Proclamation de Jean-Pierre Boyer après la ratification de l'ordonnance du Roi Charles X par le Sénat de la République
Haïtiens !
Une longue oppression avait pesé sur Haïti : votre courage et des efforts héroïques l’ont arrachée, il y a vingt-deux ans, à la dégradation, pour l’élever au niveau des États indépendans. Mais il manquait à votre gloire un autre triomphe. Le pavillon français, en venant saluer cette terre de liberté, consacre en ce jour la légitimité de votre émancipation. Il était réservé au monarque, aussi grand que religieux, qui gouverne la France, de signaler son avénement à la couronne par un acte de justice qui illustre à la fois et le trône dont il émane et la nation qui en est l’objet.
Haïtiens ! une ordonnance spéciale de S. M. Charles X, en date du 17 avril dernier, reconnaît l’indépendance pleine et entière de votre gouvernement. Cet acte authentique, en ajoutant la formalité du droit à l’existence politique que vous aviez déjà acquise, légalisera, aux yeux du monde, le rang où vous vous êtes placés et auquel la Providence vous appelait.
Citoyens ! le commerce et l’agriculture vont prendre une plus grande extension. Les arts et les sciences, qui se plaisent dans la paix, s’empresseront d’embellir vos nouvelles destinées de tous les bienfaits de la civilisation. Continuez, par votre attachement aux institutions nationales et surtout par votre union, à être le désespoir de ceux qui tenteraient de vous troubler dans la juste et paisible possession de vos droits.
Soldats ! vous avez bien mérité de la patrie. Dans toutes les circonstances, vous avez été prêts à combattre pour sa défense. Vous serez toujours fidèles à vos devoirs. La confiance dont vous avez donné tant de preuves au chef de l’État, est la plus douce récompense de sa constante sollicitude pour la prospérité et la gloire de la République.
Haïtiens ! montrez-vous toujours dignes de la place honorable que vous occupez parmi les nations ; et, plus heureux que vos pères, qui ne vous avaient transmis qu’un sort affreux, vous léguerez à votre postérité le plus bel héritage qu’elle puisse désirer : la concorde intérieure, la paix au dehors, une patrie florissante et respectée.

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