d'Haïti
Never Miss A Recipe!

Join thousands of our subscribers and get our best recipes delivered each week!

POPULAR POSTS

  • Proclamation du 2 novembre 1806 du Général Henry Christophe, chef provisoire du Gouvernement d'Haïti, au peuple et à l'Armée suite à l'assassinat de l'Empereur Jacques Ier
  • Lettre de démission du président Jean-Pierre Boyer adressée au Sénat de la République
  • Le secrétaire provisoire de la République annonce à la population que le président Jean-Pierre Boyer a démissionné
  • Charles Rivière Hérard déchoit Jean-Pierre Boyer de sa fonction de président d'Haïti
  • Projet de Concordat entre l'État de la Cité du Vatican et la République d'Haïti de 1842
  • Le ministre de la Guerre et de la Marine, Étienne Gérin, annonce à Henry Christophe la mort de Dessalines et lui envoie un acte qui le proclame chef de l'État en remplacement de l'Empereur
  • Alexandre Pétion donne lecture de son rapport le 27 décembre 1806 sur le projet de la nouvelle Constitution après l'assassinat de Jean-Jacques Dessalines
  • Récit de l'entrée du président Jean-Pierre Boyer et des Armées haïtiennes à Santo Domingo le 9 février 1822
  • Alexandre Pétion informe Henry Christophe de l'assassinat de l'Empereur Jean-Jacques Dessalines et lui demande de prendre les rênes du pays
  • Des officiers hauts-gradés de l'Armée reconnaissent Henry Christophe comme Chef d'État d'Haïti et lui demandent de sévir contre Jean-Jacques Dessalines
Fourni par Blogger

Polls

Choix éditorial

Loi de 1848 créant la fête de Jean-Jacques Dessalines, Empereur d'Haïti

Image

Nombre de visites

  • Accueil
  • Éphémérides
  • _Janvier
  • _Février
  • _Mars
  • _Avril
  • _Mai
  • _Juin
  • _Juillet
  • _Août
  • _Septembre
  • _Octobre
  • _Novembre
  • _Décembre
  • La Boutique
  • Les communes d'Haïti
  • _Artibonite
  • _Centre
  • _Grande-Anse
  • _Nippes
  • _Nord
  • _Nord-Est
  • _Nord-Ouest
  • _Ouest
  • _Sud
  • _Sud-Est
  • Citations
  • Vidéos

Par sujet

  • Afrique
  • Alexandre Pétion
  • Colonialisme
  • Culture
  • Dominicanie
  • Esclavage
  • Haïti
  • Henry Christophe
  • Internationalisme
  • Jean-Jacques Dessalines
  • Toussaint Louverture
  • Venezuela
  • Vodou

Follow Us

  • bloglovinFollow
  • pinterestFollow
  • instagramFollow
  • facebookFollow
  • InstagramFollow
  • InstagramFollow

Contact

Formulaire de contact

Nom

E-mail *

Message *

Advertisement

Citation

Citation
Si l'héroïsme existe quelque part ici-bas, sans doute, faudrait-il aller le chercher dans les pliures du Bicolore haïtien. (Hubert Papailler)

Visitez la boutique

Popular Posts

L'île de La Navase : trésor haïtien confisqué par les États-Unis d'Amérique

Une île haïtienne intacte, appelée La Navase, a été revendiquée par les États-Unis et rebaptisée Navassa Island, bien qu'elle se trouve à seulement 25 miles (40 km) au Sud-ouest de la ville de Jérémie et à 37 miles (60 km) de la péninsule la plus occidentale d'Haïti. La Navase est inhabitée, mais les Haïtiens pêchent sur ses côtes depuis plus de deux siècles, et toutes les îles adjacentes à Haïti, quelle que soit leur population, sont considérées comme faisant partie intégrante du pays depuis la première Constitution de Toussaint Louverture en 1801. De plus, l'article 2 de la Constitution haïtienne de 1874 mentionne expressément que les possessions insulaires d'Haïti comprennent La Navaze. L'île de 1300 acres (5,26 km²) en forme de déchirure pose un défi à l'habitation humaine parce qu'elle ne contient pas d'eau douce et les falaises abruptes le long de sa côte rendent presque impossible le débarquement d'un bateau ; cependant, elle a accueilli telle...
Image

Les présidents dominicains d'origine haïtienne

Beaucoup de gens ignorent que la République dominicaine a eu quatre présidents d'origine haïtienne. C'est un sujet peu traité et même caché par les historiens traditionnels. General Gregorio Luperon Gregorio Luperon Le premier président dominicain d'origine haïtienne fut Gregorio Luperon qui fut président provisoire de la République du 18 décembre 1879 au 1er septembre 1880. Concernant ses origines haïtiennes, l'historien Emilio Cordero Michel déclare : "Bien que du côté de sa mère, Luperon était d'origine haïtienne, à certains moments de sa vie, il a manifesté des préjugés contre Haïti qui ont refait surface au sein du peuple dominicain en raison du processus historique qu'il a vécu de 1844 à 1861" (Emilio Cordero Michel. Article Luperon et Haïti. Clio Magazine №152. 1995. Académie dominicaine d'histoire). Un autre historien qui fait référence à l'ascendance haïtienne de Luperon est le Dr Tirso Mejia Ricart qui établit ...
Image

Lettre de remerciement du général dominicain Gregorio Luperón au président Nissage Saget

Les présidents haïtiens Fabre Nicolas Geffrard et Nissage Saget ont aidé la République Dominicaine à maintenir sa souveraineté et son indépendance face à la volonté d'une certaine élite emmenée par les présidents Pedro Santana et Buenaventura Baez de livrer le pays à l'Espagne et de redevenir ainsi une colonie. Quant au président Nissage Saget, il a offert l'asile à des résistants dominicains, leur a donné des hommes, des armes, des munitions, de l'argent pour aller libérer leur pays. Ci-dessous, la lettre de remerciement de Gregorio Luperón au président Saget, dans laquelle il a également reconnu que son pays est redevable d'une immense dette envers Haïti en raison de son soutien au peuple dominicain. Une circonstance imprévue m'a emmené à Saint-Marc sur le bateau que je commandais. Votre accueil franc, loyal et sympathique a fait déborder en moi l'instinct de fraternité envers le peuple haïtien, et m'a rendu redevable à votre gouvernement d'une...
Image

Lettre de refus d'Anténor Firmin à la demande des États-Unis d'affermer le Môle Saint-Nicolas

Joseph Auguste Anténor Firmin, Ministre des Relations extérieures de la République d'Haïti Port-au-Prince, 22 avril 1891 Messieurs les plénipotentiaires, J'ai l'honneur de vous accuser réception à Vos Excellences de votre dépêche du 21 de ce mois, par laquelle vous avez bien voulu m'adresser une copie officielle du document signé par son Excellence le Président des États-Unis et vous investissant de pleins - pouvoirs pour - conférer avec toutes personnes revêtues des mêmes pouvoirs par Haïti, afin de négocier une convention entre les deux gouvernements. En examinant ce document et me référant à l'entrevue que j'eus l'honneur d'avoir avec Vos Excellences le jour même de la réception de votre dépêche, je dois inférer que vos pleins pouvoirs se rapportent à la demande faite le 7 février dernier au gouvernement d'Haïti, par l'honorable amiral Gherardi, en qualité de commissaire spécial des États-Unis, d'exprimer son consentement d'accorder au...
Image

Haïti : la malédiction blanche

Par Eduardo Galeano, intellectuel uruguayen 6 Avril 2004 Le premier jour de cette année, la liberté a fêté deux siècles de vie dans le monde. Personne ne s’en est rendu compte ou presque. Quelques jours plus tard, le pays de l’anniversaire, Haïti, occupait une certaine place dans les médias ; non pas à cause de cet anniversaire de la liberté universelle, mais parce qu’a été provoqué un bain de sang qui a fini par faire tomber le président Aristide. Haïti a été le premier pays où on a aboli l’esclavage. Toutefois, les encyclopédies les plus répandues et presque tous les textes d’éducation attribuent à l’Angleterre cet honneur historique. Il est vrai qu’un beau jour l’empire a changé d’avis, lui qui avait été le champion mondial du trafic négrier ; mais l’abolition britannique s’est produite en 1807, trois années après la révolution haïtienne, et s’est avérée tellement peu convaincante qu’en 1832 l’Angleterre a dû interdire à nouveau l’esclavage. La négation d’Haïti n’a rien de nouveau....
Image

La prière de Boukman Dutty

Cette prière a été prononcée par le prêtre vodou, Dutty Boukman, esclave né à la Jamaïque, lors de la cérémonie du Bois-Caïman tenue dans la nuit du 13 au 14 août 1791.  Cérémonie qui a permis quelques jours plus tard le soulèvement général des esclaves et qui constitue l'une des premières marches vers l'indépendance d'Haiti en 1804. Kreyol Bon Dje ki fè latè. Ki fè solèy ki klere nou anwo. Bon Dje ki soulve lanmè. Ki fè gronde loray. Bon Dje nou ki gen zorèy pou tande. Ou ki kache nan nyaj. Kap gade nou kote ou ye la. Ou wè tout sa blan fè nou sibi. Dje Blan yo mande krim. Bon Dje ki nan nou an vle byen fè. Bon Dje nou an ki si bon, ki si jis, li odone vanjans. Se li kap kondui bra nou pou nou ranpote la viktwa. Se li kap ba nou asistans. Nou tout fèt pou nou jete potre dje Blan yo ki swaf dlo lan zye. Koute vwa la libète kap chante lan kè nou. Français Le dieu qui créa la terre, qui créa le soleil qui nous donne la lumière. Le dieu qui détient les océans, qui fait gronder...
Image

Lettre de Jean-Jacques Dessalines au président Thomas Jefferson des Etats-Unis

Au quartier Général, Habitation de Frère, Plaine du Cul de Sac 23 Juin 1803 Jean Jacques Dessalines, Général en chef de l’Armée de Saint-Domingue à Monsieur le président des Etats-Unis d'Amérique Monsieur Le Président, La Goélette des États-Unis (La Fédérale, Capitaine Neheniah Barr) forcée d’entrer dans le port du Petit Goâve par nos chaloupes en croisière, m’offre l’honneur de vous instruire des événements survenus dans notre malheureuse isle depuis l’arrivée des Français et de la révolution qu’y a occasionné la tirannie de leur gouvernement oppresseur. Lassé de payer par l’effusion de tout notre sang le prix de notre aveugle fidélité à une métropole qui égorge ses enfans , le peuple de Saint Domingue, à l’exemple des nations les plus sages, a secoué le joug de la tirannie et juré l’expulsion de ses bourreaux. Déjà nos campagnes sont purgées de leur aspect; quelques villes leur restent encore, mais n’offrent plus rien à leur avide rapacité. Le...
Image

Lettre de Toussaint Louverture à Napoléon Bonaparte

Général Toussaint Louverture Militaire et Homme d'État haïtien Citoyen Consul,  Votre lettre m’a été transmise par le citoyen Leclerc, votre beau-frère, que vous avez nommé capitaine-général de cette île : titre qui n’est point reconnu par la constitution de Saint-Domingue. Le même messager a rendu deux enfants innocents aux embrassements et à la tendresse de leur père. Mais quelques chers que me soient mes fils, je ne veux point avoir d’obligation à mes ennemis, et je les renvoie à leurs geôliers. Les forces destinées à faire respecter la souveraineté du peuple français ont aussi effectué une descente ; elles répandent partout le carnage et la dévastation. De quel droit veut-on exterminer, par le fer et par le feu, un peuple grossier, mais innocent ? Nous avons osé former une constitution adaptée aux circonstances. Elle contient de bonnes choses, comme vous en convenez vous-même ; mais il s’y trouve aussi, dites-vous, des articles contraires à la souveraineté du peupl...
Image

I have a dream : Discours historique de Martin Luther King le 28 Août 1963 à Washington

J e suis heureux de me joindre à vous aujourd’hui pour participer à ce que l’histoire appellera la plus grande démonstration pour la liberté dans les annales de notre nation. Il y a un siècle de cela, un grand Américain qui nous couvre aujourd’hui de son ombre symbolique signait notre Proclamation d’Émancipation. Ce décret capital se dresse, comme un grand phare illuminant d’espérance les millions d’esclaves marqués au feu d’une brûlante injustice. Ce décret est venu comme une aube joyeuse terminer la longue nuit de leur captivité. Mais, cent ans plus tard, le Noir n’est toujours pas libre. Cent ans plus tard, la vie du Noir est encore terriblement handicapée par les menottes de la ségrégation et les chaînes de la discrimination. Cent ans plus tard, le Noir vit à l’écart sur son îlot de pauvreté au milieu d’un vaste océan de prospérité matérielle. Cent ans plus tard, le Noir languit encore dans les coins de la société américaine et se trouve exilé dans son propr...
Image

Les péchés d'Haïti

Eduardo Hughes Galeano Article écrit par Eduardo Galeano en 1996, journaliste et écrivain uruguayen, est l'une des personnalités les plus en vue de la littérature latino-américaine. Ses livres ont été traduits en plusieurs langues. Ses œuvres les plus connues sont Memoria del fuego (1986) et Las venas abiertas de América Latina (1971). La démocratie haïtienne est née il y a peu de temps. Au cours de sa brève vie, cette créature affamée et malade n'a reçu que des gifles. Elle est née récemment au cours des fêtes de fin d'années de 1991, quand elle a été assassinée par le coup-d'état du général Raoul Cédras. Trois ans plus tard, il a été ressuscité. Après avoir fait entrer et sortir tant de dictateurs militaires, les États-Unis ont fait déposé et remis au pouvoir le président Jean-Bertrand Aristide, qui avait été le premier dirigeant  élu par le vote populaire dans l'histoire d'Haïti et qui avait eu la folie de vouloir un pays moins injuste. Le vote et le vet...
Image
Adbox

Popular Posts

L'île de La Navase : trésor haïtien confisqué par les États-Unis d'Amérique

Une île haïtienne intacte, appelée La Navase, a été revendiquée par les États-Unis et rebaptisée Navassa Island, bien qu'elle se trouve à seulement 25 miles (40 km) au Sud-ouest de la ville de Jérémie et à 37 miles (60 km) de la péninsule la plus occidentale d'Haïti. La Navase est inhabitée, mais les Haïtiens pêchent sur ses côtes depuis plus de deux siècles, et toutes les îles adjacentes à Haïti, quelle que soit leur population, sont considérées comme faisant partie intégrante du pays depuis la première Constitution de Toussaint Louverture en 1801. De plus, l'article 2 de la Constitution haïtienne de 1874 mentionne expressément que les possessions insulaires d'Haïti comprennent La Navaze. L'île de 1300 acres (5,26 km²) en forme de déchirure pose un défi à l'habitation humaine parce qu'elle ne contient pas d'eau douce et les falaises abruptes le long de sa côte rendent presque impossible le débarquement d'un bateau ; cependant, elle a accueilli telle...
Image

Les présidents dominicains d'origine haïtienne

Beaucoup de gens ignorent que la République dominicaine a eu quatre présidents d'origine haïtienne. C'est un sujet peu traité et même caché par les historiens traditionnels. General Gregorio Luperon Gregorio Luperon Le premier président dominicain d'origine haïtienne fut Gregorio Luperon qui fut président provisoire de la République du 18 décembre 1879 au 1er septembre 1880. Concernant ses origines haïtiennes, l'historien Emilio Cordero Michel déclare : "Bien que du côté de sa mère, Luperon était d'origine haïtienne, à certains moments de sa vie, il a manifesté des préjugés contre Haïti qui ont refait surface au sein du peuple dominicain en raison du processus historique qu'il a vécu de 1844 à 1861" (Emilio Cordero Michel. Article Luperon et Haïti. Clio Magazine №152. 1995. Académie dominicaine d'histoire). Un autre historien qui fait référence à l'ascendance haïtienne de Luperon est le Dr Tirso Mejia Ricart qui établit ...
Image

Lettre de remerciement du général dominicain Gregorio Luperón au président Nissage Saget

Les présidents haïtiens Fabre Nicolas Geffrard et Nissage Saget ont aidé la République Dominicaine à maintenir sa souveraineté et son indépendance face à la volonté d'une certaine élite emmenée par les présidents Pedro Santana et Buenaventura Baez de livrer le pays à l'Espagne et de redevenir ainsi une colonie. Quant au président Nissage Saget, il a offert l'asile à des résistants dominicains, leur a donné des hommes, des armes, des munitions, de l'argent pour aller libérer leur pays. Ci-dessous, la lettre de remerciement de Gregorio Luperón au président Saget, dans laquelle il a également reconnu que son pays est redevable d'une immense dette envers Haïti en raison de son soutien au peuple dominicain. Une circonstance imprévue m'a emmené à Saint-Marc sur le bateau que je commandais. Votre accueil franc, loyal et sympathique a fait déborder en moi l'instinct de fraternité envers le peuple haïtien, et m'a rendu redevable à votre gouvernement d'une...
Image

Lettre de refus d'Anténor Firmin à la demande des États-Unis d'affermer le Môle Saint-Nicolas

Joseph Auguste Anténor Firmin, Ministre des Relations extérieures de la République d'Haïti Port-au-Prince, 22 avril 1891 Messieurs les plénipotentiaires, J'ai l'honneur de vous accuser réception à Vos Excellences de votre dépêche du 21 de ce mois, par laquelle vous avez bien voulu m'adresser une copie officielle du document signé par son Excellence le Président des États-Unis et vous investissant de pleins - pouvoirs pour - conférer avec toutes personnes revêtues des mêmes pouvoirs par Haïti, afin de négocier une convention entre les deux gouvernements. En examinant ce document et me référant à l'entrevue que j'eus l'honneur d'avoir avec Vos Excellences le jour même de la réception de votre dépêche, je dois inférer que vos pleins pouvoirs se rapportent à la demande faite le 7 février dernier au gouvernement d'Haïti, par l'honorable amiral Gherardi, en qualité de commissaire spécial des États-Unis, d'exprimer son consentement d'accorder au...
Image

Haïti : la malédiction blanche

Par Eduardo Galeano, intellectuel uruguayen 6 Avril 2004 Le premier jour de cette année, la liberté a fêté deux siècles de vie dans le monde. Personne ne s’en est rendu compte ou presque. Quelques jours plus tard, le pays de l’anniversaire, Haïti, occupait une certaine place dans les médias ; non pas à cause de cet anniversaire de la liberté universelle, mais parce qu’a été provoqué un bain de sang qui a fini par faire tomber le président Aristide. Haïti a été le premier pays où on a aboli l’esclavage. Toutefois, les encyclopédies les plus répandues et presque tous les textes d’éducation attribuent à l’Angleterre cet honneur historique. Il est vrai qu’un beau jour l’empire a changé d’avis, lui qui avait été le champion mondial du trafic négrier ; mais l’abolition britannique s’est produite en 1807, trois années après la révolution haïtienne, et s’est avérée tellement peu convaincante qu’en 1832 l’Angleterre a dû interdire à nouveau l’esclavage. La négation d’Haïti n’a rien de nouveau....
Image

La prière de Boukman Dutty

Cette prière a été prononcée par le prêtre vodou, Dutty Boukman, esclave né à la Jamaïque, lors de la cérémonie du Bois-Caïman tenue dans la nuit du 13 au 14 août 1791.  Cérémonie qui a permis quelques jours plus tard le soulèvement général des esclaves et qui constitue l'une des premières marches vers l'indépendance d'Haiti en 1804. Kreyol Bon Dje ki fè latè. Ki fè solèy ki klere nou anwo. Bon Dje ki soulve lanmè. Ki fè gronde loray. Bon Dje nou ki gen zorèy pou tande. Ou ki kache nan nyaj. Kap gade nou kote ou ye la. Ou wè tout sa blan fè nou sibi. Dje Blan yo mande krim. Bon Dje ki nan nou an vle byen fè. Bon Dje nou an ki si bon, ki si jis, li odone vanjans. Se li kap kondui bra nou pou nou ranpote la viktwa. Se li kap ba nou asistans. Nou tout fèt pou nou jete potre dje Blan yo ki swaf dlo lan zye. Koute vwa la libète kap chante lan kè nou. Français Le dieu qui créa la terre, qui créa le soleil qui nous donne la lumière. Le dieu qui détient les océans, qui fait gronder...
Image

Lettre de Jean-Jacques Dessalines au président Thomas Jefferson des Etats-Unis

Au quartier Général, Habitation de Frère, Plaine du Cul de Sac 23 Juin 1803 Jean Jacques Dessalines, Général en chef de l’Armée de Saint-Domingue à Monsieur le président des Etats-Unis d'Amérique Monsieur Le Président, La Goélette des États-Unis (La Fédérale, Capitaine Neheniah Barr) forcée d’entrer dans le port du Petit Goâve par nos chaloupes en croisière, m’offre l’honneur de vous instruire des événements survenus dans notre malheureuse isle depuis l’arrivée des Français et de la révolution qu’y a occasionné la tirannie de leur gouvernement oppresseur. Lassé de payer par l’effusion de tout notre sang le prix de notre aveugle fidélité à une métropole qui égorge ses enfans , le peuple de Saint Domingue, à l’exemple des nations les plus sages, a secoué le joug de la tirannie et juré l’expulsion de ses bourreaux. Déjà nos campagnes sont purgées de leur aspect; quelques villes leur restent encore, mais n’offrent plus rien à leur avide rapacité. Le...
Image

Lettre de Toussaint Louverture à Napoléon Bonaparte

Général Toussaint Louverture Militaire et Homme d'État haïtien Citoyen Consul,  Votre lettre m’a été transmise par le citoyen Leclerc, votre beau-frère, que vous avez nommé capitaine-général de cette île : titre qui n’est point reconnu par la constitution de Saint-Domingue. Le même messager a rendu deux enfants innocents aux embrassements et à la tendresse de leur père. Mais quelques chers que me soient mes fils, je ne veux point avoir d’obligation à mes ennemis, et je les renvoie à leurs geôliers. Les forces destinées à faire respecter la souveraineté du peuple français ont aussi effectué une descente ; elles répandent partout le carnage et la dévastation. De quel droit veut-on exterminer, par le fer et par le feu, un peuple grossier, mais innocent ? Nous avons osé former une constitution adaptée aux circonstances. Elle contient de bonnes choses, comme vous en convenez vous-même ; mais il s’y trouve aussi, dites-vous, des articles contraires à la souveraineté du peupl...
Image

I have a dream : Discours historique de Martin Luther King le 28 Août 1963 à Washington

J e suis heureux de me joindre à vous aujourd’hui pour participer à ce que l’histoire appellera la plus grande démonstration pour la liberté dans les annales de notre nation. Il y a un siècle de cela, un grand Américain qui nous couvre aujourd’hui de son ombre symbolique signait notre Proclamation d’Émancipation. Ce décret capital se dresse, comme un grand phare illuminant d’espérance les millions d’esclaves marqués au feu d’une brûlante injustice. Ce décret est venu comme une aube joyeuse terminer la longue nuit de leur captivité. Mais, cent ans plus tard, le Noir n’est toujours pas libre. Cent ans plus tard, la vie du Noir est encore terriblement handicapée par les menottes de la ségrégation et les chaînes de la discrimination. Cent ans plus tard, le Noir vit à l’écart sur son îlot de pauvreté au milieu d’un vaste océan de prospérité matérielle. Cent ans plus tard, le Noir languit encore dans les coins de la société américaine et se trouve exilé dans son propr...
Image

Les péchés d'Haïti

Eduardo Hughes Galeano Article écrit par Eduardo Galeano en 1996, journaliste et écrivain uruguayen, est l'une des personnalités les plus en vue de la littérature latino-américaine. Ses livres ont été traduits en plusieurs langues. Ses œuvres les plus connues sont Memoria del fuego (1986) et Las venas abiertas de América Latina (1971). La démocratie haïtienne est née il y a peu de temps. Au cours de sa brève vie, cette créature affamée et malade n'a reçu que des gifles. Elle est née récemment au cours des fêtes de fin d'années de 1991, quand elle a été assassinée par le coup-d'état du général Raoul Cédras. Trois ans plus tard, il a été ressuscité. Après avoir fait entrer et sortir tant de dictateurs militaires, les États-Unis ont fait déposé et remis au pouvoir le président Jean-Bertrand Aristide, qui avait été le premier dirigeant  élu par le vote populaire dans l'histoire d'Haïti et qui avait eu la folie de vouloir un pays moins injuste. Le vote et le vet...
Image

Copyright © Haitianaute. Designed by HAITIANAUTE